Le samedi 30 septembre dernier marquait l’anniversaire du coup d’État au Burkina Faso. Un an plus tard, où en est la situation sécuritaire ?
En 2022, des manifestants protestent contre le pouvoir en place dû à l’insécurité. Poussé par une mutinerie de soldats, le président Roch Marc Christian Kaboré démissionne en janvier.
À peine huit mois après sa prise de pouvoir, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est destitué à son tour. Le 30 septembre, le capitaine Ibrahim Traoré prend la tête du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), synonyme d’un gouvernement de transition.
« Loin de libérer les territoires qui étaient occupés, de nouvelles zones sont tombées sous le contrôle de groupes armés terroristes. Notre vaillant peuple a assez souffert et souffre encore » commentent les autorités.
Dès lors, l’objectif est de pallier l’insécurité et la montée du terrorisme sur le territoire, que les précédents dirigeants n’ont pas su résorber. Or, la réalité du terrain montre que les failles sécuritaires subsistent malgré de nouvelles mesures prometteuses.
Des chiffres stagnants
Depuis octobre 2022, le nombre de Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) recrutés connaît une hausse fulgurante. Le MPSR comble ainsi son déficit en personnel dans le pays. Un mois plus tard, 90 000 VDP sont comptabilisés.
Le pari est pourtant délicat : ces supplétifs civils sont souvent pris à partie par les assaillants. En septembre 2023, 36 miliciens ont été tués lors d’un combat contre un groupe armé terroriste, selon un communiqué officiel. Ces intenses campagnes de recrutement interviennent dans une période où le pouvoir en place met fin à des partenariats militaires alliés.
D’après les données de l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), les Forces Armées du Burkina Faso (FABF) ont perdu 20 % du contrôle du territoire. Cette année marque également un triste record avec un total de 2 500 morts, causées par des attaques terroristes. Sans oublier les évènements de Karma, dont les contours sont encore à éclaircir.
Un avenir indéterminé
Le week-end du 30 septembre, tandis que les médias locaux évoquaient de nouvelles élections pour juillet 2024, le gouvernement les juge désormais « non-prioritaires », contrairement à la lutte contre l’insécurité. Aucune nouvelle date n’a encore été suggérée.
Si en février les autorités niaient tout rapprochement avec le groupe paramilitaire Wagner, aujourd’hui les spéculations vont bon train.
Le pays a reçu une délégation russe officielle début septembre. Depuis, des rumeurs circulent sur une potentielle alliance avec Wagner. Le Burkina marcherait, de fait, sur les pas du Mali où les mercenaires russes, malgré les accusations d’innombrables exactions contre les civils, agissent pour le compte du gouvernement de transition.
Constantine Ndoko