En marge du 30e sommet de l’UA, s’est tenu ce mercredi 24 janvier 2018 à Addis Abeba, le 2e Dialogue de haut niveau du Centre international pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique de l’union africaine (UA/CIEFFA).
« Renforcer les politiques et les pratiques afin de promouvoir l’enseignement technique et la formation professionnelle (ETFP) axé sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) pour les filles et les femmes ; Investir dans le capital humain et allouer des ressources financières pour développer la confiance en soi des filles et des femmes et booster leur intérêt pour les STEM et EFTP et enfin utiliser un cadre juridique et institutionnel pour éliminer les stéréotypes liés au genre dans les environnements d’enseignement et d’apprentissage », sont les thématiques au cœur des préoccupations de ce 2e Dialogue de haut niveau co-organisé par l’UA, son centre international pour l’éducation des filles et des femmes (CIEFFA), avec le soutien de l’ambassade royale de Norvège à Addis Abeba, et des partenaires et institutions que sont l’Unesco, l’Unicef, Save of Africa ect.
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« Aucune nation ne peut se développer sans des compétences dans les STEM et EFTP. Il est aussi impossible d’arriver à cela sans un effort d’investissement et enfin la réussite de la transformation de l’Afrique passe par l’éducation, car l’avenir de la jeunesse se trouve dans les écoles », a lancé Jakaya Kikwete, ancien président de Tanzanie, membre de la commission internationale sur le financement de l’éducation globale, orateur principal.
Également ex-président de l’UA (2008-2009), il a poursuivi : « 350 millions de jeunes en Afrique ne sont pas sur le bon chemin pour atteindre le marché du travail. 1/3 de tous ces jeunes n’apprennent rien dans le monde. Dans beaucoup de pays africains, les filles sont confrontées à des barrières, à l’apprentissage, en particulier lorsqu’elles atteignent les niveaux post-primaire en éducation. Les filles abandonnent pour plusieurs raisons : le mariage et la grossesse précoce, la violence liée au genre à l’école, la pauvreté, les travaux domestiques, le manque de contenu et d’environnement d’apprentissage sensible au genre. Aujourd’hui, sur les 260 millions de jeunes qui sont hors de l’école, 100 millions sont en Afrique. Soit sur 1/3 des enfants hors du système scolaire dans le monde 75% sont des jeunes africains. En outre, scolariser tout simplement les jeunes filles ne garantit pas qu’elles achèvent leur scolarité. Sur 75% des filles qui commencent leur scolarité, seulement 8% terminent leur éducation sur le continent africain.
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En 2030, seulement 12% des jeunes africains auront accès à l’enseignement supérieur contre 80% en Asie. 10% de cet accèslimité sera en Afrique du nord et 5% en Afrique subsaharienne. Aussi 90% des pauvres seront en Afrique avec 70% de jeunes. En 2050, l’Afrique comptera 2 milliards de populations avec 1,2 milliards de jeunes. Et un jeune sans emploi est un danger pour la société et une proie pour le terrorisme et certains démagogues politiques.
D’ici 2050, 1/3 des emplois vont être perdus à cause de l’automatisation. On aura des voitures sans chauffeurs. Le rapport de la dernière conférence de Davos indique que 57% des emplois fournis par les filles et femmes seront perdus au profit de la technologie. D’où la nécessité d’investir dans les EFTP axé sur les STEM. Il faut des mesures ciblées pour scolariser les filles et les garçons et les fidéliser jusqu’à ce qu’ils terminent le cursus scolaire jusqu’au niveau universitaire, munis des compétences adéquates qu’il leur faut dans leurs vies et leur substance. Il est donc important de définir les processus d’enseignement et d’apprentissage dans les écoles afin de développer des environnements d’apprentissage propices au genre. Chaque pays doit enfin décider comment s’en occuper en transformant les plans en actions sur le terrain. L’avenir de l’Afrique c’est pour la nouvelle génération ».
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« La situation décrite ici est la même en Norvège. Les filles pensent que les STEM sont pour les hommes. Je n’insisterai pas sur l’autonomisation des femmes car j’estime que lorsque les filles et les garçons ont les mêmes chances d’étudier les STEM, elles deviennentindépendantes. Et toutes les filles méritent d’avoir une éducation libre et de qualité. Les gouvernements africains ont besoin d’appuis. La Norvège va continuer à appuyer le CIEFFA et cela va être réitérer le 2 février prochain à Dakar lors du sommet sur l’éducation. Nous devons donner aux jeunes ce dont ils ont besoin pour entrer dans le monde du travail », a expliqué Mme INE Eriksen Soereide, ministre norvégienne des affaires étrangères.
Pour sa part, Mary Teuw Niane ministre sénégalais de l’éducation nationale, et professeur de mathématique, a dit : « Il ne peut y avoir d’émergence économique sans maîtrise du capital humain ». S’attribuant le proverbe « une femme intelligente ne ferme pas toutes les portes au contraire, elle les ouvre toutes », Sarah Anyang, commissaire de l’UA chargé des ressources humaines, la science et la technologie, a exhorté les dirigeants africains à plus d’investissement dans la scolarisation des jeunes filles afin de répondre aux engagements de l’agenda 2063 de l’union africaine.
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Le 1e Dialogue du CIEFFA s’était tenu en marge du 29e sommet de l’UA le 26 janvier 2017 à Addis Abeba en Ethiopie, sur le thème de l’égalité du Genre et de l’éducation.
Philippe Kouhon, envoyé spécial à Addis Abeba