Dans une contribution sur sa page Facebook, Said Penda, journaliste, ancien correspondant de BBC Afrique, opère une véritable remontée à l’endroit de ses détracteurs, qui avaient mis en doute la pertinence de ses écrits suite à des informations publiées il y’a un mois environ lors du coup d’État au Mali. Dans sa remontada fracassante, le confrère Saïd Penda tente une rétrospective des motifs de l’irrecevabilité et de l’invalidité des 40 dossiers de candidatures sur 44 présentés au contrôle du conseil constitutionnel le 14 septembre 2020.
Pour le journaliste d’investigation, l’ex ministre ivoirien des affaires étrangères et candidat, Marcel Amon-Tanoh serait un prisonnier en sursis pour fraude aux parrainages. Une sortie qui ne devrait pas rester sans suite de la part des mis en cause, et même de la justice ivoirienne , alors que des observateurs constatent que personne n’envisage encore de poursuites judiciaires contre les électeurs qui ont parrainé deux fois au moins.
« Cette année, pour la 1ère fois, la Côte d’Ivoire a introduit l’exigence de parrainage des candidats par les électeurs. Approuvé à l’unanimité par les parties politiques, toutes tendances confondues, afin d’empêcher les candidatures farfelues d’individus ne disposant d’aucune assise nationale, le parrainage s’est avéré efficace pour freiner les candidatures fantaisistes, mais des malins ont cru pouvoir contourner ce verrou, en usant notamment de fraude.
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Selon mes investigations, aucun candidat même pas Alassane Ouattara- n’est sorti indemne du contrôle des parrainages effectué par le Conseil Constitutionnel. Deux cas ont été relevés par le Conseil : celui des parrainages annulés pour des erreurs lors de l’obtention, et ceux qui se sont clairement rendus coupables de fraudes caractérisées. Dans le 1er cas, on pouvait tracer les parrains et le croisement du numéro de la carte d’électeur avec celui de la carte d’identité n’a relevé aucune discordance. Les parrainages ont malgré tout été annulés, soit parce que les mêmes individus avaient déjà accordé leur parrainage à un autre candidat, soit pour d’autres raisons mineures.
Comme le prévoit la loi, le Conseil Constitutionnel a donné 48H aux candidats concernés pour compléter les parrainages annulés, pour ceux d’entre eux dont les annulations étaient si importantes qu’ils ne disposaient plus du nombre de parrainages requis par région.
Les candidats Mamadou Koulibaly, Mabri Toikeusse et KKB se sont retrouvés dans ce cas-là. Si KKB a pu remplacer ses parrainages problématiques dans le délai imparti de 48H, Mamadou Koulibaly et Mabri se sont montrés incapables de réunir suffisamment de parrainages additionnels.
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Le Conseil Constitutionnel a cependant été également confronté aux situations de fraudes avérées sur les parrainages. Il s’agit de candidats qui se sont contentés d’aller sur Internet piocher des électeurs au hasard. Ils faisaient ensuite remplir les fiches de parrainage en leurs noms par des équipes qui ont parfois travaillé 24h/24. Si les noms et numéros des cartes d’électeurs sont accessibles à tous sur Internet, les fraudeurs ne pouvaient cependant pas disposer de numéros de Cartes Nationales d’Identité (CNI) d’individus qui ne leur ont, dans les faits, pas accordé leur parrainage. Confrontés à cette difficulté, les fraudeurs ont tenté de la contourner en fabriquant de faux numéros de CNI. La fraude dans ces cas est clairement établie car ce que ces arnaqueurs ignoraient vraisemblablement, c’est que le Conseil Constitutionnel s’était donné les moyens pour croiser les numéros des cartes des électeurs parraineurs supposés avec ceux des Cartes Nationales d’Identité de ces derniers.
Pour ces cas de fraudes irréfutables, les parrainages incriminés étaient tout simplement annulés, sans que les candidats concernés soient invités à les remplacer, la fraude ne relevant pas d’une erreur à corriger, mais plutôt d’une infraction punie par l’article 54 du code électoral. L’ex-ministre Marcel Amon-Tanoh a lui-même déclaré que ses parrainages ont été annulés sans qu’il soit invité à les remplacer “comme ce fut le cas pour d’autres candidats”.
On peut donc raisonnablement conclure que l’ancien ministre des affaires étrangère du président Ouattara est un prisonnier en sursis. L’article 54 du code électoral prévoit en effet que “Quiconque aura organisé ou planifié des actes qualifiés de fraude ou de tentative de fraude sur le parrainage” sera puni d’une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 100.000 CFA à 1.000.000 CFA.Ce qui est vrai, est vrai ! », a révélé Said Penda Mbombo, dans sa contribution qui fait déjà des vagues, et qui ne peut laisser sans réaction.
Philippe Kouhon