La rédaction de l’IA – L’intelligent d’Abidjan – a reçu le mail ci-dessous dénonçant les pratiques au guichet unique automobile dans le cadre du dédouanement des véhicules d’occasion :
” Le calvaire des importateurs de véhicules d’occasion se résume en ceci :La performance d’une entreprise, c’est de soigner son image à travers la qualité de service rendu aux clients et dans un bref délai. Cette règle a foutu le camp. Jusqu’en 2013, toutes les formalités pour traiter un dossier se faisaient tout au plus en 21 jours. Aujourd’hui en 2016, il faut près de 120 jours soit 4 mois. J’en veux pour preuve les véhicules d’occasion arrivés sur les navires « grande Cotonou » le 27 février 2016 et « grande Tema » le 05 mars 2016, qui ne sont jusque-là pas encore immatriculés. Le problème, c’est que tout le personnel exerçant au guichet unique automobile, sans exclusive, est devenu plus transitaire que les transitaires eux-mêmes. Des vigiles aux directeurs, en passant par les chauffeurs. De sorte qu’au lieu de faire le travail pour lequel ils sont payés, ils font leurs propres affaires. Et les dossiers des transitaires sont négligés. D’où tout ce retard. Au bout du compte, Côte d’Ivoire logistique vous colle des frais de magasinage illégaux et imaginaires que vous devez payer avec la complicité du directeur, et dont le montant prend une destination suspecte. C’est pourquoi j’interpelle les autorités compétentes, afin qu’elles mettent fin à cette pratique mafieuse, pour le bonheur des milliers d’Ivoiriens qui sont chaque jour spoliés ” .
À la suite des griefs exprimés la parole a été donnée au mis en cause , à savoir Côte d’Ivoire logistique, en la personne de Monsieur Tchagba Laurent , le directeur général qui donne sa version des faits :
Ce sont des margouillats que nous laissons faire mais
” Vous savez, cette affaire est un comme un serpent qui se mord la queue. La Constitution me dit que les courtiers n’ont pas le droit d’entrer dans les services. Un transitaire travaille à partir de son bureau à lui. S’il a des courriers à envoyer à Côte d’Ivoire logistique, il le fait par mail, à partir de son bureau. Il n’a pas besoin d’apporter un dossier physique. C’est ce qui est dit. Mais, les margouillats viennent dans nos services et quand nous les empêchons d’entrer, ils font la grève. Je ne sais vraiment pas ce que cela signifie. Je ne suis pas leur employeur pour qu’ils fassent la grève devant mes locaux. Ces jeunes ne travaillent pas. Ils ne vivent que de ce qu’ils gagnent dans ces petites affaires-là. Pour cela, nous les laissons faire leurs affaires. Ils aident les usagers à faire leurs papiers. Et, en retour, ils reçoivent des usagers la somme de 1000, 2000 FCFA ou un peu plus, en guise de reconnaissance selon l’importance du service rendu. Et c’est leur gagne-pain. C’est pourquoi, nous les laissons faire. Malgré cela, voyez vous-même ce qu’ils racontent. Que diront-ils lorsque nous appliquerons les règles normales en fermant le robinet ? En ce moment-là, ils diront que je suis méchant. Je pense que c’est ingrat. Lorsqu’ils font des sales coups avec mon personnel et que ces coups marchent, personne ne dit mot. Mais, quand cela échoue, ils se mettent à se répandre dans les journaux. C’est ainsi que j’ai pris des dispositions pour sanctionner mes agents. Plusieurs d’entre eux ont été renvoyés. Parce que, j’estime qu’ils n’ont pas à faire autre chose que leur travail. Ils n’ont pas à se laisser corrompre par ces démarcheurs. Mais, au fond, s’il y a corruption, c’est qu’il y a corrupteur. Et les corrupteurs ici, ce sont bien les transitaires. Ce sont eux qui viennent voir mes travailleurs dans leurs bureaux pour leur demander de leur rendre tel ou un tel autre service, moyennant ce qu’ils leur proposent. Et tout ça, c’est parce que nous les laissons accéder à nos bureaux qu’ils peuvent se permettre d’écrire n’importe quoi. (….)
Des agents qui deviennent transitaires
L’auteur de tract a dit qu’il y a des membres du personnel de Côte d’Ivoire logistique qui font le travail des transitaires. Effectivement, bon nombre de mes éléments, à côté de leur travail quotidien, se font aussi passer pour des transitaires. Ils proposent à des particuliers, les mêmes services que les transitaires. J’ai donc mis sur pied une petite cellule d’enquête, afin d’épingler ces agents véreux. Ceux qui ont été pris ont été renvoyés. Pour moi, ils préfèrent être démarcheurs, plutôt que de travailler à Côte d’Ivoire logistique. Je ne peux pas accepter que quelqu’un soit dans mes bureaux et qu’il veuille faire comme ces démarcheurs. C’est ce qui explique ma réaction. Justement, cela est dû au fait que, depuis un certain temps, j’ai serré les vis. Cela a mis fin à la pagaille qui était en train de s’installer. Aux responsables de la tutelle, j’ai dit que la meilleure solution, c’est que je ne reçoive plus ces courtiers au Guichet Unique. Mais, ils m’ont laissé entendre que si je refusais de les recevoir, leurs activités prendraient un coup. Et je comprends que plus je suis indulgent vis-à-vis d’eux, plus ils me mènent la vie dure. C’est à croire qu’ils n’ont pas pitié d’eux-mêmes. Et pour cela, je suis tout le temps en train de m’expliquer dans les journaux. Nous, Côte d’Ivoire logistique, avons la responsabilité de sécuriser les recettes de l’Etat. Lorsque quelqu’un fait donc venir sa voiture de l’étranger, nous la mettons en sécurité au parc douane. Mais, à client dernier, nous donnons 10 jours pour dédouaner son véhicule. Dès que c’est fait, le propriétaire reçoit sa voiture le 13e jour. Mais, si ces 10 jours sont passés et que, le véhicule n’est toujours pas dédouané, un montant sera fixé et le propriétaire le paiera, en le multipliant par le nombre de jours supplémentaires. Et très souvent, c’est à ce niveau-là que nous nous avons le plus de clash avec les usagers. Ils font de la résistance pour payer les frais des jours supplémentaires.
Dorénavant l’usager va pré -liquider
(…) Nous sommes en pleine réorganisation de la question avec la douane. Car, nous avons décidé de la mettre en première position. Dorénavant, l’usager va pré-liquider. C’est-à-dire, qu’on lui donnera la valeur de sa voiture et il paiera à la douane. C’est seulement après, que Côte d’Ivoire logistique prendra la voiture pour le démarrage de la procédure d’immatriculation. Ainsi, l’Etat aura déjà pris son argent. Et lorsque la Société Ivoirienne de Contrôle Technique Automobile et industriel (SICTA) va faire les photos, elle va donner une valeur qui sera comparée à la valeur pré-liquidée. Si vous avez pré-liquidé en-dessous, on vous demandera de compléter votre argent. Si vous pré- liquidez au-dessus, on vous rembourse le surplus. C’est au niveau de la douane que nous allons procéder à un changement. Dans le système actuel, la douane est à la 5e position. Je parle du processus de dédouanement. Pourtant, nous avons besoin d’argent. Avec le guichet unique, il s’agit de placer la douane à la première position. De sorte à ce que, dès le début du processus, l’Etat puisse avoir son argent. C’est ça le système de pré-liquidation.
Pourquoi la douane avant la Sicta
(…) La douane à la capacité de faire une évaluation. Il s’agit d’une stratégie pour payer la douane. Toutes les fois qu’on leur a laissés le temps, les usagers viennent prendre les documents de dédouanement. Et c’est après qu’ils partent chercher l’argent. Mais, si on leur donne tout le temps, ils peuvent aller se balader à Ouangolo, prendre du bon temps et venir payer quand ils veulent. Et si tout le monde doit agir ainsi, le parc de la douane sera bondé en un temps record. Pourtant, le système fait en sorte que les véhicules qui arrivent, sortent le plus tôt possible pour faire la place à d’autres véhicules qui viennent. Tant que le véhicule n’est pas dédouané et qu’il est au port, Côte d’Ivoire Logistique est tenu de le surveiller. A cette allure, le parc risque de s’engorger. Si le véhicule n’est pas dédouané, trois mois après, on le vend aux enchères. La loi nous dit de mettre la voiture aux enchères 90 jours après.(…).
350 véhicules reçus par jour au lieu de 100 prévus
Je voudrais leur dire que le guichet unique automobile est un instrument important qui a été mis en place pour aider et servir les usagers, de sorte à ce qu’ils aient une prestation de service de qualité. Mais, lorsqu’on le mettait en place, c’était pour 100 véhicules. Mais, aujourd’hui, je teste 55 000 véhicules par an, soit près de 350 véhicules par jour. Cette situation fait donc que nous avons un certain nombre de pressions. Nous sommes donc en train de prendre un certain nombre de mesures pour offrir un service de qualité aux usagers, afin de réduire le délai de traitement des dossiers. Par le passé, entre la SICTA et nous, on perdait 72 heures. Aujourd’hui, nous nous sommes mis ensemble pour annuler ce temps perdu. Entre le COGREF et nous, nous perdons 72 heures. Pour sécuriser les recettes de l’Etat, un nouveau circuit sera bientôt validé. C’est celui qui mettra la douane en première position, avec la formule de pré-liquidation. Cela va permettre à l’usager d’avoir un document douanier avec lequel, il va faire le reste du cheminement. Et le bilan de la SICTA va permettre de faire le redressement qui peut être à l’avantage du l’usager ou de la douane. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup d’usagers qui, eux- mêmes, mettent en place des structures frauduleuses pour aller plus vite. Et, ils s’attachent les services de certains de nos agents. Je sais que ce genre de pratiques existe. C’est pourquoi, lorsque nous prenons ces brebis galeuses, nous les foutons à la porte. Et pour ça, vous pouvez vous renseigner auprès de nos agents. Ce genre de pratiques discréditent une entreprise. (…) Il ne faut pas que les gens oublient qu’il y a plusieurs entreprises qui travaillent sur la plate-forme du guichet unique automobile. Et que chacun a un rôle dans le traitement du dossier. Côte d’Ivoire Logistique n’est que le coordonnateur de tout cela. Les gens nous reprochent nos frais de magasinage. Mais, y a-t-il une entreprise ici, au port qui ne réclame pas de frais de magasinage ? Ce frais existe pour emmener les usagers à dédouaner rapidement leurs produits. C’est tout ! Alors , que les gens arrêtent de nous critiquer à tort et à travers”.
DV pour L’IA , avec Alice Ouédraogo