Sous l’impulsion de Dominique Nouvian Ouattara, les premières dames d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont lancé une vaste campagne de communication sur l’autonomisation des femmes. Celle-ci aura pour objectif d’amener les femmes et jeunes filles du continent à prendre conscience de leur véritable potentiel.
Les inégalités hommes-femmes sont « toujours criantes en Afrique », s’alarment les premières dames d’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Pourtant, les femmes sont indispensables au développement économique et social du continent, comme ne cessent de le souligner les agences internationales.
Le rapport « Women and Trade in Africa: Realizing the Potential », diffusé par la Banque mondiale en 2013, mettait en effet en lumière le rôle clé que les femmes exercent dans le commerce africain et la place indispensable qui doit leur être faite afin d’« exploiter pleinement » le potentiel commercial du continent.
« Les femmes sont très présentes dans le commerce en Afrique : elles transportent des marchandises d’un pays à l’autre, produisent des biens exportables — en particulier des produits alimentaires — et gèrent des entreprises axées sur le commerce », affirmait ainsi le rapport. Mais ces femmes sont dans le même temps confrontées à des obstacles majeurs qui sapent leurs activités économiques.
Les femmes commerçantes qui travaillent dans le secteur informel sont en effet souvent victimes de harcèlement et d’extorsion. Elles se voient plus facilement refuser l’accès aux principaux réseaux commerciaux et ont plus de difficultés à se procurer les intrants et matériaux qui augmenteraient leur productivité et leur permettraient d’être plus compétitives sur les marchés étrangers. La Banque mondiale souligne également que les femmes commerçantes doivent le plus souvent assumer les tâches ménagères en parallèle, ce qui se traduit par une moindre capacité à s’occuper de leur commerce.
Priorité individuelle et collective
Mais une fois ce constat posé, que faire pour y remédier ? Les premières dames d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont décidé de s’attaquer frontalement à cette question, en lançant le mercredi 18 octobre, à Abidjan, une campagne régionale de communication pour un changement social et comportemental, en vue de l’autonomisation des femmes et du dividende démographique.
Lors de la cérémonie de lancement de cette campagne, présidée par Dominique Nouvian Ouattara, les premières dames présentes se sont engagées à « placer l’autonomisation sociale et économique des femmes, des adolescentes et des filles au niveau des priorités de leurs agendas individuels et collectifs ».
Ces dernières ont également promis de plaider pour un engagement politique croissant des gouvernements du continent concernant la mise en œuvre de la feuille de route de l’Union africaine sur l’exploitation du dividende démographique dans les domaines de la santé, l’éducation, le genre, l’emploi et la gouvernance au profit des femmes.
Gage de l’émergence économique africaine
La campagne de communication vise plus précisément à « contribuer à booster la demande au niveau des services de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle au sein de la population en favorisant les changements sociaux, comportementaux et l’autonomisation des femmes et jeunes filles ». Le projet a été mis en place avec l’assistance financière de la Banque mondiale pour une enveloppe globale de 207 millions de dollars et l’assistance technique du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et de l’Organisation Ouest Africaine de la Sante (OOAS).
Pour Nialé Kaba, ministre ivoirienne du Plan et du Développement, « l’autonomisation suppose la pleine réalisation des droits afin de permettre aux femmes d’avoir un accès équitable aux ressources et aux opportunités, exprimer leur potentiel et participer davantage au processus de développement ». La fonctionnaire a rappelé que l’autonomisation des femmes constitue l’un des points déterminants pour accélérer la baisse de la fécondité et la quête du dividende démographique, « gage de l’émergence économique des pays africains ».
Dominique Nouvian Ouattara a quant à elle partagé l’expérience du Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), dont la mise en place a permis la scolarisation et le maintien de filles à l’école, la création et l’accès à des emplois durables pour les filles et la lutte contre les violences faites aux femmes. La première dame ivoirienne a également plaidé pour le développement d’autres initiatives permettant d’atteindre des résultats probants à l’échelle du continent. Pas de doute, l’autonomisation des femmes est devenue l’une des priorités du continent africain.
Alain Tchombè, Consultant/Chargé de mission en développement international