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    Chine-Côte d’Ivoire : sur les traces d’un partenariat gagnant-gagnant

    Chine-Côte d’Ivoire : sur les traces d’un partenariat gagnant-gagnant
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Alors que l’économie ivoirienne continue de croître, la Chine multiplie ses investissements dans le pays. La diversification de l’économie et le respect de la législation locale sont indispensables pour que les échanges profitent aux deux parties.

    Le dynamisme du développement ivoirien se confirme. D’après un rapport de la Banque mondiale publié en juillet, le PIB de la première puissance de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) devrait progresser de 7 % en 2017 pour converger autour de 6,5 % en 2018-2019.
    Après un taux de croissance moyen de 9 % entre 2012 et 2015 puis 8 % en 2016, le « miracle ivoirien » devrait se poursuivre grâce au dynamisme du secteur des services, notamment l’énergie, la communication, le transport, les banques et le commerce.
    La Banque mondiale souligne également l’influence économique « considérable » que le pays exerce dans la sous-région et mise sur l’augmentation des investissements et la correction du déficit afin que le l’État consolide les bons résultats économiques et voit s’améliorer les conditions de vie de sa population.

    Justement, en matière d’investissement, il est un pays qui n’a pas attendu les conseils de la Banque mondiale pour agir. Les échanges entre la Chine et la Côte d’Ivoire ont en effet été multipliés par six entre 2014 et 2016, passant de 1,44 à 8,85 milliards de dollars, selon Souleymane Diarrassouba, ministre ivoirien du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME.
    Les échanges entre les deux pays ont quant à eux progressé de 800 % sur la même période, une hausse « exceptionnelle » qui place la Chine « au rang de premier fournisseur et de troisième partenaire commercial de la Côte d’Ivoire », s’est félicité M. Diarrassouba.

     Plus 2 000 milliards de Fcfa

    La Côte d’Ivoire devient ainsi une destination prioritaire pour les investissements de la Chine, qui entend consolider son ancrage sur le continent africain. En mai dernier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Hi a annoncé que son pays comptait investir plus de 2 000 milliards de Fcfa en Côte d’Ivoire dans dix projets, dont la rénovation du port d’Abidjan et la construction d’une cité universitaire.
    Entreprise en 2015, l’extension du port autonome d’Abidjan est pilotée par la société China Communications Construction Company et financée par la banque chinoise d’export-import Eximbank à hauteur de 400 milliards de Fcfa (environ 800 millions de dollars). Pour Daniel Kablan Duncan, ancien premier ministre et aujourd’hui vice-président ivoirien, ce projet permettra à la Côte d’Ivoire de « renouer avec son développement d’antan ».

     Ce n’est pourtant pas le seul gros chantier financé ou piloté par les sociétés chinoises en Côte d’Ivoire. Un stade 60 000 places devrait voit le jour à Anyama-Ebimpé en vue de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2021. Pour sa réalisation, le projet a bénéficié d’un don de 67 milliards de Fcfa de la part de l’État chinois. Les travaux ont commencé en janvier dernier et le stade devrait être livré en 2019.
    Le barrage hydroélectrique de Soubré, financé par la Chine à hauteur de 85 %, a quant à lui été mis en service fin juin. D’un coût de 331 milliards de Fcfa (504 millions d’euros), la construction de ce barrage de quatre kilomètres de long permettra de résorber le déficit énergétique du pays.
    Et la liste continue. L’édification de quatre lycées ultramodernes, la rénovation du réseau routier ivoirien, le bitumage de la voie Odienné-Gbélébana ou encore la construction de l’autoroute reliant Abidjan à Grand-Bassam sont de autant projets qui illustrent l’intérêt croissant de la Chine pour le pays africain.

    L’État ivoirien veille : l’enrichissement doit être réciproque

    L’importance des échanges est telle que le géant asiatique vient d’ouvrir sa première chambre de commerce des entreprises chinoises en Côte d’Ivoire (CCEC). Selon l’ambassadeur chinois, Tang Weibin, cette nouvelle institution « constitue un pont pour les échanges culturels économiques entre la Côte d’Ivoire et la Chine et une plateforme d’échange d’informations, d’assistance mutuelle et de coopération ».
    La CCEC, qui compte environ 40 entreprises, aura aussi pour mission de veiller à ce que la relation entre la Chine et la Côte d’Ivoire profite aux deux pays. En effet, comme le souligne Alban Ahouré, professeur d’économie à l’université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan, la chambre de commerce permettra de traduire les réglementations et aider les entrepreneurs chinois à comprendre la législation ivoirienne afin de garantir le respect de la loi et la protection des Ivoiriens.
    L’expert estime également que la chambre de commerce peut favoriser l’industrialisation ivoirienne en encourageant la diversification des activités chinoises en Côte d’Ivoire. « Ces entreprises chinoises, en plus d’être dans les infrastructures, il serait intéressant de les avoir dans le secteur industriel pour favoriser une transformation structurelle qui permette la diversification de l’économie ivoirienne afin de réduire les effets de choc tel que la baisse du cours du cacao », confie-t-il à RFI.
    Intermédiaire entre les acteurs de l’économie chinoise et l’État ivoirien, la CCEC devrait rassurer les sceptiques en garantissant que les relations sino-ivoiriennes seront, comme chacun le souhaite, un partenariat gagnant-gagnant.

        Bruno Cospain

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