La tension était électrique le lundi 18 septembre 2017 entre des éléments des forces de sécurité et des étudiants membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), à la cité universitaire de Mermoz, dans la commune de Cocody à Abidjan. La police et la gendarmerie y ont fait une descente pour empêcher (à coup de gaz lacrymogènes, grenades assourdissants) les étudiants de mettre à exécution leur marche, à savoir se rendre dans les locaux du ministère de l’éducation nationale, dans le cadre de leur manifestation contre les frais supplémentaires à l’inscription dans les lycées et collèges.
C’est après un long d’affrontement que les forces de sécurité ont maîtrisé la cité Universitaire de Mermoz. Tout a démarré à 9 heure, lorsque réunis dans la cour de la cité, les étudiants de la Fesci ont (comme il est de coutume avant toutes leurs manifestations) chantaient pour galvaniser “les troupes“. À peine les premiers d’entre eux ont mis le nez dehors, qu’ils sont accueillis par les premiers tirs de gaz lacrymogène. Il s’ensuit un affrontement qui dure environ 3 heures. Retranchés sur le toit des immeubles de la cité, les étudiants lancent des pierres en direction des forces de l’ordre qui répondent par des tirs de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes , pour tenter de s’introduire dans la cité. C’est autour de 11h qu’ils parviennent à s’ouvrir l’accès à la cité, par le bâtiment C ( celui des filles. Ndlr). Une fois à l’intérieure, les policiers, appuyés pour l’occasion par la gendarmerie, fouillent les 5 bâtiments pièces après pièces. Plusieurs étudiants ont été interpellés dans cette opération. Parmi eux, une bonne bonne dizaine de filles. Certains, pour éviter de se faire prendre, ont préféré enjamber les clôtures de la cité pour se mettre à l’abri. Dans leur ratissage, les forces de l’ordre ont détruit les portes de la plupart des chambres de la cité universitaire de Mermoz. Plusieurs vitres (qui servent de fenêtres dans cette cité rénovée) ont été brisées.
Des filles ont déploré la violence et ont confié avoir perdu des biens personnels. « Ils sont entrés dans notre bâtiment et ont défoncé toutes les portes. Avec la forte odeur de gaz lacrymogène, nous avons été obligées de sortir. Plusieurs filles dont ma voisine de chambre ont été bâtonnées par les policiers. J’ai été épargnée parce que je n’étais pas habillée. Je n’étais couverte que d’un drap quand ils sont entrés. Donc, ils m’ont juste intimé l’ordre de quitter les lieux. Ma voisine n‘a plus retrouvé son téléphone et son portefeuille. Les policiers sont partis avec certaines de nos camarades à bord d’un cargo», a confié sous le choc, Kouassi Marina, étudiante en licence 3 d’Anglais. Au moment où nous mettions sous presse à 13h, le calme était revenu sur la cité de Mermoz. La Police continuait à passer la zone au peigne fin.
La commune de Cocody quadrillée par la police
La Police était omniprésente dans la commune de Cocody. Il y’avait au mois, un cargo à chaque carrefour de la commune. Du carrefour de la vie au carrefour de la Rti, en passant par le carrefour Saint Jean (où se trouve la cité rouge), la police était positionnée. Elle ne se privait pas de procéder à quelques fouilles et interrogation sur toute personne ayant l’allure d’un étudiant. Aucun policier n’a voulu s’exprimer sur la raison de ce dispositif. Mais, il est possible que ce soit positions stratégiques pour empêcher un éventuel mouvement des étudiants manifestants vers le Plateau. Des cargos de police et de gendarmerie ont même été aperçus au niveau du carrefour de l’Indenié , dans la commune d’Adjamé. Il s’agit en effet, du point de ralliement entre les communes du Cocody et du Plateau. Les étudiants ayant pour objectif final, le cabinet du ministre de l’éducation nationale dans la commune du Plateau, un dispositif sécuritaire des grands jours avait été également déployé à la cité administrative où se trouve la Tour D , siège de ministère.
Jean-Hubert Koffo
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