« Pourquoi nos jeunes acceptent-t-ils de participer à ce jeu de la mort, où la multiplication des drames quotidiens donne à la tragédie les allures de la banalité » avait interrogé, Aly Coulibaly, le ministre ivoirien de l’intégration africaine et des ivoiriens de l’extérieur, à l’ouverture du deuxième forum de la diaspora ivoirienne tenu à Abidjan le 22 et 23 mai 2017 et qui avait pour thèmes :« Diaspora ivoirienne, 32e région de Côte d’ivoire (…) Quelles réponses africaines au phénomène de l’immigration irrégulière ».
Répondant à l’interrogation du ministre, des panelistes ont évoqué la misère familiale, les conflits dans les pays de départ, le rêve européen et enfin les effets des réseaux sociaux.
Le procès des réseaux sociaux
« Quand on est au pays, des amis qui vivent en Europe, nous envoient leurs photos prises dans des grosses voitures ou maisons sur facebook. Ceci nous donne l’envie de partir car on se dit si l’autre a réussi à partir et à vivre dans un tel confort, pourquoi pas nous » a témoigné, un jeune ivoirien qui réside en Italie dans le film « Migrant, retour d’enfer » du journaliste Patrick Fandio projeté au cours du forum.
« Je ne savais pas qu’un blanc pouvait dormir dans la rue ou mendier » s’est-t-il aussi étonné. S’il est vrai qu’on trouve des vendeurs d’illusions sur les réseaux sociaux, le phénomène de l’immigration irrégulière ne saurait être lié à l’apparition des réseaux sociaux.
Si ces jeunes avaient vraiment la maitrise de l’outil internet, ils n’auraient pas évoqué leur naïveté, et aurait pu aussi voir misère à côté du mirage ! Car souvent, certains partent avec peu d’information sur leur parcours et pays d’accueil.
Bien avant l’apparition des réseaux sociaux, la frange des migrants essentiellement composée d’artistes musiciens expédiaient des faux clichés de leur vie au pays. Ceci a beaucoup alimenté le rêve européen.
En outre, il faut noter que le phénomène de l’immigration irrégulière est apparu pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, ces dernières années avec les crises politico militaires qui ont profondément dégradé le quotidien des ivoiriens.
Il ne faut pas être surpris que ces jeunes qui partent et qui reviennent après avoir échoué en Lybie, un pays où les conflits armés sont encore présents et où l’enrôlement des jeunes au djihad est une réalité, que ces jeunes reviennent en Côte d’Ivoire radicalisés comme on le voit dans les pays européens.
Il faut couper le mal à la racine en créant des vraies conditions de vie meilleure pour la jeunesse. Les réseaux sociaux ont leurs dérives , qu’il ne faut cesser de dénoncer , sans faiblir mais ils ne sont pas la cause essentielle de ce phénomène nouveau, qui implique bien souvent même des gens sans diplômes, et pas souvent à même de se connecter.
Philippe Kouhon, envoyé spécial à Abidjan