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    Coalition ça suffit : Journalistes de CÔTE D’IVOIRE, réveillez-vous ! 

    Coalition ça suffit : Journalistes de CÔTE D’IVOIRE, réveillez-vous ! 
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Un journalisme de plus en plus tourné vers le buzz, la petite phrase au détriment de l’analyse et de la profondeur, du compte-rendu, de l’investigation essentielle, voilà ce que nous observons aujourd’hui.

    Le vrai journalisme est un journalisme de terrain et d’investigation, un journalisme citoyen et responsable, un véritable contre-pouvoir. Le traitement médiatique approximatif nourrit la défiance des ivoiriens les uns envers les autres et surtout envers les politiques. La confusion dans le traitement de mesures envisagées et celles effectivement prises entraîne, à notre sens, une désinformation. Les commentaires prennent le pas sur les faits et l’actualité est lue ou écoutée de façon réductrice.

    Nous voulons, avant de poursuivre, reconnaître et saluer le sacrifice des journalistes du monde entier et singulièrement ceux de CÔTE D’IVOIRE. Oui nous savons combien il est difficile de faire ce métier dans un environnement de plus en plus hostile à l’épanouissement de l’Homme. C’est aussi l’occasion, pour nous, de condamner avec force toutes les arrestations, la détentionet l’assassinat de journalistes partout dans le monde.

    Nos pensées vont au journaliste-bloggeur Daouda Coulibaly bastonné par les forces de l’ordre devant la Commission Electorale Indépendante (CEI) alors qu’il ne faisait que son travail ; celui d’informer.

    Nous voulons rendre un hommage appuyé à toute l’équipe de l’hebdomadaire satirique l’Éléphant Déchaîné (journal d’investigation) avec à sa tête monsieur Tiémoko Antoine Assalé pour l’excellent travail.

    Qu’est-ce qui se passe réellement en Côte d’Ivoire ?

    Depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, notre démocratie souffre d’un grave problème : la presse dans son ensemble est déclarée en crise. Elle est comme sous perfusion. A la fois très critiquée mais jugée nécessaire à la société ivoirienne, la presse renferme en son sein de nombreuses contradictions gravissimes.

    La première fonction attribuée à la presse, la plus évidente d’ailleurs, est celle d’informer. Mais nous renseigne-t-elle réellement et toujours sur la réalité ? Ou passe-t-elle le plus clair de son temps à nous divertir ? Pourquoi le vrai débat contradictoire n’existe-t-il toujours pas ?

    En effet, la liste des thèmes abordés dans la presse ivoirienne est révélatrice de ce qui est manqué : baisse du lectorat ; attente des publics ; manque de débats démocratiques contradictoires ; pluralisme et diversité qui détournent ; mauvaise émergence et mauvais développement de groupes de presse ivoirienne, en Côte d’Ivoire et à l’international. Le lien direct entre la presse et la société et/ou la citoyenneté ne semble toujours pas être abordé chez nous. Des questions fondamentales restent en suspens : à quoi sert la presse ivoirienne ? Pourquoi a-t-elle été mise en place ? Quel est son rôle dans la société d’aujourd’hui ? Ce rôle est-il le même que celui d’il y a 10, 20, 50 ans ? La crise de la presse vient-elle du fait que la presse est restée la même ? Du fait des systèmes politiques qui se sont succédé ?

    La question de savoir ce que nous voulons pour la presse est différente de celle qui revient à se demander quel est le lien actuellement entre la presse et la société dans une démocratie telle que celle que nous connaissons en Côte d’Ivoire. Ce qui est interrogé ici, ce n’est pas que l’évolution de la presse mais plus encore celle du lien entre la presse et la société.

    Une société démocratique est une « société libre et égalitaire où le peuple a une influence déterminante dans l’invention et l’exécution de la loi ». Par presse, il s’agit avant tout de la presse écrite et audio-visuelle mais afin de comprendre la complexité du phénomène, des références à d’autres médias, comme l’Internet, ne sont pas écartées. Globalement le terme de presse désigne l’ensemble des moyens de diffusion de l’information (quelle qu’elle soit), ce qui inclut les supports en eux-mêmes (journaux, magazines, télévisions…) ainsi que les organismes professionnels liés à la diffusion. Le problème fondamental de l’information en Côte d’Ivoire est-il une particularité ?

    La réponse à cette interrogation nous amène à revenir à ses origines pour comprendre son rôle dans les sociétés démocratiques. C’est l’édification de ce rôle qui permet de mieux appréhender la presse d’aujourd’hui. Pour autant, il est difficile d’affirmer qu’il est possible de sauver la presse simplement en la faisant retourner à ce qui était sa fonction d’origine. Les évolutions dont elle résulte ainsi que celles qu’ont connues les sociétés démocratiques rendent problématique un simple retour en arrière. Alors qu’il est reproché à la presse ivoirienne de ne pas avoir su évoluer en même temps que la société.

    Ainsi, la question fondamentale est de savoir si nous pouvons sauver la presse ivoirienne. Les différents changements qu’elle a connus ainsi que ceux de la société ne signent-ils pas sa mort ? Nous savons que certains acteurs de la presse ne sont pas indifférents à la crise qui les touche directement et écrivent ou dénoncent également ce qui se passe. Appartenant à la fois à la société et à la presse, ils occupent une position particulière pour penser le lien entre les deux. Leur connaissance pratique est un support pour la réflexion philosophique. Ils sont donc à l’aune de ce combat, et ont produit différentes réflexions (articles ou informations) parues dans la presse ivoirienne ou étrangère. Sans grand changement, apparemment !

    Journalistes de Côte d’Ivoire, réveillez-vous ! Vous avez un rôle très important, l’information étant un des éléments les plus nécessaires à la démocratie. Vous devez avoir le courage de vos convictions, le courage de la vérité, le courage de sortir des informations crédibles à tous les citoyens. Vous vous demandez sans doute : comment trancher entre le sensationnel et le fondamental sachant combien il est difficile de retenir l’attention sur des sujets difficiles ? Comment concilier, dans cette difficile mission d’informer, la rigueur dans la relation des faits, la pression de la nécessité d’un audimat satisfaisant, l’accroche indispensable du téléspectateur saturé par les informations ? Comment concilier la mission d’information et le risque d’être manipulé ? Comment être plus prudents dans les images et les messages retransmis sans plonger dans une forme de censure ? Travailler pour une chaîne publique ou pour une chaîne privée d’information modifie-t-il votre relation à l’événement ? Non, ça suffit ! Vous pouvez mieux faire !

    Vous pouvez faire preuve d’objectivité, laquelle consiste à imposer une distance critique entre les faits et sa propre interprétation des faits ; de l’honnêteté et l’exactitude, à travers le respect scrupuleux des faits, lesquels doivent être collectés avec rigueur – ce qui implique une procédure de vérification sans complaisance, sans recours à des procédés déloyaux, et présentés de bonne foi ; de l’impartialité, qui consiste à rechercher et à exposer les divers aspects d’une situation, en faisant preuve de neutralité, de rigueur intellectuelle, ce qui implique des analyses prenant en compte TOUS les faits et pas seulement ceux de nature à servir tel ou tel préjugé ; de respect du public, qui inclut le respect de la vie privée et de la dignité humaine, pour lequel il faut observer des normes de sobriété et d’intégrité ; d’équité, qui conduit à considérer tous les citoyens comme égaux devant les médias, comme ils le sont normalement devant la loi ; d’indépendance, qui permet d’éviter toute connivence et toute compromission avec des pouvoirs et des groupes de pression ; de l’esprit critique, qui impose aux journalistes que vous êtes de douter de façon méthodique, de faire usage de la remise en question permanente, de la lucidité et de la vigilance, qui amènent à cerner et à mesurer l’impact de ses dires et écrits, ou encore de ses positions.

    Ça suffit ! Vous pouvez mieux faire !

    Roger YOUAN
    Président de la Coalition ÇA SUFFIT !

     

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