Les 30 et 31 Octobre 2014, une insurrection populaire arrivait à bout du Président Blaise Comparé qui totalisait 27 années de pouvoir. Deux ans après , Siaka Coulibaly , juriste et acteur de la société civile au Burkina revient sur les facteurs clésde ce bouleversement , en fait un bilan et rappelle les attentes du peuple.
« Il faut dire que le départ du président Compaoré du pouvoir a été un évènement majeur de la vie politique du Burkina Faso, lié surtout à la durée de sa présence au pouvoir et aussi en raison de la manière dont il est arrivé après l’assassinat de Thomas Sankara ; sans oublier le rôle qu’il a joué en Afrique de l’ouest en termes de présence politique et géopolitique. Donc son départ a été un facteur majeur qui a pris une dimension internationale. Au plan interne, cela a représenté une rupture avec un système politique économique qui avait fini par ne plus produire les résultats que l’évolution démographique rendait obligatoire. C’est vrai que l’évènement de son départ est centré autour d’un point qui est la modification de l’article 37 pour supprimer la limitation du mandat présidentiel, mais toute la foule qui, au niveau de Ouaga et des autres villes, s’est mobilisée, c’était aussi et surtout des questions sociaux-économiques qui étaient à la base , avec les questions d’égalité , de justice sociale et économique. Le départ de Blaise Compaoré était considéré comme le moment de rupture et du changement. Alors deux ans après , ceux qui réfléchissent sont obligés de se demander si ce départ a changé quelque chose. Est-ce que ce départ a réellement représenté un changement ? Nous sommes aujourd’hui à l’heure de l’interrogation et de l’évaluation de ces deux questions. Nous étions sur les médias ce jour là entrain de commenter l’actualité. On a aussi interpellé les uns et les autres sur le fait qu’il ne fallait pas modifier la constitution. Le jour où les gens sont sortis pour la première manifestation , il ne s’agissait pas en ce moment de renverser Blaise Compaoré. Il s’agissait d’empêcher la modification de la loi. Sur le terrain , ça dégénéré à cause de la répression policière et tout. Et puis finalement , on est arrivé au bout de deux jours, à ce que Blaise quitte le pouvoir. C’est vrai que c’était assez prévisible, mais ce n’était pas une intention affichée au départ en sortant ce jour là.
Les burkinabè attendent que la justice se fasse. Il y’a les nombreux dossiers de crimes économiques et de sang. Il faut que les coupables soient jugés et sanctionnés. C’est ce qu’ils attendent. Même après le départ de Blaise Compaoré, il n’y a pas mal de situations qui sont intervenues et qui ont augmenté le socle des sujets qui doivent être traités par la justice. Et la tâche de la justice est encore plus importante et s’ajoutant donc au fait qu’il n y a pas eu relèvement économique auquel la population s’attendait, donc c’est une situation un peu terne aujourd’hui par rapport à l’insurrection. Les gens ne sont plus convaincus que les élections aient été une chose totalement judicieuse ».
Korona Sékongo