Aly Touré est représentant de la Côte d’Ivoire auprès des institutions internationales pour les produits de base, secrétaire national du RDR chargé des relations avec les institutions internationales et porte-parole de ‘’Convergence 2020’’. Il a accepté de parler de la diaspora ivoirienne dont il est issu, de son engagement pour la réconciliation nationale ivoirienne , et du sens de la candidature d’Alassane Ouattara à sa propre succession.
Monsieur Aly Touré, pourquoi l’on vous aperçoit très souvent aux côtés des associations et organisations de la diaspora ivoirienne en France?
Rien d’autre ne me motive en dehors du plaisir que j’ai à me retrouver en tout lieu et en tout temps avec mes sœurs et frères ivoiriens. Et nous avons tous besoin de nous retrouver souvent, surtout quand on vit loin de son pays. Cette fois, je suis à Paris sur invitation du collectif des femmes ivoiriennes de la diaspora qui se sont regroupées en fédération en dehors de toutes considérations, ethnique, politique, et tribale. Je les ai rencontrées à leur demande et nous avons échangé sur leurs initiatives et actions relatives à leurs contributions au développement de notre pays, la Côte d’Ivoire. J’aime parler de paix et de développement de la Côte d’Ivoire avec mes compatriotes ivoiriens.
Vous êtes le secrétaire national du RDR chargé des relations avec les institutions et organismes internationaux, et vous êtes très ami avec de nombreux partisans de Laurent Gbagbo à Paris, cela ne vous pose -t-il pas problème ?
Nooon, mais pourquoi dites-vous cela ? On peut être militant ou cadre du RDR et avoir ses amitiés partout en Cote d’Ivoire y compris chez les partisans de Laurent Gbagbo, et vice-versa. Il n’y a à ce stade ni incompatibilité, ni antinomie. C’est cela même qui doit être la règle et non le contraire. J’ai toujours dit que je suis contre la logique des tensions, crispations et affrontements. Le président de la République, SEM Alassane Ouattara, a indiqué sa ferme volonté de voir les Ivoiriens vivre ensemble dans l’amour et la paix, son souci de nous voir réconciliés. Bien entendu, il appartiendra à chacun d’entre nous de jouer sa partition sans relâche. Je prends ma part en allant vers mes compatriotes toutes tendances confondues. Je n’arrête pas de dire que c’est parce que nous avons arrêté de nous parler un moment dans ce pays que nous nous sommes entre-tués. Il est temps de sortir de cette logique de méfiance et de défiance permanente pour nous parler de ce qui nous unis face à face et les yeux dans les yeux. On doit se parler , sans que cela empêche quiconque de rester ferme sur ses convictions dans l’intérêt supérieur de la Cote d’Ivoire.
Lors de votre conférence de presse au Press-Club de France à Paris, vous aviez invité Zap Krasso du COJEP et Abel Naki du CRI Panafricain , dont vous avez oeuvré e retour en Côte d’Ivoire.
Nous avons effectivement parlé et échangé avec des partisans du président Laurent Gbagbo car j’estimais qu’après la crise qui a fait tant de tort à la Côte d’Ivoire, il fallait que nous nous reparlions. C’est ainsi que des partisans de Laurent Gbagbo et moi nous nous sommes rencontrés. J’avais même souhaité qu’un pro-Gbagbo prenne le porte-parolat de ‘’Convergence 2020’’ en France d’une part, et d’autre part qu’Abel Naki du CRI-Panafricain et zap Krasso du COJEP m’aident à rencontrer des partisans de Laurent Gbagbo en France de sorte que nous discutions de la Côte d’Ivoire. Tout cela parce que la ‘’Convergence 2020’’ se veut une plate-forme de discussion et d’échanges sur une Côte d’Ivoire développée et paisible. Cela ne s’est pas encore réalisé, mais j’ai bon espoir que ça arrivera.
Et votre rôle dans le retour d’Abel Naki à Abidjan ?
Abel Naki est un grand garçon, et la Côte d’Ivoire est son pays. Il y va quand il veut et comme il le souhaite. Il n’a pas besoin de moi pour aller à Guibéroua. Seulement je dis en terme général, il faut faire attention quand on parle, parce que les sachants ont le ventre profond. Et rappelez-vous que ceux qui savent ne parlent pas , et ceux qui parlent beaucoup ne savent pas de quoi ils parlent
Cette action d’aider à son retour à Abidjan ne visait -t-elle pas à nuire à sa carrière politique ?
De quoi parlez-vous ? De quelle carrière politique d’Abel Naki vous voulez me parler ? Vous savez, le ministre d’État Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité l’a qualifié d’activiste pro-Gbagbo, et non d’homme politique, au sortir de la rencontre qu’ils ont eue. Pour moi Abel Naki n’est pas un homme politique, il reste également à mes yeux un activiste pro-Gbagbo, comme beaucoup de ses compagnons.
Vous et votre organisation ‘’Convergence 2020’’ organisez une conférence publique à Paris sur le bilan des actions du président Alassane Ouattara avec pour intervenants le Dr Samuel NGUEMBOCK, le Dr Cheick Tidiane GADIO et le Ministre GNAMIEN N’GORAN. Qu’est ce qui vous fait courir ? Êtes-vous déjà en campagne pour le candidat Alassane Ouattara ?
Si vous parlez de la Cote d’Ivoire, il faut indiquer qu’aucune campagne électorale n’est encore ouverte et que nous ne connaissons pas encore la liste des candidats à un quelconque scrutin. Il est peut être bon que nous puissions ici dire aux uns et aux autres ce qu’est la ‘’Convergence 2020’’. En effet, suite à la crise postélectorale qui a fait tant de mal à notre pays, la Cote d’Ivoire, mes amis et moi avions décidé de mettre sur pied une plateforme permanente d’échanges et de discussions en vue de participer à la reconstruction de la cohésion nationale durement éprouvée par tous ces événements douloureux. La ‘’Convergence 2020’’ s’est fixée comme mission de fédérer des énergies positives, par delà les clivages sociaux, ethniques et politiques pour construire la Cote d’ivoire de demain pour le bonheur de tous les ivoiriens et de tous ceux et toutes celles qui aiment notre beau pays. Nous visons non seulement à consolider les acquis post-crise mais aussi et surtout à accompagner et appuyer les actions du gouvernement de la Cote d’Ivoire dans sa marche irréversible vers l’émergence à l’Horizon 2020. Converger pour émerger constitue notre devise mais aussi la raison d’être de cette plateforme. Notre plateforme se veut un cadre d’échanges inclusif, ouvert à toutes les sensibilités nationales. Ayant planté le décor, il appartiendra aux uns et aux autres de savoir ce que nous faisons et par voie de conséquence de porter un jugement sur nos actions. Cette rencontre qui se tiendra à Neuilly-sur-Seine le samedi 25 Juillet 2015 à l’Hôtel Mövenpick s’adresse à tous ceux et toutes celles qui aiment la Cote d’Ivoire, un pays où on vit ensemble dans l’harmonie et la paix. Il y aura des invités et des conférenciers en provenance de la Cote d’Ivoire et d’autres pays. Vous savez, nous croyons beaucoup à l’intégration sous-régionale d’où notre volonté constante d’associer nos frères et sœurs de la sous région à nos réflexions. Permettez-moi de situer cette question dans un contexte en vue de permettre une meilleure compréhension de notre mission. Voilà ce qui fait courir Aly Touré. Je mets dans un cadre national toutes les actions que je pose ou que je soutiens. C’est comment faire pour que tous les Ivoiriens puissent se reparler, comment ne plus se regarder en chien de faïence en Côte d’Ivoire. Voilà ce qui me fait courir. Voilà pourquoi je parle avec tout le monde sans à priori. Je souhaiterai que notre génération fasse de la politique autrement. Pour la conférence, ce n’est pas un début de campagne. Je veux inviter tous les Ivoiriens à venir poser des regards critiques et objectifs sur le travail d’un président en exercice, en l’occurrence le président Alassane Ouattara. Saluer et encourager ce qui est bien dans sa gouvernance et identifier ce qui a été moins bien aux fins de les améliorer.
Vous qui côtoyez de nombreux pro-Gbagbo, quels sont leurs essentiels reproches à Alassane Ouattara ?
La plus part des pro-Gbagbo que je fréquente sont mes amis d’enfance. C’est toujours les mêmes récriminations. Vous savez, mes frères et sœurs ont fait de la libération du président Laurent Gbagbo de la prison de La Haye un point d’honneur. Ce que je comprends aisément d’ailleurs. Mais soyons réalistes, la question de la libération du président Laurent Gbagbo n’est plus une affaire nationale, mais internationale. Et quand c’est une affaire internationale, on utilise une approche et une stratégie bien différentes de celles qui sont utilisées actuellement par les pro-Gbagbo qui à mon avis font plus de mal que de bien à leur idole.
Pourtant il y a des personnes proches de Laurent Gbagbo qui sont actuellement incarcérées sur le territoire national ivoirien, comme Mme Simone Gbagbo , et dont le sort ne dépend pas de la justice internationale….
Le président Alassane Ouattara a déjà indiqué à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas d’impunité en Côte d’Ivoire. La justice sera égale pour tous. Et tous ceux qui ont commis des crimes en Côte d’Ivoire seront jugés, quel que soit le bord politique, le camp ou l’ethnie. J’ai bon espoir que tous les procès se feront dans les meilleurs délais et que le président Alassane Ouattara prendra une décision pour renforcer la cohésion nationale et le tissus social.
Selon une révélation de l’hebdomadaire Jeune Afrique, Chérif Ousmane et Losséni Fofana, deux anciens ‘’com-zone’’, font l’objet de mises en examen pour des crimes commis pendant la crise postélectorale. C’est la première fois depuis 2011 que des hommes ayant soutenu Alassane Ouattara sont poursuivis. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas cette information, c’est vous qui me l’apprenez. Neanmoins je reste persuadé que le président Alassane Ouattara est un homme de parole. Quand il dit quelque chose, il le réalise. Il a dit que ceux qui ont commis des crimes dans tous les camps passeront devant les juges. Je lui fais confiance pour réaliser cela. Pour l’instant, laissons la justice faire son travail et on appréciera après.
Au vu de la situation sociopolitique actuelle, comment envisagez-vous la Côte d’Ivoire de demain ?
Contrairement à beaucoup d’observateurs, je reste optimiste au moins pour deux raisons : le Président nous laissera un pays prospère, stable et pacifié et notre génération sera prête à assurer la relève. Nous avons certes traversé une période difficile de notre histoire commune, mais les choses se stabilisent et se normalisent chaque jour qui passe. La vérité est que tout le monde est fatigué. Les pro-Gbagbo sont fatigués, nous-mêmes qui leur parlons souvent, nous sommes fatigués a des tensions et des palabresussi. Tout le monde est convaincu qu’il faut que nous trouvions une solution, pourvu que nous nous asseyons et discutions conformément au leitmotiv du Président Laurent Gbagbo lui-même. Oui asseyons nous et discutons!
Pour vous qui êtes proches des organisations de la diaspora ivoirienne en France, pensez-vous comme certains le disent, qu’elle ne compte pas aux yeux des pouvoirs publics en Côte d’Ivoire ?
Bien au contraire, la diaspora ivoirienne compte énormément aux yeux du président Alassane Ouattara. J’en veux pour preuve la création de la direction générale des Ivoiriens de l’extérieur, et d’un ministère qui a en charge la diaspora. Il nous appartient, à nous diaspora, de nous organiser, de prendre des initiatives et de participer activement au développement de la Côte d’Ivoire. Le président Ouattara tient à la diaspora car il est lui-même produit de la diaspora.
Entretien réalisé par Jean-Paul Oro à Paris