Face aux allégations de trafic de bois, l’ancien ministre ivoirien des Eaux et forêts, Alain Richard Donwahi, s’était abstenu de se prononcer . Mais le 12 mai 2022, il a brisé le silence au micro de notre confrère Pierre Pinto de RFI, en disant sa part de vérité sur ces «rumeurs » propagées sur sa personne et reliées à sa sortie du gouvernement.
Alain Richard Donwahi sort de sa réserve et dément tout ce qui se dit à son sujet. Sans langue de bois, l’ex ministre a admis l’existence d’un trafic de produits de la forêt et de la faune depuis plusieurs décennies.
Des efforts réalisés pour améliorer la gouvernance du secteur forestier
L’ex ministre a également rappelé la multiplication des initiatives gouvernementales à travers son ministère pour lutter contre ce fléau, à travers notamment la dématérialisation des procédures au ministère et la mise en place d’unités pour la surveillance des espaces forestiers, les audits initiés dans son ministère et les structures sous-tutelle pour améliorer la gouvernance et pour mettre en place une stratégie de lutte efficace contre les trafics et tout obstacle susceptible de compromettre les ambitions , alors qu’il était à la tête du département ministériel des Eaux et forêts.
« La gouvernance du secteur forestier, ( parce que nous savons bien que ce secteur-là est difficile, la déforestation a lieu depuis très longtemps en Côte d’Ivoire, et il y a des trafics, trafics aussi bien forestiers que de faunes d’espèces protégées et la lutte contre la criminalité forestière et la criminalité faunique ) , a été pour nous une des pierres angulaires de notre politique; son nous avons mis en place avec des institutions indépendantes la notation de ce ministère-là avec un indice de gouvernance », a précisé Alain Richard Donwahi. Il a par ailleurs invité à la poursuite de cette dynamique.
L’audit pas dirigé contre Alain Richard Donwahi ni en lien avec son départ du gouvernement
Sur l’audit nouveau en cours dans son ancien ministère et les liens établis avec son départ du gouvernement, l’ex membre du gouvernement ivoirien a fait observer que loin de l’incriminer, il s’agit plutôt pour le gouvernement d’analyser et de penser des solutions pour améliorer la gouvernance dans l’administration publique. « Nous avons entendu beaucoup de choses malheureuses, malencontreuses à mon égard je pense, des procès d’intention, des accusations à mon encontre mais je pense qu’il faut laisser la justice, ou l’administration faire son travail. (…) Moi au cours de ma carrière ministérielle, j’ai dû passer à travers trois ou quatre audits, c’est normal. Moi-même en arrivant au ministère des Eaux et forêts, j’ai procédé à des audits, aussi bien de notre propre structure que des structures sous tutelle, pour savoir ce qui allait, qu’est-ce qui n’allait pas, pour pouvoir faire les rectifications où il fallait. Donc il n’y a pas eu un acharnement sur le ministère des Eaux et forêts, il y a des audits qui se passent comme dans tous les pays. Dans tout État qui veut savoir où il va, faire des audits c’est tout à fait normal », a estimé le ministre, confirmant ainsi les propos de l’Inspecteur général de l’Etat, Ahoua N’Doli Théophile.
Ce que le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly avait dit
Au terme du Conseil des ministres du 4 mai 2022 dernier, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, avait d’ailleurs exprimé sa surprise face à la personnalisation de cet audit au sein du ministère des Eaux et forêts et la corrélation créée avec la sortie du gouvernement de M. Alain Richard Donwahi. « Je ne vois pas pourquoi se focaliser de façon particulière sur monsieur Donwahi. Mais vous me permettrez de marquer mon étonnement sur la résurgence subite de cette question d’audit du ministère des Eaux et forêts quand nous savons tous que c’est une question qui est déjà en cours de traitement à travers l’audit de l’Inspection générale de l’Etat », avait-il répondu.
Charles Kouassi