David Tayorault a séjourné du 14 au 16 octobre 2021 à Ouagadougou au Burkina Faso où nous l’avons rencontré. Dans cet entretien, le musicien-chanteur revient sur la copie privée et sur les sos lancés par les artistes en détresse. David Tayorault demande à travers cet entretien aux Ivoiriens de soutenir la musique ivoirienne pour éviter que les artistes fassent des sos.
Vous êtes au Burkina Faso pour les Rema. Que peut-on en retenir ?
On peut retenir déjà que les Rema sont les Rencontres musicales africaines qui se tiennent à Ouagadougou sous l’égide d’un artiste musicien burkinabè, Alif Naba qui a eu l’idée ingénieuse de les créer pour que les acteurs du show-business puissent se rencontrer et échanger. Et c’est dans ce cadre que nous nous sommes réunis avec des acteurs du milieu culturel. Nous avons échangé sur la problématique des droits d’auteurs que traversent tous les pays francophones d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Donc, c’était une occasion d’échanger, de confronter nos idées et d’essayer de trouver des solutions face à tous ces maux qui minent l’industrie, et s’inspirer du modèle burkinabè. Les Burkinabè ont réussi à obtenir de l’État, l’application de ces fameux droits qui font défaut. Les gouvernements Ouest-africains ne veulent pas lâcher l’industrie culturelle. Ils ne veulent pas libérer la copie privée. Donc, le thème de cette année, a été la copie privée.
Au cours de ces rencontres, nous avons appris beaucoup de choses notamment, comment les Burkinabè ont fait pour l’obtenir du gouvernement et aujourd’hui, dans leur majorité perçoivent de gros droits d’auteur qui leur permettent de vivre décemment de leur métier. Moi, lors du panel, j’ai donné l’exemple de la Côte d’Ivoire qui lutte dans le milieu artistique ivoirien, depuis 3 décennies pour obtenir ces fameux droits. Donc, ce que j’ai appris aux Rema, je vais le restituer au conseil de restructuration du Burida auquel j’appartiens. Mon avis nous permettra d’élargir notre façon de travailler et on pourra se servir du modèle burkinabè pour essayer d’obtenir nous, aussi de notre côté l’application de cette copie privée.
Je crois que la ministre de la culture et le Premier ministre ont commencé à faire des consultations avec tous les secteurs du métier culturel en recevant les artistes pour discuter avec eux et prendre connaissance de leurs réalités quotidiennes.
Le Premier ministre a eu un échange très enrichissant avec des producteurs, des managers et les artistes. Le directeur général du Burida avait reçu le monde culturel par catégorie. Ce jour-là, il y avait tous ceux qui travaillent dans les métiers de la musique. Chacun a dit au Premier ministre qu’on a besoin effectivement que le gouvernement s’implique au niveau des lois, au niveau des structures qui nous permettent d’obtenir certaines choses pour le bon déroulement de l’industrie musicale ivoirienne.
Tout récemment, on vous avait vu au Sofitel hôtel ivoire en train de jouer au nom du groupe Woya avec à vos côtés, la grande Tiane. Qu’est-ce qui en est ?
Le groupe Woya revient et cela se matérialise par la sortie d’un ‘’Best of’’. C’est un coffret de deux Cd de 32 titres avec des versions originales et nouvelles. Nous y avons associé la jeune génération qui est venue interpréter des chansons qu’elle ne connaît pas mais dont leurs parents en étaient des fans. C’est cet alliage que nous voulons entre l’ancienne et la nouvelle génération. Nous avons expérimenté ce ‘’Best of’’ et on a eu raison de le faire parce que cela plaît à tout le monde. Derrière ce Cd, nous sommes en train de préparer un grand évènement qui va se solder par un gros concert comme à l’ancienne pour réconcilier tous les Ivoiriens avec la bonne musique.
Avez-vous un appel à lancer aux mélomanes ivoiriens ?
Il faut que les mélomanes ivoiriens, les anciens comme les nouveaux, les Ivoiriens dans leur majorité soutiennent la musique ivoirienne, l’art. L’industrie culturelle ivoirienne a besoin du soutien de ces promoteurs. Je demande aux opérateurs économiques de ne pas hésiter à investir dans ce milieu. On a vu au Nigéria, au Ghana et dans les pays d’Afrique australe. Le secteur culturel jouit d’une bonne manne financière dans le développement de chaque pays. C’est très important que les filles et fils de la Côte d’ivoire s’y mettent pour que leurs artistes arrêtent de faire des Sos. À chaque fois, les gens font Sos parce que derrière eux, il y a une gloire immatérielle. Il faut que cela cesse.
Propos recueillis à Ouaga par Mamadou Ouattara