Didier Leschi, le Directeur Général de l’Office Français de l’immigration et de l’intégration (OFII), était de passage à Abidjan où il a inauguré, le jeudi 21 novembre 2024, la représentation en Côte d’Ivoire de la structure. Organisme publique de l’État français, l’OFII, représentée dans plusieurs pays, est chargée de gérer, entre autres, le dispositif d’aide au retour et à la réinsertion, dans leurs pays d’origine, des ressortissants étrangers en situation irrégulière en France. Elle est aussi chargé d’organiser la visite médicale obligatoire des ressortissants étrangers ayant obtenu un droit au séjour en France. Ce Préfet selon qui l’OFII à déjà pris en charge la réinsertion de 230 migrants ivoiriens de retour volontaires au pays et a permis la création de 113 entreprises commerciales, 12 exploitations agricoles, 42 élevages ou encore 51 entreprises de services, a accordé un entretien à l’intelligent d’Abidjan et à Afrikipresse.
Quelle est l’importance de cette inauguration ?
L’importance pour nous, c’est d’avoir la possibilité d’être dans un pays dans lequel la collaboration avec les autorités est bonne. Nous étions présents au Mali d’où nous avons été obligés de partir. À chaque fois que nous prenons un pays qui nous permet de travailler, pas simplement dans le pays mais aussi dans les pays voisins autour, c’est avantage. Nous intervenons dans les pays de la sous-région. En Côte d’Ivoire, nous apprécions la qualité de l’accueil et de la coopération. En plus, c’est un pays qui est en plein développement. C’est aussi important, puisqu’une partie de notre activité est de permettre à des personnes qui voient leurs parcours migratoires échouer en France, de pouvoir revenir et développer ici une activité économique pour se stabiliser et participer au développement de leur pays.
Vous avez parle de parcours migratoire. Alors, en ouvrant une représentation à Abidjan, n’est-ce pas une façon pour la France de fermer les portes aux ivoiriens ?
C’est le contraire. D’abord, il faut reprendre les chiffres. La Côte d’Ivoire, c’est plus de 40 000 visas distribués tous les ans. C’est plusieurs milliers de personnes qui obtiennent tous les ans un titre pour séjourner en France. La particularité de la France, c’est d’être ouvert à l’immigration. Cela ne veut pas dire que tout le monde peut venir comme il le veut. Mais je rappelle qu’en 2000, il y avait 7 % d’immigrés dans la population en France. Aujourd’hui, c’est 11%. Et dans l’augmentation, la part des subsahariens est particulièrement importante. Donc, c’est plutôt l’inverse. On n’a jamais eu l’année dernière autant de visas donnés à des étudiants. Ce sont plus de 104 000 étudiants qui ont obtenu un visa pour études pour la France. Les Ivoiriens sont parmi ceux qui en bénéficient aussi. C’est près de 3000 personnes qui obtiennent un titre de séjour au titre du regroupement familial tous les ans à partir de la Côte d’Ivoire.
Comment les choses vont désormais se passer avec les demandeurs d’asile, par exemple ? Concernant la Côte d’Ivoire, les demandes se feront désormais à partir d’Abidjan ?
Non. Pas du tout !
Expliquez-vous alors.
La demande d’asile se fait en France. Elle ne se fait pas l’ambassade de France à Abidjan. Elle est traitée par l’Office français pour les réfugiés apatrides en France. Non la demande, elle se fait une fois que vous arrivez en France.
Nous avons constaté que l’OFII aide aussi au retour …
Oui. Mais d’abord, sachez que l’année dernière, il y a à peu près 6000 ivoiriens qui ont demandé l’asile en France. Maintenant la question, c’est de savoir si leur demande d’asile est légitime ou pas. On sait bien qu’il y a l’utilisation de la demande d’asile qui, en réalité, est un moyen de venir ou d’être en situation régulière. Puisque, une fois qu’on a demandé l’asile, pendant tout le temps où on n’est pas débouté, on est en situation régulière. Mais en réalité, ce n’est pas de l’asile au sens de la Convention Genève. Ça, c’est une manière de vouloir y arriver et puis après d’espérer une régularisation. Mais ce n’est pas de l’asile au sens de persécution.
Parlant de la demande d’asile, l’on se rappelle qu’il y a eu une polémique sur les chiffres. Les autorités ivoiriennes ne reconnaissaient pas les chiffres annoncés par l’Ofii et les nationalités. Comment vous faites pour déterminer la nationalité de ceux qui demandent l’asile ?
Ce n’est pas L’OFII qui fait cela. c’est L’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides. Ndlr). L’OFII ne détermine pas la nationalité des personnes c’est l’OFPRA qui publie des chiffres qui sont publics et qu’on trouve sur internet. Après, effectivement, il peut y avoir un décalage entre ce qui est déclaré par quelqu’un et la réalité. C’est indéniable. Mais le droit français et international, sur la base de la Convention de Genève, c’est qu’on est obligé d’enregistrer les personnes à partir de la nationalité qu’elle déclare. C’est après qu’au cours de de l’entretien, qu’on appelle un entretien de protection, qu’on va voir si la nationalité déclarée est vraie ou pas. Quand la personne arrive, elle va s’enregistrer comme demandeur d’asile dans une préfecture en France. Si elle détermine sa nationalité, on l’enregistre à partir de sa déclaration et les chiffres sont ceux à partir de la déclaration. Si elle dit qu’elle ivoirienne, béninoise, marocaine ou autres, on l’enregistre à partir de la nationalité qu’elle déclare. Et les chiffres sont ceux de la déclaration.
Quel est le message que vous souhaitez lancer aux Ivoiriens en particulier et aux Africains en général ?
Le message est assez simple. Nous avons des échanges réguliers entre la France et la Côte d’Ivoire. Il y a beaucoup d’Ivoiriens qui viennent en France dans le cadre de procédures régulières avec l’obtention de visa ou même des travailleurs. J’incite les personnes qui voudraient venir de manière irrégulière à bien réfléchir et, en réalité, à ne pas le faire. Parce que la situation en France est quand même une situation difficile. Vous lisez la presse et vous savez bien que nous avons des difficultés économiques et même des difficultés de stabilité politique puisque nous sommes en pleine discussion budgétaire avec les aléas. Nous avons beaucoup de tensions sur le logement. La vie en France n’est pas facile en réalité. Parfois même, on peut envier un taux de progression de l’économie ivoirienne qui est à 6 % alors que nous, c’est beaucoup moins. J’incite donc les personnes à ne pas tenter l’aventure dangereuse. Et puis, à ceux qui nous écoutent et qui sont en France, qui sont en situation irrégulière, d’aller voir L’OFII qui peut les aider à revenir en Côte d’Ivoire. Il y a ici une collaboration avec les autorités pour faire de la réinsertion.
Réalisée par Joël Touré, Jean-Hubert Koffo et Yaya Kanté