Dans un communiqué diffusé lundi, les élus de la nation atikamekw1 disent passer « en mode d’affirmation unilatérale de ses droits sur son territoire ancestral, le Nitaskinan. [La Première Nation] exige dorénavant son consentement pour tout développement, usage et exploitation des ressources qui s’y trouvent ».
Le communiqué fait état d’une déclaration de souveraineté qui a été adoptée à l’unanimité par les représentants élus de la nation.
« Il est fini le temps de la négation des droits non cédés par les Atikamekw, au profit d’un État qui impose ses règles comme si ces droits n’existaient pas. Notre juridiction, nos règles et nos conditions devront désormais être respectées », affirme le grand chef Constant Awashish dans le communiqué.
La nation considère que ses relations avec les gouvernements fédéral et provincial sont dans un « cul-de-sac » et dit être devant un mur d’indifférence qui bloque son développement. « Nous n’avons pas d’autres choix que de prendre nous-mêmes les moyens nécessaires pour forcer le changement », ajoute Constant Awashish.
En juin dernier, le chef Awashish s’était réjoui du jugement rendu par la Cour suprême du Canada en matière de droits ancestraux autochtones concernant la Première Nation britanno-colombienne Tsilhqot’in. Il considérait que les conclusions du jugement pourraient s’appliquer à sa communauté.
Les juges de la Cour suprême ont reconnu un titre ancestral à la Première Nation Tsilhqot’in sur un territoire de plus de 1750 kilomètres carrés.
M. Awashish disait croire que ce jugement renforçait les revendications territoriales de la nation atikamekw sur un territoire couvrant une partie des Laurentides et de la Mauricie.
À l’été 2012, des Atikamekw avaient dressé des barrages sur des routes de la Mauricie, bloquant ainsi l’accès à des chantiers forestiers. Ils tentaient ainsi de forcer Québec à reprendre les négociations pour la reconnaissance de leurs droits territoriaux.
Fin 2013, les représentants atikamekw avaient conclu une entente « de nation à nation » avec Québec concernant la gestion et le développement des ressources naturelles et du territoire.
Deux des trois communautés atikamekw, Manawan et Wemotaci, ont entériné l’entente, tandis que la communauté d’Obedjiwan l’a rejetée par voie référendaire.
Le territoire ancestral atikamekw s’étend sur près de 80 000 kilomètres carrés. Il englobe une bonne partie de la Mauricie. Il est bordé à l’est par la région du Lac-Saint-Jean, au sud par le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Trois-Rivières et Shawinigan, au nord par le territoire défini dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, et à l’ouest par les régions des Laurentides et de l’Abitibi-Témiscamingue.
Note : 1
Les Attikameks (ou Nehiraw-iriniw en atikamekw), anciennement connus sous le nom de Têtes-de-Boule1, sont des autochtones originaires et occupant le Nitaskinan (littéralement « notre terre », aski voulant dire terre), leur territoire ancestral, situé dans la vallée de la rivière Saint-Maurice (Québec) et chevauchant les régions de l’Abitibi, du Lac-Saint-Jean, de la Mauricie et de Lanaudière. Ce territoire couvre quelque 80 000 km² et est bordé par les territoires traditionnels des Wendat, des Algonquins et des Cris.
Le nom Attikamek désigne dans cette langue le Grand corégone (ou poisson blanc). La langue atikamekw, qui est un dialecte cri, appartient à la famille des langues algonquiennes et est toujours utilisée quotidiennement par la majorité de la population.
Traditionnellement, ils pratiquent la pêche, la chasse et la cueillette. Ils auraient été les découvreurs du sirop d’érable[réf. nécessaire]. Les Atikamekw ont des liens traditionnels avec le peuple Innu, qui était leur allié historique contre les Inuit.
afrikipresse avec radio-canada