Contacté par Afrikipresse.fr pour donner sa lecture sur deux faits d’actualité de ce mois de juin liant le continent africain et l’autre partie du monde, Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) a fait savoir qu’il y a une hypocrisie de la communauté internationale.
Au sujet de la demande de la Cour Pénale Internationale (CPI) faite aux dirigeants sud-africains d’extrader le président soudanais Omar El Béchir lors du 25 ème sommet de l’Union Africaine (UA), Emmanuel Dupuy commente : « la polémique sur l’exfiltration d’Afrique du Sud, du président soudanais illustre le paradoxe africain à l’égard de la justice internationale et met en exergue la défiance récente – caractérisée à l’occasion d’un sommet extraordinaire de UA en octobre 2013 – des Chefs d’Etats africains à l’égard de la CPI ».
L’expert en géopolitique mondiale ajoute : « censée être garante d’une justice universelle sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, la CPI devient ces dernières années comme une institution focalisée sur l’Afrique. Les neuf dossiers dont la Cour a en charge sont uniquement des pays africains … »
Selon Emmanuel Dupuy « au-delà du caractère judiciaire, c’est bel et bien sur le plan politique que la légitimité de la CPI est désormais remise en cause, expliquant la non arrestation – une fois de plus – du président soudanais, venu au dernier sommet de l’UA en Afrique du Sud », d’autant plus que préalablement aucune opposition ne s’était d’ailleurs exprimée contre le principe même de la présence d’El-Béchir à la réunion de Johannesburg.
Emmanuel Dupuy révèle egalement une panafricanisation politique de l’affaire : « c’est significatif que le président Robert Mugabe président en exercice de l’UA et Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, qui préside la Commission depuis juillet 2012, aient décidé qu’à l’avenir, les sommets de l’UA se tiendraient à huis clos. C’est-à-dire sans représentants d’autres organisations intergouvernementales internationales ».
Interrogé sur l’arrestation le 20 juin dernier à Londres (Angleterre), du général Emmanuel Karenzi Karaké, chef des services de renseignement de Rwanda, notre interlocuteur est clair : « cette arrestation du chef des services de renseignement rwandais à la demande de Madrid, puis sa relaxe illustre aussi une certaine hypocrisie de la communauté internationale. Qui voudrait “courroucer” la Rwanda, alors que son rôle est déterminant dans la stabilisation tant au Burundi qu’en République Centrafrique ».
Emmanuel Dupuy affirme trouver la Realpolitik plus prégnante que la justice internationale sur le continent africain.
James RAMAROSAONA