Meilleure élue locale 2023, réélue présidente du Conseil Régional du Cavally, promue ministre d’État et reconduite en qualité ministre de la Fonction publique, Anne Ouloto s’est exprimée sur TV5.
TV5 : Anne Désirée Ouloto est l’unique femme nommé ministre d’État dans une équipe. Le gouvernement ivoirien a nommé une femme ministre d’État (…) ?
Anne Désirée Ouloto : (…) Depuis l’avènement du Président Alassane Ouattara, il pose des actes très forts à l’endroit des femmes. Aujourd’hui il y a la ministre d’État, Mme Dagri, notre icone. Il y a Mme Kandia Camara, aujourd’hui présidente du Sénat. Moi également je suis nommée ministre d’État. Il y a de nombreuses femmes dans l’administration et dans le gouvernement qui sont à des postes clés. Cela est très important et rassurant pour la gente féminine en Côte d’Ivoire.
TV5 : Dans ce gouvernement qui compte 33 membres on ne compte que six femmes. On est très loin de l’objectif que propose la loi, plus de 30%. Où sont les femmes alors que ce pays a mis en place un outil salué par toutes les instances internationales, le Compendium des compétences féminines. ?
Anne Désirée Ouloto : C’est vrai que dans les normes, nous n’avons pas les 30% des femmes, mais vous avez des femmes à des postes clés. Une femme ministre d’État, c’est un poste clé. Une femme ministre de l’Économie, ministre du Plan, c’est beaucoup de responsabilités. Vous avez des femmes ministres de la Lutte contre la pauvreté et de la Solidarité, ministre de la Famille, de la femme et de l’enfant, ministre de la Culture et de la francophonie, ce sont des questions déterminantes qui touchent à la vie de la nation. Je pense que nous avons des raisons d’espérer. Parce que le Président Ouattara, dans sa stratégie, sait que nous le voyons faire, agit sur la durée. De telle sorte qu’à terme, nous puissions avoir des femmes compétentes, capables de servir à tous les postes de responsabilité. Je pense que c’est cela l’objet.
TV5 : Depuis 2021, vous êtes ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, après avoir été ministre de la Salubrité en 2011, puis en 2012, ministre de la Solidarité de la famille de la femme et de l’enfant. À quelle fonction êtes-vous sentie la plus utile pour la nation ?
A.D.O : D’abord, franchement, je me sens utile, quelles que soient les fonctions pour lesquelles je suis appelée à servir la nation. Je considère que lorsqu’on vous appelle à servir à un poste, cela suppose que vous en avez les compétences et les capacités. Au-delà de ces fonctions ministérielles, j’ai réussi à me faire élire députée de la nation. J’ai réussi à me faire élire présidente de région. Récemment j’ai été désignée meilleure élue locale. Ce qui veut dire que, quels que soient les postes, il faut pouvoir donner le meilleur de soi-même. Servir avec honnêteté et loyauté et avec responsabilité. Alors, ministre de la Salubrité, ministre de la Solidarité, ministre de l’Assainissement, de l’environnement, du développement durable, ministre de la Fonction publique, je me sens parfaitement à l’aise partout. Pour moi, le plus important, c’est de servir la nation.
TV5 : Avant quand vous étiez ministre de la salubrité, en 2011, vous avez été surnommée « le Bulldozer ». Comment vous avez trouvé ce surnom ?
A.D.O : (rires). Maman Bulldozer, au début je ne comprenais pas bien. Ça me donnait le sentiment d’être la méchante maman, c’est pour ça qu’on m’identifie à un Bulldozer. Parce que Maman Bulldozer veut dire que j’ai osé poser des actes avec des actions qui ont peu choqué les populations. J’ai osé imposer le changement dans les comportements, interpeller les consciences, pour qu’on change d’approche dans notre environnement immédiat pour qu’on soit tous des acteurs de propreté, d’hygiène. Cela a choqué les ivoiriens. Et après je finis par me rendre compte que Maman Bulldozer ça veut certainement dire la bonne maman qui veut éduquer à tous les coups, la maman qui ose. C’est un message que je n’avais pas capté. Je souhaite qu’il y ait comme moi de nombreuses mamans bulldozers pour que la Côte d’Ivoire soit un pays propre ; un magnifique et beau pays qui attire des touristes. Aimer ce pays, c’est agir dans son intérêt et c’est ce que j’ai fait. Maman Bulldozer, parce qu’on ne peut pas construire sans le bulldozer. Mais cela a néanmoins servi à toute la Côte d’Ivoire. Parce qu’un peu partout, j’ai vu des Ong, des associations s’engager dans des opérations de salubrité, dans des opérations « ville propre », dans des opérations « grand ménage ». J’ai aimé. Et cela a été une merveilleuse période de ma vie. Ça me permet de changer, de changer les choses.
TV5 : Désormais à la tête du ministère de la fonction publique et de la modernisation de l’administration, quels sont vos principaux défis dans l’administration ivoirienne ?
A.D.O : C’est d’avoir une politique performante en matière de gestion des ressources humaines de l’État en Côte d’Ivoire. Lutter contre un certain nombre de fléaux, lutter contre la corruption ; lutter contre le clientélisme ; faire en sorte que notre administration soit une administration performante. On ne peut pas faire un pays émergent, si nous n’avons pas une administration performante, capable de faire des politiques audacieuses et qui permettront de transformer notre pays. C’est cela aujourd’hui mon rôle : faire des fonctionnaires de Côte D’ivoire des ivoiriens nouveaux.
En Afrique, en général, nos administrations sont vues comme des administrations laxistes. Moi je veux d’une administration qui concurrence le secteur privé ; une administration qui travaille par objectif et qui produit des résultats. Pour produire des résultats, il faut avoir des fonctionnaires bien formés. Dieu seul sait que l’État investit beaucoup dans l’éducation de nos enfants. Alors, si on investit beaucoup dans l’éducation de nos enfants, il faut faire en sorte que les résultats de cette éducation reçue impacte la vie de notre administration publique. Aujourd’hui, je peux vous dire que la Fonction publique de Côte d’Ivoire est sur la bonne trajectoire. Elle se porte bien. Et je crois que c’est cela que le Président de la République exprime à travers ma reconduction à la tête de ce département ministériel, éminemment stratégique. Et de surcroît, en m’offrant cette belle promotion de ministre d’État, ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, je le vois avec beaucoup d’humilité, comme une interpellation, une invite à mieux faire et à continuer d’impacter positivement cette administration par un engagement citoyen, par un engagement sans faille.
Interview retranscrite par SC