La deuxième édition du forum dédié chaque deux ans à la diaspora ivoirienne tenu à Abidjan le 22 et 23 mai 2017 a été clôturée mardi par le ministre ivoirien de l’intégration africaine et des ivoiriens de l’extérieur, Aly Coulibaly.
Lors de la première journée, le ministre, dans son allocution de bienvenue, s’était interrogé sur les raisons des départs massifs et risqués de la jeunesse ivoirienne vers l’Europe via des embarcations de fortune au périple de leurs vies : « Pourquoi nos jeunes acceptent-t-ils de participer à ce jeu de la mort, où la multiplication des drames quotidiens donne à la tragédie les allures de la banalité ».
Répondant à cette question, les panélistes ont évoqué la misère familiale, les conflits dans les pays de départ, le rêve européen et enfin les effets des réseaux sociaux. Pour étayer ces thèses, le ministère de l’intégration africaine et des ivoiriens de l’étranger a projeté un film documentaire de 52mn réalisé par le journaliste Patrick Fandio.
Il retrace le parcours des migrants venus de la Côte d’Ivoire vers la Libye en passant par le Niger. Le film édifie sur les drames auxquels s’exposent des jeunes qui ont entre 15 et 20 ans. Il met en lumière les réseaux des trafiquants.
Face au tableau d’une migration heureuse, organisée et légale dont les fruits devraient profiter à tous , contre une migration douloureuse, de sang et illégale, les participants ont noté des solutions palliatives et structurelles et ont fait des recommandations.
Pour eux, c’est bien la responsabilité des pays de départ qui est engagée. Et pour lutter contre ces drames de l’immigration irrégulière, le gouvernement ivoirien, au nombre des solutions palliatives doit initier des campagnes de communication et de sensibilisation, sécuriser les documents de voyages, renforcer la surveillance des frontières, démanteler les réseaux des trafiquants et passeurs, encadrer les migrants bloqués dans les pays de transit. Il doit aussi organiser leur retour et enfin donner les moyens aux ambassades afin que celles-ci aident au rapatriement des citoyens en situation difficile.
Concernant les solutions structurelles, les participants proposent que les conflits dans les États africains prennent fin. Ils proposent également une bonne gouvernance pour garantir l’égalité des chances à l’emploi. Comme aucun pays ne peut tout seul réussir cette lutte contre la migration irrégulière, le forum a suggéré une mise en cohérence des politiques migratoires dans les pays de l’espace CEDEAO, mais aussi le renforcement de la coopération nord-sud.
Enfin, le forum a insisté sur une politique qui encourage la diaspora ivoirienne à revenir investir en Côte d’Ivoire.
Au nombre des recommandations, le forum note qu’il est plus que jamais urgent de poursuivre les efforts initiés par le gouvernement ivoirien sur la coopération avec les pays de transit et d’accueil afin de maitriser le phénomène pour mieux le combattre, pour ce qui concerne la migration irrégulière.
Pour la migration légale, le forum préconise la mise en place d’un mécanisme d’identification des ivoiriens établis hors de nos frontières. Il note aussi qu’il est nécessaire que la diaspora ivoirienne s’organise pour aboutir à la création d’un haut conseil des ivoiriens de l’extérieur dans chaque grande zone géographique. Le forum a enfin recommandé pour la prise en charge de nos compatriotes de la diaspora, la création d’un régime spécial de retraite avec la mise en relation de la CNPS et les caisses de retraites des pays d’accueil. La question de l’adoption de la double nationalité, évoquée lors de la première édition a, à nouveau été inscrite dans les recommandations. La loi contre la traite des Êtres humains également.
Philippe Kouhon, envoyé spécial à Abidjan.