Nous connaissons tous les aspects négatifs d’un taux de chômage élevé : stagnation économique, augmentation de la criminalité et, dans les cas plus importants, des conflits déstabilisant qui peuvent survenir. Ainsi, permettre aux Africains d’avoir un travail est de la plus haute importance pour la stabilité économique et politique du continent.
Les ressources humaines
Le développement viable des économies africaines ne peut être atteint que par le développement de l’industrie locale, c’est-à-dire en investissant tout en favorisant l’émergence d’entrepreneurs africains et en soutenant la création d’entreprises locales. Le potentiel de développement économique est inégalé, avec des opportunités abondant dans tous les secteurs, de l’industrialisation à la finance. Mais, le continent ne peut progresser qu’en mettant au premier plan le développement des ressources humaines. Malheureusement, comme nous l’avons constaté depuis des décennies, les entreprises internationales venant opérer dans le secteur des ressources naturelles en Afrique, ne pratiquent pas le transfert de connaissances et se désintéresse la formation des employés locaux. Ainsi, une réglementation qui incite les entreprises internationales à employer, former et éduquer les Africains est vitale. Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer pour que ces réglementations profitent à tous.
Une législation adaptée au milieu des affaires
La législation, comme le renforcement des capacités humaines, devraient être la priorité. Cependant, il faudrait veiller à l’équilibre afin de ne pas repousser les investisseurs internationaux avec une réglementation trop lourde. Bien que cette réglementation soit nécessaire, il faut réduire au maximum les tracasseries administratives de manière à ne pas freiner les initiatives commerciales et l’esprit d’entreprise. Des réglementations pléthoriques et imprécises ne serviront qu’à étouffer le développement des projets pétroliers et gaziers et à faire fuir de nouveaux investissements. Des réglementations complexes vont chasser de nouvelles entreprises et faire perdre, de l’argent pour de nouveaux projets et donc des budgets de responsabilité sociale des entreprises, et des ressources pour la formation et la création d’emplois. Une réglementation efficace doit être simple et équitable que les entreprises internationales intègrent aisément les marchés locaux garantissant leur à fonctionner de manière efficace et rentable. Ces réglementations doivent être rédigées avec soin, mis en œuvre avec un consensus national.
Les IDE : une opportunité
Nous commençons à voir des gouvernements prendre des initiatives intéressantes à la demande d’une nouvelle génération d’Africains. En Guinée équatoriale, par exemple, la législation exige aux entreprises étrangères des partenariats avec des entreprises équato-guinéennes dans tous les secteurs des services, de l’énergie, de l’ingénierie au conseil fiscal. Lorsqu’aucune entreprise qualifiée n’est disponible au niveau national, la législation oblige les investisseurs à recruter au sein de la Communauté économique et monétaire (CEMAC) et ensuite au sein de l’Afrique dans son ensemble avant de prospecter à l’étranger. Les entreprises internationales sont également tenues par la loi d’offrir des programmes de formation aux employés locaux et de contribuer à des projets de responsabilité sociale, dont beaucoup sont axés sur la santé et l’éducation. Cette mentalité de « l’Afrique-en-premier » pourrait et devrait être reproduite dans différents secteurs et dans différents pays.
Les freins à l’investissement africain
Il ne faut cependant pas occulter les freins qui empêchent les entreprises locales de réussir. L’accès aux financements est un véritable obstacle pour les jeunes investisseurs africains Les prêts en Afrique sont souvent difficiles à obtenir, et même lorsqu’ils sont disponibles, ils sont offerts à des taux d’intérêt extrêmement élevés avec des garanties excessives. S’attaquer à des problèmes tels que le manque de crédit, l’inégalité des chances et les fluctuations monétaires est essentiel pour que les entrepreneurs africains puissent avoir une chance de rivaliser sur la scène internationale.
Un terreau déjà favorable
Alors que les gouvernements ont un grand rôle à jouer dans mis en place d’une législation incitative qui encourage la création de nouvelles entreprises locales, les Africains ne peuvent pas attendre indéfiniment le moment idéal pour agir. Il n’y aura jamais de moment idéal, car il y a toujours des risques et des obstacles à la réussite. Déjà, le continent est devenu « une plaque tournante » pour les entrepreneurs. Selon la Banque africaine de développement (BAD), plus de 20% de la population en âge de travailler en Afrique créent de nouvelles entreprises. C’est un taux qui dépasse toutes les autres régions du monde. De même, les petites et moyennes entreprises sont les principaux pourvoyeurs d’emplois du secteur formel en Afrique subsaharienne. L’Afrique de l’Est s’illustre pour son dynamisme dans le secteur des technologies (notamment financières) à l’échelle mondiale. L’Afrique de l’Ouest compte des sociétés pétrolières et gazières compétitives au niveau international, créées et gérées par des Africains
Certes, les efforts à réaliser restent importants mais l’Afrique occupe déjà une place centrale dans l’économie mondiale, abritant plusieurs des économies les plus dynamiques du monde. Donner aux Africains les moyens d’agir avec les bonnes politiques nationales, ainsi que les capacités éducative et financière nécessaires, assurerait le développement viable des économies et la montée en puissance de l’Afrique sur l’échiquier international.
N.J. Ayuk, C.E.O. Centurion Law Group
Article publié en collaboration avec Libre Afrique