La manière dont certains articles étaient tournésdans les médias ont pu faire croire que ni Cheick Cissé Salah, ni la Côte d’Ivoire n’avait remporté l’or olympique, mais que le combat masculin des moins de 80 kg avait été gagné par la française Marlène Harnois.
Rendons à Cissé, ce qui appartient à Cissé et à la Côte d’Ivoire, ce qui appartient à la Côte d’Ivoire. Cissé est bien un taekwondoïste ivoirien, qui s’est préparé en Côte d’Ivoire avec des professeurs ivoiriens.
Marlène Harnois, alors canadienne, avait quitté le Canada pour dénoncer le manque de structures et de moyens du taekwondo. Elle est venue en France, car elle savait y trouver les structures qui l’amèneraient à la médaille olympique.Elle a été naturaliséefrançaise en avril2008, quelques jours seulement avant de remporter la médaille d’or aux Championnats d’Europe. Elle est donc française, lorsque, le 9août2012, elle remporte la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres.
Cheick Cissé, à la fois originaire de Bouaké et de Koumassi (mais désormais de toute la Côte d’Ivoire), est resté en Côte d’Ivoire, entraîné par des professeurs ivoiriens. Sa rencontre avec Marlène Harnois lui a sûrement permis de prendre confiance en lui et de réaliser qu’il avait le potentiel pour être médaillé olympique.
Faut-il rappeler que le 6 août 2016 au palais présidentiel, son père Abdelkader Cissé a reçu un chèque de 10 millions FCFA récompensant son prix d’excellence du meilleur sportif ivoirien de l’année 2015. Cissé est donc un sportif de haut niveau reconnu par son pays.
Cheik Cissé, a été médaillé d’or aux jeux africains de 2015, au grand prix de taekwondo 2015 à Moscou et aux championnats d’Afrique de taekwondo 2016, à Port Saïd, en Egypte.
Cissé n’a-t-il pas déclaré : « Je veux remercier toute ma famille, mes entraîneurs et le peuple ivoirien » ?
Les journalistes aiment écrire des « storytelling », des légendes qui viennent s’ajouter à d’autres légendes pour écrire les pages glorieuses du sport. Avec des « bouts de ficelle », Cissé est devenu champion olympique. En retrouvant le nom de Marlène Harnois, ils ont écrit la légende du taekwondoïste ivoirien qui s’entraîne sur le béton et sans plastron.
Cheik Cissé, la première médaille d’or olympique de la Côte d’Ivoire, et Ruth Gbagbi, la première médaille féminine ivoirienne, doivent leurs victoires à eux-mêmes, à leur talent et à leur courage.
Marlène Harnois, qui était à Rio, dans l’arène de combat, a modestement twitté ; « Je suis tellement heureuse d’avoir partagé l’aventure aux côtés des champions d’Abidjan jusqu’à Rio! »
La Côte d’Ivoire peut être fière de ses deux taekondoïstes, comme elle peut être fière de tous ses athlètes qui ont participé aux Jeux, des clubs et des entraîneurs ivoiriens.
Le sport africain surprendra le monde. De nombreux médaillés olympiques européens ne sont-ils pas originaires d’Afrique ?
Wakili Alafé