Encore trop d’enfants sont contraints de travailler sur le continent africain. Pour lutter contre ce phénomène, les gouvernements, mais aussi les fondations et les entreprises privées, s’unissent afin d’offrir à la jeunesse africaine un avenir à la hauteur de ses attentes.
Le travail des enfants est une problématique encore trop répandue en Afrique. En effet, selon l’étude « Les estimations mondiales du travail des enfants, résultats et tendances de 2012-2016 », publiée en 2017 par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), plus de 72 millions d’enfants sont astreints au travail des enfants en Afrique, soit 19,6% des enfants du continent. Parmi ces enfants, 31 500 – soit environ 9% – accomplissent des travaux dangereux. Ces données font référence à l’année 2016.
L’éducation au centre des débats
Une grande majorité de ces enfants servent de main d’œuvre dans le secteur agricole, victimes de trafiquants organisés. Nous ne parlons pas ici des enfants qui, de temps à autre, viennent en aide à leurs parents après l’école, mais bien de ceux qui sont exploités par des individus sans scrupules.
Les conséquences de ce travail contraint sont connues : maladies, blessures, souffrances psychologiques, déscolarisation… Tous ces effets négatifs alimentent et renforcent le cercle vicieux de la pauvreté. Cette spirale peut et doit être brisée. Ainsi, partout sur le continent, les gouvernements africains tentent de lutter contre l’exploitation des enfants. A l’image de la Côte d’Ivoire, où plus de 4 000 enfants ont été secourus entre 2012 et 2016.
Dans un tel contexte, la lutte contre le travail des enfants passe nécessairement par l’accès à un cursus scolaire de qualité. Seule l’éducation permet de briser ce cercle vicieux, puisqu’elle représente pour les enfants, l’opportunité de se développer dans un environnement adapté et sécurisé. L’éducation est un outil sûr pour lutter contre la pauvreté, qui permet de construire une vie meilleure pour nos enfants.
Des partenariats prometteurs en faveur des enfants
Pour apprendre, encore faut-il que les enfants du continent africain bénéficient des meilleures conditions de scolarité. Cela implique l’accès à des fournitures scolaires de base, ou tout simplement le fait d’arriver à l’école sans avoir faim. Une évidence pour certains, mais tous les enfants du monde n’ont pas toujours cette chance.
C’est pourquoi je suis particulièrement heureuse de l’engagement de plusieurs entreprises dans cette cause. En décembre dernier, l’association SOS village d’Abobo et la Fondation Children of Africa, que je préside, ont ainsi reçu trois tonnes de matériel destiné au bien-être des enfants suivis par nos deux organisations.
Ce don exceptionnel est le fruit de la collaboration entre Air Côte d’Ivoire et la Fondation Airbus qui, le 25 novembre 2017, ont organisé un vol humanitaire à bord d’un Airbus A320. Grâce à ce partenariat, plusieurs milliers d’équipements scolaires (cahiers, stylos, sacs, ardoises, etc.), mais aussi des vêtements, des compléments alimentaires et des équipements sanitaires ont été livrés aux enfants de Côte d’Ivoire — et notamment aux enfants orphelins, abandonnés ou démunis.
Plus récemment, la compagnie Corsair a elle aussi renouvelé son partenariat avec la Fondation Children of Africa. Il y a maintenant quatre ans, dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation, Corsair avait gracieusement offert 100 billets d’avion pour les préparatifs du Gala destiné à collecter des fonds en faveur de l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville. Le 11 janvier dernier, Corsair a réitéré l’opération, en offrant à nouveau une centaine de billets destinés à transporter, en mars, les experts et médecins français qui interviendront au sein de l’établissement.
Enfin, je me réjouis de l’accord récemment trouvé entre les États-Unis et le Comité National de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS), quant à la méthodologie à adopter pour conduire une enquête nationale sur ce sujet. Dans le cadre de cet accord, j’ai eu l’honneur de recevoir, le 9 janvier, Madame Katherine Brucker, chargée d’affaires à l’ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire, qui m’a assurée que l’enquête sur le travail des enfants dans les champs de cacao serait menée par l’Université de Chicago. Et les paroles de Madame Brucker ont d’ores et déjà été suivies d’actes concrets : le 16 février 2018, un accord de collaboration a ainsi été signé par le CNS et l’Institut de recherche NORC de l’Université de Chicago, en vue de démarrer le travail sur le terrain.
Les paroles encourageantes d’Emmanuel Macron
Par ailleurs, lors de sa dernière tournée africaine, le Président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé que l’éducation en Afrique ferait partie des priorités de son quinquennat. « Nous devons bâtir une école qui libère les esprits et non qui les enferme, c’est pourquoi l’éducation sera la priorité absolue du nouveau partenariat que je vous propose », a-t-il déclaré à Ouagadougou, le 28 novembre 2017. Alors que neuf des dix pays où l’accès des jeunes filles à l’école est le plus faible sont africains, le Chef de l’Etat français s’est également engagé à soutenir « tous les gouvernements africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire des jeunes filles ».
Œuvrant depuis des années en faveur de l’éducation des enfants les plus démunis de Côte d’Ivoire et d’Afrique, je salue avec force cette prise de position, et je me félicite aussi de la volonté du Président français de vouloir faire d’Abidjan « un hub d’éducation régionale de référence », tel qu’il l’a déclaré lors de son passage dans la capitale économique ivoirienne, le 30 novembre dernier. Emmanuel Macron a également insisté sur l’importance des doubles diplômes, reconnus en France comme en Côte d’Ivoire, et sur celle des partenariats en matière d’innovation et d’entrepreneuriat. Cela ne fait plus aucun doute, en Afrique, en matière d’éducation, de belles projections sont envisageables…
Dominique Ouattara