Depuis le jeudi 24 mai 2018, le Burkina Faso a tiré un trait sur ses relations diplomatiques avec Taïwan, en accord avec les exigences de la Chine qui considère Taïwan comme l’une de ses provinces.
Présent à Pékin en Chine depuis le vendredi 25 mai 2018 dans le cadre de la reprise des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la Chine, le ministre burkinabè des Affaires Étrangères et de la coopération, Alpha Barry a été accueilli par le vice ministre chinois des Affaires Etrangères avant de parapher le lendemain samedi 26 mai l’Accord diplomatique entre Ouagadougou et Pékin avec son homologue chinois, Wang Yi. Il a été reçu lundi 28 mai par le président du Comité National de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, Wang Yang, 4eme personnage de l’état, qui a transmis les remerciements du président chinois Xi Jinping au président du Faso, Rock Christian Kaboré selon un tweet du ministre Alpha Barry.
Que cache cette rupture après 24 ans de coopération avec Taïwan ?
« Depuis 1994, le Burkina Faso entretient des relations de coopération avec Taïwan. Mais aujourd’hui, l’évolution du monde, des défis socio-économiques actuels de notre pays et de notre région recommandent que nous reconsidérons notre position» a expliqué Alpha Barry le jeudi 24 mai dernier à Ouagadougou au moment de l’annonce du divorce avec Taipei (capitale de Taïwan). Comment expliquer ce revirement de situation alors que l’île chinoise (Taïwan) a investi à coups de milliards selon l’Agence Presse Chine Nouvelle dans des projets (26 projets) de développement au Burkina Faso (santé, formation professionnelle, agriculture, environnement, énergie, éducation ect) ?
[ Alpha Barry : « nous sommes les derniers à partir en dehors de Swaziland » ]
Alors qu’ils étaient encore 20 pays à rester fidèles à Taïwan, le Panama annonçait sa rupture avec Taïwan en juin 2017. Le 1er mai 2018, ce fut au tour de la république Dominicaine de plier bagage à Taipei. Depuis, la Chine n’a cessé de faire mettre la pression sur le reste des pays (19 États ) qui reconnaissaient encore l’indépendance de Taïwan.
« Changer de cap sera extraordinairement positif pour l’avenir de notre pays », avait déclaré le gouvernement de Saint-Domingue cité par le confrère de RFI et qui ajoute que pour bénéficier des largesses de la puissante Chine, il fallait remplir les conditions dictées par Pékin: « reconnaître qu’il n’y a qu’une seule Chine dans le monde et que Taïwan fait partie du territoire chinois ». En retour la Chine n’hésitera plus à injecter ses pluies de dollars dans ces nouveaux pays amis. Saint-Domingue a, selon l’agence Reuters déjà empoché près de 3 milliards de dollars accompagnés de nombreux investissements chinois.
Toutefois le ministre burkinabè des Affaires Étrangères et de la Coopération, assure son pays n’a pas tout de suite cédé à un dictat chinois. « Nous sommes les derniers à partir en dehors de Swaziland », a-t-il confié à Afrikipresse. Une manière de dire que s’il y avait pression, Ouagadougou se serait retiré plus tôt, au lieu de le faire maintenant. Le Burkina Faso, en plus de l’aide traditionnelle et classique, devrait aussi bénéficier du soutien de la Chine, dans la lutte contre le terrorisme; comme c’est déjà le cas avec des pays occidentaux.
Philippe Kouhon