Tôt dans la matinée du mardi 3 janvier 2017, la nouvelle du décès accidentel de Metahapena Lambert Coulibaly, Directeur des Affaires administratives et financières (Daaf) de l’Assemblée nationale et de sa fille aînée , s’est répandue comme une trainée de poudre , dans le pays. Ils regagnaient Abidjan, lorsque le véhicule à bord duquel ils se trouvaient a mortellement percuté un camion stationné sur l’autoroute du nord.
Lambert Coulibaly était, depuis la veille du jeudi 29 décembre 2016, à Kong où il avait participé au lancement de la 6ème édition du Tchologo festival en tant que Commissaire général de l’événement. Il s’était ensuite rendu à Ouangolo, département dans lequel les festivités du Tchologo festival 2016 ont effectivement démarré le vendredi 30 décembre 2016 avec notamment des prestations d’artistes. À cette étape, en compagnie de sa délégation, des autorités locales administratives, municipales et régionales et des cadres et fils de la région, celui qui désormais fait office d’ex-Daaf de l’Assemblée nationale avait procédé dans l’après-midi du même vendredi à la visite du site touristique de Sordi, village situé à plus d’une trentaine de Km de Ouangolo, dont les vestiges précoloniaux datent d’entre le XVIIe et le XVIIIe siècle.
Ses dernières paroles publiques
Toujours à l’étape de Ouangolo, Lambert Coulibaly avait saisi l’occasion pour assister au tournoi de football organisé dans le cadre des festivités du Tchologo festival 2016. Après les finales hommes et dames de ce tournoi, le désormais ex-Commissaire général du Tchologo avait tenu ses ultimes propos publics face aux journalistes dont voici un large extrait : « Pour 2016, après deux journées, sans tomber dans une sorte de triomphalisme, je dois me féliciter de la bonne ambiance, de la bonne organisation et surtout de la grande adhésion des populations visitées. Nous voudrons travailler à la consolidation de cette solidarité qui s’est créée autour de cette édition du Tchologo. Nous prions que nous puissions travailler ensemble, main dans la main, car c’est de ça que la région a besoin. Nous avons trois particularités pour cette 6ème édition, la première, c’est l’adhésion de tous les élus, nous avons travaillé de façon participative avec tous les élus et fils de la région. Deuxième particularité, c’est la volonté de travailler sur des thématiques, dont la principale est portée sur la femme. Il s’agit de ‘‘la place de la femme dans le développement socioéconomique du Tchologo’’. Nous avons estimé qu’il y a un soupçon d’organisation des femmes et nous devons encourager cette initiative. Troisième innovation, c’est l’invitation du peuple Akyé à travers leurs chefs qui ont eu une rencontre d’échanges très fructueux avec le président GSK (Guillaume Kigbafori Soro, Ndlr). Nous avions à travers cette invitation spéciale, voulu créer un brassage culturel entre nos deux peuples. Nous avons appris à vivre avec toutes les communautés vivant dans le Tchologo. Nous voulons nous mettre en contact avec d’autres peuples afin de partager notre culture avec eux et vice-versa. Je voudrais vous remercier, je constate après six année, que c’est la maturité que prend le Tchologo Festival, parce que les premières années, il était organisé de façon informelle . Et depuis deux années le président GSK qui en est l’initiateur, a souhaité la mise en place d’une structure, qui s’étend à toute la région. Nous avons eu l’honneur d’être nommé Commissaire général pour piloter ce festival. Pour Kong, ceux qui étaient avec nous, ont pu constater que tout le monde s’est donné rendez-vous sur les places où s’est tenu le lancement du Tchologo festival. C’était une adhésion populaire avec le repas populaire que Kong a offert à tous les festivaliers. Egalement le mob-cross qui est une particularité de la région auquel ont participé les femmes. Il y a eu le festival des danses traditionnelles de toute la région du Tchologo. (…) Le premier des vœux que je formule c’est celui de la consolidation de cette solidarité qui s’est créée autour de cette édition du Tchologo ».
Il avait ensuite aussitôt pris la direction de Ferkessédougou, étape de l’apothéose de la 6ème édition du Tchologo festival. Dans cette ville, à sa résidence qui abritait le QG de l’organisation du Tchologo festival 2016, il avait passé les fêtes de fin d’année, avant de prendre le chemin du retour sur Abidjan dans la soirée du lundi 2 janvier 2017.
Ce que l’on sait de l’accident
Le lundi 2 janvier 2017, Guillaume Soro, le président sortant de l’Assemblée nationale qui était également à Ferkessédougou pour les fêtes de fin d’année et pour participer à la 6ème édition du Tchologo festival, rejoint Abidjan à bord d’un hélicoptère. Les véhicules des forces de l’ordre qui avaient escorté ” l’actuel et nouvel” ancien chef du parlement à son départ pour Ferkessédougou, sont chargés de faire la flèche en vue de sécuriser et faciliter le retour de la délégation restante, sur Abidjan. Au moment de mettre le cap sur la capitale économique, la voiture dans laquelle se trouvait Lambert Coulibaly et sa fille aînée ne prend pas la route en même temps que le cortège cornaqué par ces véhicules des forces de sécurité . Par ailleurs, cette voiture n’était pas conduite par le chauffeur habituel de l’ex-Daaf de l’Assemblée nationale.À environ 80 km d’Abidjan et au niveau de N’Douci ( une délégation de l’Assemblée nationale s’est rendue sur les lieux de l’accident et à la brigade mobile de gendarmerie de N’Douci ) , l’inévitable s’invite. Perturbé par le brouillard nocturne fortement présent en cette période d’harmattan, le chauffeur heurte brutalement autour de 22 h un camion stationné sur l’autoroute du nord, à une soixante de kilomètres d’Abidjan. La devanture et le côté copilote, principalement, percutent le camion. La violence du choc entraîne la mort de Lambert Coulibaly et de sa fille. Le côté gauche est quasiment épargné par le choc. Le chauffeur et un autre passager en sortent gravement blessés. Ils ont été conduits par les pompiers vers des centres de santé.
Enarque, l’ex-Daaf de l’Assemblée nationale était un agent du Trésor ivoirien. Lambert Coulibaly était, par ailleurs, le cousin de l’ex-président du parlement ivoirien, Guillaume Soro. Sa disparition suscite une vive émotion.
Alex A , avec GK envoyé spécial au Tchologo 2016