J’aurais aimé que chaque homme politique ivoirien réponde à cette question : quelles leçons avez-vous tirées de la crise postélectorale de 2010 ?
Les pratiques politiques en Afrique ne sont pas souvent en conformité avec l’aspiration du peuple. Il arrive le plus souvent des évènements qui prennent le peuple lui-même en otage. L’histoire récente de la Côte d’Ivoire, notamment celle de 2010, en est la parfaite illustration. Je peux me tromper dans ma réflexion ou dans ma démarche, hélas ! Mais, en parcourant la presse et les réseaux sociaux tous les jours, je pense que nous n’avons pas tiré toutes les leçons de la crise postélectorale de 2010. Les signes avant-coureurs d’une situation tendue sont déjà en place. Je peux toujours me tromper.
Le constat est sans faux-fuyant, mi-figue, mi-raisin. Les cartes politiques sont rebattues et la configuration a totalement changé. Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée Nationale, ancien Premier ministre est hors de la Côte d’Ivoire, il court une condamnation à perpétuité, son parti GPS (Générations et Peuples Solidaires) est banni.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont revenus de La Haye après des temps d’emprisonnement différents et plus en désaccord que jamais. Entre temps, le FPI (Front Populaire Ivoirien) de Laurent Gbagbo est abandonné aux mains d’Affi N’Guessan, son ancien Premier ministre et camarade de lutte d’une certaine époque. Simone Ehivet, (dois-je ajouter Gbagbo ? Je crois qu’il faille attendre la décision de justice, à cet effet) a créé son parti politique MGC (Mouvement des Générations Capables).
Henri Konan Bédié a tiré sa révérence, il y a plus d’un an. Tidjane Thiam est l’actuel président du PDCI-RDA (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire- Rassemblement Démocratique Africain). L’industriel Jean-Louis Billon, militant du PDCI, ancien ministre d’Alassane Ouattara a annoncé sa candidature pour octobre 2025.
Entre l’appel de Bonoua de Laurent Gbagbo, dans lequel il veut l’union de l’opposition politique et l’attente de la décision d’Alassane Ouattara à savoir s’il sera candidat ou pas en octobre 2025 pour le compte du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), a-t-on véritablement avancé dans la résolution de nos problèmes politiques ?
Souvenons-nous. La proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle de 2010, avait tourné en affrontements armés. Cette situation a présenté le pays d’Houphouët-Boigny sous de pires hospices.
Le livre “Réflexions sur les pratiques politiques en Côte d’Ivoire” écrit par Angelo Koblan est une compilation de dix-sept articles écrits entre février 2010 et juillet 2011, une période marquée par des crises sociopolitiques et des tensions en Côte d’Ivoire. L’auteur y aborde des questions éthiques et spirituelles tout en offrant une analyse critique des pratiques politiques de l’époque. Il explore les racines des problèmes nationaux et interroge l’avenir du pays, s’efforçant d’être compris par un large public en utilisant un langage à la fois formel et accessible. À travers ses chroniques, Angelo Koblan relate les événements passés tout en proposant des perspectives pour évaluer la situation actuelle.
La crise postélectorale de 2010, déclenchée suite à l’élection controversée, constitue un point focal de ses réflexions. Après le second tour l’élection présidentielle de novembre 2010, des désaccords profonds sur les résultats ont éclaté entre les partisans de Laurent Gbagbo, alors président sortant, et ceux d’Alassane Ouattara, reconnu par le Président de la CEI d’alors et par les Institutions internationales comme le vainqueur.
Les tensions ont rapidement dégénéré en violences, plongeant le pays dans une grave crise. Le conflit a fait des milliers de victimes et a causé des déplacements massifs des populations. Les violences ont duré plusieurs mois jusqu’à l’arrestation de Laurent Gbagbo en avril 2011, marquant la fin d’un chapitre tumultueux de l’histoire ivoirienne.
Les écrits d’Angelo Koblan, courageux dans une période de crise, examinent les dynamiques complexes du pouvoir et les implications éthiques des décisions politiques. En publiant ces réflexions quelques années plus tard, l’auteur aspire à ce que ses lecteurs tirent des leçons de cette période critique et envisagent des solutions pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Angelo Koblan souligne l’importance de la réconciliation nationale et de la construction d’institutions démocratiques robustes pour éviter la répétition de telles crises. Ses analyses visent à offrir des outils de compréhension et d’action pour une société ivoirienne plus stable et prospère.
Au regard de toutes les bonnes intentions d’Angelo Koblan, où en sont les Ivoiriens dans leur quête de paix et de stabilité avec une élection présidentielle qui se positionne dans un an, environ ? Chacun a-t-il fait le meilleur du sein pour ne plus revenir à nos démons de 2010 ? Je ne pense pas. Attention donc.
“REFLEXIONS SUR LES PRATIQUES POLITIQUES EN COTE D’IVOIRE”. Angelo Koblan. L’Harmattan Cote d’Ivoire. 2011.
Avec la collaboration de Diabagaté Berlusse (Lecture et résumé de l’œuvre).
