Le Burkina Faso s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos humanitaire. Les populations se déplacent pour fuir les actes de violence en nette augmentation. Les changements climatiques et les besoins sanitaires qui s’accentuent plongent le pays dans une crise qui s’amplifie.
Selon le dernier rapport de l’ONU sur « le suivi de la réponse humanitaire » au Burkina-Faso, 27 % de la population totale du pays a besoin d’aide alimentaire, soit environ 6,3 millions de personnes. Plus de 2,7 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë surtout pendant la période de soudure, c’est-à-dire ce temps critique qui précède les premières récoltes et quand le grain de la récolte précédente est épuisé.
Le contexte d’insécurité permanente n’aide pas à stabiliser le pays d’un point de vue économique et social. Les populations sont en effet les premières victimes des affrontements entre d’un côté les forces armées du gouvernement de transition, aidées par les supplétifs russes d’Africa Corps (ex-Wagner) et de l’autre les groupes armés terroristes.
Ces derniers attaquent régulièrement des convois de ravitaillement, ce qui touche de manière disproportionnée les populations burkinabés. Dans le pays, une personne sur 12 a été contrainte de quitter son foyer à cause du conflit armé, estime Amnesty International. Les combats sporadiques rendent l’accès aux champs et aux marchés difficile.
Les autorités imposent des restrictions de déplacements dans certaines zones. L’accès à l’eau constitue pour les Burkinabés une véritable épreuve. Il faut aussi compter sur les pannes et les destructions des réseaux obligent les habitants à parcourir de nombreux kilomètres à pied pour se ravitailler.
Corruption endémique
Selon l’indice mondial du terrorisme, le Burkina Faso se place en tête du classement avec près d’un quart des décès dus au terrorisme dans le monde ». Toujours selon ce rapport, la perte de vies humaines a augmenté de 105 % Les zones frontalières du nord et de l’est du pays sont les plus touchées et l’intensification des actes violents à l’ouest et au sud, surtout à la frontière avec le Niger, le Togo et la Côte d’Ivoire.
« Les chiffres provisoires pour 2024 font déjà état de plus de 6 100 morts » dont une grande partie de civils, rapportent également les observateurs d’Armed Conflit Location and Event Data (ACLED). Le nombre de déplacés internes est passé de moins de 50 000 en janvier 2019 à 2,01 millions au 30 mars 2023, (dernier recensement en date), selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies.
En termes de besoins vitaux, l’accès aux soins ne cesse de se dégrader, là encore, en raison de l’insécurité permanente du pays. En juin 2023, 373 dispensaires étaient fermés au Burkina Faso, une situation affectant directement 3,5 millions de personnes. Ce ne sont pas les 167 millions de dollars que la Banque mondiale va verser au pays dans le cadre du Projet de renforcement de la performance et de la résilience du système de Santé (PRPRSS) qui vont changer la donne. Avec la corruption presque endémique du pays (41 points sur 100 en 2023 selon Transparency International. 38 points en 2012), il n’est pas certain que ces fonds bénéficient à ceux qui en ont le plus besoin.
Constantine Ndoko