Le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine s’est réuni lundi 24 septembre 2018 à New York, en marge de la 73e assemblée générale des nations unies, en présence de M. Faki Moussa Mahamat, président de la commission de l’UA.
Pour le Président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, « il ne peut y avoir d’appropriation si nous dépendons principalement de la générosité des partenaires internationaux ». Afrikipresse propose ici des extraits de son adresse aux ministres des Affaires etrangères, membres du conseil de paix et de sécurité de l’UA présents à New York. « Les progrès significatifs obtenus dans l’amélioration du climat général dans la corne de l’Afrique nous réconfortent dans notre conviction que les africains sont à même de résoudre par eux-mêmes leur propre problème. C’est dans la même logique que se situe la signature de l’accord de paix au Soudan du Sud, et comme l’atteste également la résolution de la crise en Madagascar. De tels résultats encourageants nous incitent non seulement à réconforter, mais à les amplifier à cinq autres situations tout au moins. D’abord il s’agit de mettre en œuvre l’accord de paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger et d’apporter parallèlement un appui renforcé du G5 Sahel et à sa force conjointe.
En RCA, le renforcement de l’initiative africaine et la mobilisation des pays de la région, attestent qu’une réelle application du principe de solution africaine est attendue. De façon plus globale, les États CEAC doivent redoubler leur soutien à cette initiative de recherche de la paix en RCA, qui par ailleurs a le soutien total des nations unies, de l’UE et de la plupart de nos partenaires.
En RDC aucun effort ne doit être ménagé pour permettre l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives à la fin de l’année pour nous éviter de retomber dans la crise.
En Somalie, il importe d’accompagner les efforts de stabilisation en cours. À travers un soutien plus adéquat à la mission des forces de défense et de sécurité somaliennes pour leur permettre de prendre en charge la sécurité de leur pays.
En Libye, la violence qui afflige Tripoli maintenant met en relief les grands efforts renouvelés pour régler la crise libyenne. L’UA travaille à la tenue d’une conférence de réconciliation nationale conformément à la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement au mois de mai dernier.
Dans le cadre des partenariats que nous entretenons avec les Nations unies et l’UE, nous avons tenu hier une réunion ici au siège des Nations unies en présence du secrétaire général des Nations unies et du président de la commission de l’UE. Après des échanges parfois vifs, pourrais-je dire, nous avons convenu de la nécessité en collaboration avec les parties Libyennes, et pour les Nations unies de convoquer une conférence de réconciliation nationale en Libye.
Le pays est en proie à des groupes armés, à des milices qui aujourd’hui même mettent à feu et à sang jusqu’à Tripoli, la capitale. Les ingérences étrangères sont nombreuses, vous le savez. Il nous faut une implication totale de l’UA auprès des peuples libyens pour pouvoir arriver à un consensus qui puisse permettre d’aller vers les élections et de choisir ceux qui vont les diriger.
Enfin, la recherche de solution africaine aux problèmes africains postule que nous mobilisons des ressources nécessaires pour financer nos efforts de paix. Il ne peut y avoir d’appropriation si nous dépendons principalement de la générosité des partenaires internationaux. C’est dans ce contexte que s’inscrit le volet financier de la réforme institutionnelle en cours de notre Union. Notamment le prélèvement de la taxe de 0.2% sur les importations éligibles qui devraient nous permettre à terme de financer l’essentiel de nos programmes, y compris jusqu’à 25% du coût de nos opérations de paix. Dans notre relation avec les Nations unies, il s’agit d’arriver à une claire division des taches et à un partage équitable du fardeau financier de la dette de la paix. Le protocole d’entente signé avec les Nations unies en avril 2017 et les décisions pertinentes de votre organe et celle du conseil de sécurité des nations unies en ont déjà posé les jalons. C’est dans ce cadre que s’inscrit la démarche approuvée par nos chefs d’Etat et de Gouvernement pour le financement à hauteur de 75% par les Nations unies à travers des contributions mises à recouvrement et liées aux opérations de soutien à la paix avec le consentement du conseil de sécurité.
Je voudrais me féliciter du travail des membres africains du conseil de sécurité. Ils ont significativement fait avancer le dossier. Notre espoir est qu’ici décembre 2018, une résolution cadre de cette formule de financement puisse être adoptée par le conseil de sécurité. Il importe que votre réunion aujourd’hui renouvèle son appui à cet effet » fin de citation.
L’Angola a été élu en janvier 2018, pour un mandat de deux ans, membre du Conseil de paix et de Sécurité (CPS), principal organe chargé de garantir la paix et la sécurité dans le continent intégrant 15 membres parmi lesquels la Zambie, le Zimbabwe, le Nigeria, l’Egypte, le Kenya, le Maroc, le Gabon, le Congo, la Guinée Equatoriale, Djibouti, la Serra Leone, le Liberia, le Togo et le Rwanda. L’Angola qui assume la présidence du CPS depuis le 1er septembre 2018 pour une période d’un mois a mis comme priorité dans l’agenda de sa présidence, la recherche des solutions africaines pour les problèmes africains, et également la question de financement par les pays du continent des actions du maintien de la paix en Afrique.
Philippe Kouhon, envoyé spécial à New York