La télévision ivoirienne a diffusé le Samedi 20 Novembre 2010, un reportage sur une rencontre organisée entre des membres de la direction de campagne du candidat Alassane Ouattara et l’État major de l’Armée au grand complet. La rencontre a eu lieu à la demande de l’équipe de campagne de Ouattara. Celle-ci était composée des Ministres Ahoussou Jeannot, Hamed Bakayoko et de Noël Guetta expert et Directeur de campagne associé. Le porte-parole, Ahoussou Jeannot a donné les nouvelles.
Ensuite le général de corps d’Armée Philippe Mangou a exprimé la vision des Fds sur le processus en cours. Le chef d’État major a appelé les différents camps en compétition à la paix. Il les a surtout invités à éviter le recours à la violence. Philippe Mangou a précisé que l’armée serait heureuse qu’au soir du 28 Novembre 2010, Alassane Ouattara appelle Laurent Gbagbo si c’est lui qui gagne, pour le féliciter et lui exprimer des vœux de travailler avec lui dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire.
Le chef d’Etat Major a également indiqué que si c’est Alassane Ouattara qui gagne, les forces armées nationales de Côte d’Ivoire seraient heureuses de savoir que Laurent Gbagbo l’appelle pour le féliciter et lui proposer de l’aider à réussir sa mission. Un autre reportage sur le général Mangou, pas très muet en cette période électorale, a été également diffusé le lendemain dimanche au journal de 13 Heures et devait être à nouveau programmé de 20 Heures dans le journal du soir. Dans cette explication de texte réalisée lors du meeting du candidat Laurent Gbagbo à Agboville, le général de corps d’Armée Philippe Mangou a dit qu’il n’est pas en campagne pour un candidat, et que l’Armée ne fait campagne pour aucun candidat.
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Au sujet de sa présence à Agboville, Philippe Mangou a précisé que jusqu’à nouvel ordre Laurent Gbagbo reste le Président de la République. Le suivre donc dans ses déplacements pour superviser la sécurité mise à sa disposition, même si Laurent Gbagbo est en campagne, c’est jouer à fond le rôle de défense des institutions de la République et de ceux qui les incarnent. Au demeurant, selon le chef d’État major, des éléments des Fds assurent également la sécurité des autres leaders politiques et du candidat Alassane Ouattara. Ils sont avec eux, mais cela ne signifie pas qu’ils sont en campagne pour eux. Concernant le Dg de la douane,Alphonse Mangly qui fait la politique et mène campagne pour le candidat Laurent Gbagbo, le chef d’État major a précisé que la douane a un statut particulier,même si c’est un corps militarisé.
Par exemple il a noté que les agents de douane ont le droit de faire grève, alors que les militaires n’ont pas un tel droit. En plus du cas de Mangly Alphonse, Philippe Mangou a cité celui de Gnamien Konan. Celui-ci a quitté son poste de Directeur Général de la Douane, mais il est resté douanier et n’a pas démissionné du corps des agents de la douane, tout en faisant la politique pour être candidat à la présidentielle.. Enfin le patron de l’Armée ivoirienne a appelé la population à la sérénité, et invité les éléments des Fds déployés sur le terrain pour la sécurisation du scrutin, à travailler avec conscience, rigueur et vigilance, pour protéger, sécuriser le vote et aussi protéger les populations.
Ce qui s’est passé en 2000 avec l’Armée
L’armée a-t-elle, pris position pour Laurent Gbagbo en 2000? Oui et non. L’Armée était aux mains de Robert Guéi. Elle lui obéissait et se reconnaissait en lui. Certains chefs ont même conseillé à Robert Guei de ne pas accepter la défaite, car ce serait la honte pour l’Armée. Le problème est venu des extrémistes du camp Guei et de Robert Guéi lui-même. Il a commis la faute de suspendre la proclamation des résultats et de jeter une suspicion sur la crédibilité de la Commission Nationale Électorale de cette époque,en usant de la force.Alors qu’il était au pouvoir, disposait du contrôle de l’appareil d’État ,et semblait avoir à sa solde l’ensemble des institutions dont Tia Koné,qui avait pris plaisir à éliminer toutes les candidatures pouvant gêner le candidat du peuple, Robert Guéi n’ayant pas su jouer le temps et la guerre des nerfs, a dégainé le premier, faisant proclamer sa victoire par un fonctionnaire et donnant l’occasion à Laurent Gbagbo de s’autoproclamer à son tour, et d’inviter le peuple à se soulever pour ne pas se faire voler sa victoire.
Robert Guéi aurait pu et même aurait dû laisser le processus aller à son terme, pour ensuite exercer les voies de recours. Restées loin de tout cela, la gendarmerie et une partie de l’armée ont choisi le camp du peuple qui tombait sous les balles des hommes de Guéi, d’autant plus que les forces armées ont pu avoir le sentiment et l’intime conviction, par le fait même de l’attitude de Robert Guéi, que le candidat du peuple n’avait pas remporté le scrutin dès le premeir tour. C’est ce que Laurent Gbagbo avait lui-même appelé élection calamiteuse. Lorsque Robert Guéi est tombé, à l’appel de Laurent Gbagbo et avec l’appui d’une partie significative de l’Armée qui estimait que ce que le Général avait fait n’était pas juste, le RDR a estimé que ce ne sont pas les seuls militants du FPI qui sont sortis, mais tous les Ivoiriens, y compris les partisans de M Ouattara. Pour cette raison, les militants du RDR n’ont pas voulu reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo et ont exigé avec leur leader la reprise des élections dont leur candidat avait été exclu.
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Au départ favorable à une telle option, le PDCI local par la voix de Fologo et d’autres dirigeants s’est rétracté. Puis depuis Paris, le Président Bédié a pris acte de l’élection de Laurent Gbagbo.Thabo Mbeki, l’Union Africaine et Eyadema qui avaient au départ appelé à la reprise des élections,ont tous ensuite reconnu la victoire de Laurent Gbagbo. En ce moment l’armée dans la majorité de ses composantes avait fait le choix, de se mettre à la disposition de Laurent Gbagbo.
Durant toute la période de la crise, cette armée est restée loyale, républicaine et fidèle à Laurent Gbagbo, en sa qualité de Président de la République et de garant des institutions. En 2000, Laurent Gbagbo avait dit que les vraies élections auraient lieu en 2005. Elles ont été différées de 5 ans. Dimanche 28 Novembre, après une rébellion et une série de conflits politico-militaire, le face-à-face avec Alassane Ouattara aura lieu. Espérons que les deux parties auront bien tiré les enseignements de ce qui s’est passé en 2000, pour comprendre qu’il faut respecter les règles du jeu, acceptées dès le départ par tous. Trop de temps, trop de précautions, trop de recherches de consensus, trop et tant d’argent ont été mis dans le scrutin de dimanche, qu’il serait dommage que les choses se terminent, de façon calamiteuse.
Mangou renvoie Gbagbo et Ouattara dos-à-dos
Au RHDP les propos de Philippe Mangou ont réconforté les militants qui avaient redouté les allégations selon lesquelles, les Fds se soulèveraient en cas de victoire d’Alassane Ouattara. A la LMP, on n’est pas mécontent de savoir la satisfaction des adversaires de Laurent Gbagbo qui ont toujours prétendu que l’Armée n’est pas républicaine, mais qu’elle plutôt est à la solde de Laurent Gbagbo. Loyauté. Au service de la République. Défense du territoire. Protection des institutions et des personnes qui les incarnent.
En clair l’Armée ivoirienne ne participera à aucun hold-up électoral. Elle veillera à faire respecter scrupuleusement les résultats sortis des urnes, qui seront proclamés par la CEI et consolidés par le conseil constitutionnel,sous la supervision de tous les observateurs et certificateurs. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara doivent donc mettent toutes les chances de leur côté pour convaincre les électeurs. Si Laurent Gbagbo est proclamé vainqueur par la CEI, l’Armée ne suivra pas les contestataires qui voudront user de violence.Si Alassane Ouattara est proclamé vainqueur par la CEI, l’Armée ivoirienne ne suivra pas les contestataires qui voudraient sortir des voies légales de recours pour choisir la violence.
Si par extraordinaire, les uns et les autres tentent de perturber le travail de la CEI et de saboter ou retarder la proclamation des résultats, l’Armée avisera également. Cela doit être clair pour tous les lecteurs parmi lesquels figurent certes les militaires, mais ceux-ci n’en demeurent pas moins des citoyens soumis à l’obligation du respect du verdict des urnes. Au nom du serment prêté.. En tout état de cause, dans le jeu de la violence, personne n’est gagnant. Il faut donc maîtriser ses nerfs et éviter le langage de la rue et de la déstabilisation, quand les urnes auront parlé dans la transparence. Et dans la vigilance de chacun des acteurs et candidats en présence
Charles Kouassi