Ali Bongo n’a pas été élu comme on l’entend, comme Ibrahim Boubakar Keita du Mali l’avait été, comme Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et comme Roch Marc Christian Kaboré l’ont été récemment.
Manuel Valls l’a dit et tout le monde s’emballe….
Pourtant les propos du Premier français sont totalement exacts. Le Premier ministre français n’a fait que rappeler les contestations qui ont suivi l’élection d’Ali Bongo. Durant des jours, des semaines, des mois et des années l’élection d’Ali Bongo a été contestée ; et même jusqu’à ce ce jour, elle l’est encore et toujours !
En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a été certes bien réélu selon tous les observateurs, mais la contestation de sa victoire de 2010, et la sanglante crise post électorale peut faire dire qu’il a été élu dans des conditions très contestées, pour ne pas dire simplement qu’il avait été mal élu.
Un candidat ( bien )élu, c’est un candidat dont les adversaires reconnaissent la victoire. Au Mali, malgré ses réserves et observations sur le processus électoral, Soumaïla Cissé avait accepté sa défaire, avait félicité le vainqueur. Pareil récemment en Côte d’Ivoire, et au Burkina Faso. Cela n’a pas été le cas d’Ali Bongo, dont les adversaires n’ont jamais reconnu la victoire.
Indiquer qu’Ali Bongo n’a pas été ( bien ) élu comme Ibrahim Boubakar Keita, comme Alassane Ouattara , comme Roch Marc Christian Kaboré, est une évidence ; même si les autorités de Libreville n’ont pas le même sens de la dérision et de l’auto critique que Laurent Gbagbo qui, pour anticiper les critiques, avait parlé d’élections calamiteuses.
Il n’y a pas de quoi fouetter un chat sur la question ! Libreville s’est énervé pour rien, car de toutes les façons, cette colère et cette mauvaise humeur ne pouvaient aller quelque part, notamment à une rupture totale des relations avec Paris.
De son côté, l’opposition gabonaise s’est agitée pour rien : les propos de Manuels Valls ne changent rien à la légalité, ni même à la légitimité d’Ali Bongo. Il est le seul président en exercice de tous les Gabonais et de toutes les Gabonaises.
Enfin on a du mal à comprendre l’acharnement et l’insistance du comédien sur Ali Bongo alors que des dirigeants africains , ou internationaux assimilables à son standard de dictature, ou à son standar de dirigeants non démocratiques, et non respectueux des libertés, étaient plus variés et nombreux à la marche pour Charles Hebdo .
Pourquoi il ne s’est trouvé personne pour le lui rappeler ? Le fait de n’être pas Premier ministre, d’être comédien humouriste, et de préciser qu’on ne s’y connaît pas trop en politique ne donne aucun droit de faire des allégations sans preuves, de ne pas rendre compte, de ne pas justifier ses propos ? Par exemple, en quoi Ali Bongo est-il un dictateur, selon lui et n’avait pas le droit d’être à la marche ?
Et pourtant Libreville ne se fâche contre lui, et ne s’en prend – sans conséquence aucune – qu’à Manuel Valls ? Suspect !
Alice Ouédraogo