Suite à la publication des informations, le Samedi 11 février 2017, concernant l’accord qu’auraient eu le gouvernement avec les mutins d’Adiaké, des journalistes des quotidiens (Le Temps, Soir Info, Notre Voie et l’Inter) avaient été convoqués et placés en garde à vue, le lendemain. Cette attitude du gouvernement n’est du goût du président de Liberté et démocratie pour la République (Lider), le Professeur Mamadou Koulibaly. Il a animé une conférence de presse, le lundi 13 février 2017, à Cocody, pour « réaffirmer» son soutien à la corporation , devenant ainsi le premier acteur politique à prendre position.
« Depuis le début de l’année, il y a une série de mutinerie qui se déroule dans notre pays. Et le gouvernement est incapable de répondre aux questions précises que se pose la population. Mais il accuse les autres de diffuser de fausses informations. Les mutineries battent le plein. Les médias publics ni le gouvernement n’informent la population. Ce sont les journaux privés qui nous informent et le gouvernement ne trouve pas cela drôle », a-t-il déploré.
Parlant de ce qui s’est passé à Bouaké il a dit : « Le porte-parole du gouvernement nous dit que ces primes sont légitimes parce qu’elles dérivent des accords politiques de Ouagadougou. D’autres membres du gouvernement , du parti au pouvoir soutiennent le contraire. Ils font savoir que ce sont des promesses faites par l’opposant Ouattara à ceux qui pouvaient l’aider à accéder au pouvoir ».
À en croire le professeur, nulle part dans les accords, il est dit que les militaires concernés devraient recevoir la somme de cinq millions de FCFA. Il a mis le gouvernement au défi de publier ces accords, même les annexes. L’ex-président de l’Assemblée nationale a considéré cela comme de la fausse information. Et dans ce cas, le président du Lider s’étonne que personne n’a été inquiété ni arrêté : « Ecomog n’est jamais venu en Côte d’Ivoire. Il n’y a donc pas de contrat. Ces soldats ont combattu en Côte d’Ivoire et ont été insérés dans l’armée régulière. De quelles primes s’agit-il alors. Personne n’est poursuivi et pourtant le gouvernement diffuse de fausses informations pour nous faire croire que ces dépenses sont justifiées. Lider condamne cela (…). Les mutins de Bouaké disent qu’ils veulent 12 millions, ceux d’Adiaké, passent même sur les chaines de télévision étrangères pour dire qu’ils réclament 17 millions. Le gouvernement n’est pas capable d’informer la population sur ce qui se passe. Et les journalistes qui essaient de faire leur travail sont emprisonnés. C’est condamnable ».
Le président du Lider a soutenu que si le gouvernement qualifie les informations des journalistes de fausses informations, c’est que les vraies informations existent : « Quand le gouvernement dit que les journalistes désinforment c’est qu’il a la vraie information. Mais qu’il nous la livre ».
Atteinte à la sureté de l’Etat
Pour Mamadou Koulibaly, accuser les journalistes d’atteinte à la sureté de l’Etat est drôle : « Ils peuvent prendre un clavier ou un stylo pour insulter, mentir. Mais de là aller porter atteinte à la sureté de l’Etat, il faut un effort héroïque pour arriver à une telle conclusion. Ce que nous constatons est qu’il y a des gens qui ont fait usage des armes pour tirer et blesser des populations, pris le port et la SIR en otage, bloqué des passages, ils n’ont pas été accusé d’atteinte à la sureté de l’Etat. (…) Si le gouvernement pense qu’il n’a pas donné d’argent aux mutins, qu’il appelle, les mutins, les journalistes. Et qu’il donne la parole aux mutins pour savoir d’où viennent leurs revendications. Je ne demande pas ce qu’ont fait les journalistes, je suis solidaire tout simplement. Lorsque le gouvernement ne donne pas de vraies informations, vous donnez les votre sans toutefois être obligé de divulguer vos sources. Si le gouvernement demande de présenter le contrat par lequel il a dealer avec les mutins, demandez-lui le document dans lequel il a le droit, lui, de prendre de l’argent au trésor pour donner aux militaires. Dans une République normale, le Président doit revenir à l’Assemblée pour demander une ordonnance pour ces dépenses non prévues ». Mamadou Koulibaly n’a pas manqué d’inviter tous les journalistes à mener le même combat. Pour lui ce qui arrive aujourd’hui aux confrères, peut aussi arriver à ceux qui sont libres actuellement. Quel que soit le bord où ils se trouvent.
Hilaire G.