Dans une lettre en date du vendredi 17 décembre 2021 adressée aux militants du congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dont il est le président d’honneur, l’ex-président président burkinabè Blaise Compaoré a apporté son soutien à Eddie Komboïgo, le président actuel du parti. Dans ce courrier, il a émis des critiques vis-à-vis de la gestion du chef l’Etat burkinabè Marc Christian Kaboré.
Blaise Compaoré a apporté son soutien Eddie Komboïgo qui était contesté par certains vice-présidents du parti. « Chers membres, à l’aube de cette fin d’année 2021, je souhaite vous confirmer solennellement que je me porte bien et mieux. Passé une petite période d’alerte ponctuelle au niveau de santé routinière, la fatigue a laissé place à un dynamisme retrouvé. Désormais disponible, présent et vigilant, comme toujours, vous ne serez pas surpris d’apprendre que mon regard sur la situation catastrophique que traverse notre pays m’interpelle hautement. Je saisis l’opportunité présente pour saluer la récente réactivité ferme de l’actuel président de notre parti, monsieur Eddie Komboigo. Sa sortie affirmée contre l’incurie et l’inaction ahurissantes des autorités de notre pays face au péril et à la détresse de nos forces de défenses nationales répondait à juste titre au découragement affiché par la population », a déclaré Blaise Compaoré , apportant ainsi son soutien à Eddie Komboigo qui a été d’ailleurs réelu à l’unanimité à la tête du parti pour un mandat de 4 ans au terme du 8ème congrès ordinaire du parti tenu les 18 et 19 décembre 2021.
Blaise Compaoré, dans son courrier n’a pas été du tout tendre avec le régime de Marc Christian Kaboré. Il a dit constaté que l’heure n’est pas à la réjouissance dans son pays et que le constat est alarmant.
« Ce constat et d’autant plus choquant car toutes les chances ont été accordées au gouvernement en place pour faire ses preuves et faire avancer notre nation. Mais où en sommes-nous actuellement? La question est légitime. Alors, nous le CDP, devons nous remettre au travail – chacun – à sa manière – et selon ses capacités au sein de notre mouvement. Rassemblons-nous, au lieu de nous diviser et surtout, évitons les erreurs d’hier. Nul n’est parfait. Certes. (…) Nous savons tous (Hélas) que le leadership ne s’invente pas. Non, le leadership ne s’improvise point. Ce gouvernement l’apprend à ses dépens, et le peuple le paye – malheureusement – chèrement. Nos concitoyens sont aujourd’hui confrontés à une crise aiguë de leadership à la tête de la nation. L’Etat a échoué sur toute la ligne à garantir le minimum attendu et espéré . Le constat est brutal en effet. Nous en prenons acte. Le pays n’a plus de leadership digne de ce nom. En fait, il l’a perdu. Aujourd’hui, l’heure est désormais au réveil. Le vaillant peuple doit se prendre en main. Notre parti doit se prendre en main. Nos leaders doivent se prendre en main. Chaque foyer doit prendre ses responsabilités et réclamer des comptes. Aucun burkinabé ne doit plus être l’otage des amateurs et autres apprentis sorciers », dixit Blaise Compaoré dans sa lettre.
S’adressant aux forces de défense et de sécurité, il a indiqué que les souffrances ont assez duré. « Fière armée du Burkina, vous méritez plus de considération après tant de sacrifices. Vos efforts méprisés par une gestion approximative généralisée devraient plutôt faire l’orgueil du peuple, et non l’objet de spéculations maladroites sur des supposés résultats concrets attendus par des décideurs politiques, qui ignorent par ailleurs, sciemment vos sacrifices quotidiens. Que le sursaut patriotique s’éveille en vous. Vous valez mieux, vous méritez mieux. Mon soutien à votre égard n’a jamais fléchi et ne régressera jamais. Frère d’armes, sachez qu’il ne se passe pas un jour sans que j’aie une pensée pour vous tous. Que vous soyez au front, dans les casernes, dans nos rues, dans les villes et villages, etc. Face au danger, vous ne reculez point – fort heureusement -. Cependant, prenez conscience que notre chère nation est désormais fragile et en danger. Incompris et ignorés, vous n’avez d’autres choix que de forcer le respect. La défense des intérêts supérieurs de la nation vous commande à ne plus être qu’un observateur ordinaire. Vous devez être un vecteur de changement pour la paix et la stabilité au Burkina Faso et donc un acteur de premier plan », note t-il.
Pour terminer il a lancé un appel aux militants de son parti : « En clair, cher membres, camarades, ce réveil national tant souhaité par le peuple tout entier doit émaner de vos rangs et ramener la sérénité sur toute l’étendue du territoire national. La lutte pour le rétablissement de l’ordre moral et à la gouvernance responsable doit être la priorité absolue de notre parti. Telle est la mission. Tel est notre devoir suprême. Pour ce faire, la cohésion de nos actions est fondamentale. L’échec constaté du gouvernement après tant d’espérance placée en lui, nous conduit à affronter les défis – hélas connus – de relever nos manches et de remettre le pays sur pieds. Nous en sommes capables, et vous le savez. Chers membres, le redressement impératif qui s’impose ne devrait plus être qu’une utopie lointaine, mais une obsession constante de chacun d’entre-nous ».
T.A.B