Colonel Issa Sakho, Commandant du groupement de sapeurs pompiers militaires (GSPM) de Côte d’Ivoire, dans un entretien dresse le bilan des interventions de l’année 2016. Il donne également des explications sur les circonstances de l’incendie survenu à la Societé ivoirienne de raffinage (Sir) et rassure qu’il n’y a pas péril en la demeure.
Colonel, quel est le bilan de vos interventions pour les fêtes de Noël et la Saint-Sylvestre pour l’année 2016 ?
S’agissant du bilan de nos interventions pour les fêtes de fin d’année, il y a eu énormément d’accidents, beaucoup plus que d’habitude, soit une soixantaine. Pour les 24 et 25 décembre, on dénombre environ une soixantaine. Quant à la Saint-Sylvestre, on a noté 47 accidents pour le 1er janvier et 30 accidents de circulation pour le 31 décembre. Il faut dire que ce sont des périodes où il y a beaucoup d’affluence, les gens consomment beaucoup et font, par conséquent, moins attention. Forcément, il y aura des accidents. Concernant les cas de noyade, un seul cas a été porté à notre connaissance le 1er janvier. En 2015, nous avons eu 12915 interventions et en 2016, environ 14900 interventions, soit une hausse de 3000 interventions supplémentaires entre 2015 et 2016. Cela est dû au fait que nous avons acquis beaucoup plus de matériels et nous sommes à même de répondre plus efficacement aux demandes de secours qui se présentent à nous.
En 2016, nous avons traité 23 300 personnes. Il y a parmi elles 710 décédées et 19 800 personnes que nous avons évacuées et 2700 personnes qui ont été traitées mais pas évacuées. Au total, c’est 23 345 personnes qui ont été traitées par le GSPM. Ces interventions se présentent à tous les niveaux. Les feux, les agressions, les accidents de travail, les chutes. Au regard de ces chiffres, nos activités ont été en hausse au cours de l’année 2016, comparée à 2015.
On vous reproche de répondre tardivement aux sollicitations. Qu’est-ce qui explique cela ?
C’est une question récurrente. Mais venir tardivement signifie quoi ? Le pompier pour qu’il vienne, il faut que l’accident ait effectivement lieu, il faut que nous soyons appelés, et nous devons nous déplacer jusqu’au lieu du sinistre. Il y a plusieurs facteurs qui rentrent en ligne de compte. L’accident ne se passe pas devant la caserne du sapeur pompier. Donc, il y a forcement une notion du temps. Les victimes trouvent le temps très long. Il y a l’impatience quand on a besoin d’être secouru, ce qui est légitime. Mais, il faut comprendre que lorsque nous sommes alertés efficacement, avec les précisions des adresses, et le nombre de victimes précisés dans l’alerte, cela nous permet de faire partir les moyens adéquats. Dans ces conditions, il est évident que les choses iront vite. Or, nous recevons souvent des coups de fils sans détails. Dans ces conditions, nous ne savons pas où nous orienter. Et nous patientons dans l’espoir d’attendre un autre coup de fil pour que nous demandions plus de précisions. Car, à défaut de précisions, il nous est difficile de nous rendre dans une destination inconnue.
C’est à tort qu’on vous fait ce reproche ?
Je ne dirai pas que c’est à tort, mais peut-être par ignorance.
Des conseils aux usagers ?
Je formule pour cette nouvelle année, des vœux et conseils de sécurité et de prudence parce que les accidents arrivent, il est vrai de façon inopinée, fortuite, mais avec un peu d’attention, de formation, il y a beaucoup de choses qu’on peut éviter. Que les gens sachent que nous sommes à leur disposition.
Que s’est-il passé concernant l’incendie déclenché à la Sir ?
Nous sommes en partenariat avec la Sir. Elle a les moyens conséquents de lutte contre l’incendie. L’activité de raffinage est une activité où il y a des risques réels d’incendie. En conséquence, la Sir a développé un pouls incendie qui est assez performant et qui arrive à faire de très bonnes choses. Nous faisons des exercices conjoints. Concernant l’incendie, il porte sur un réacteur. C’est une unité qui produit du carburant à partir du brut. Il y a eu une fuite d’hydrogène de cette unité qui s’est enflammée. Elle a très vite été circonscrite. L’hydrogène a été stoppé, évacué sans grands dommages. S’agissant des dégâts, les techniciens de la Sir feront l’évaluation ces jours-ci pour savoir exactement les dégâts qui ont été constatés. Mais, le DG nous a rassuré qu’en une semaine, il va faire redémarrer cette unité de production. Il n’y a ni blessé, ni perte en vie humaine enregistré.
À vous entendre, il n’y a pas de dangers ?
C’est vrai que chaque fois que la Sir est touchée, cela alimente beaucoup de craintes. Mais il n’y pas de craintes. D’ailleurs, les autres unités de la SIR continuaient de fonctionner. C’est une seule qui est concernée.
Ernest F