Adama Diomande est le Président de l’Association pour la Défense de la démocratie et des libertés (ADDL). Connu du monde associatif et politique en France, cet activiste proche du régime Ouattara, est à Abidjan depuis quelques mois. Nous l’avons rencontré ce vendredi 13 novembre 2020. Dans cet entretien il revient sur le séjour de Guillaume Soro à Paris, durant la période de la rébellion et donné son avis sur la vidéo de propagande de Soro concernant « un génocide en cours en côte d’ivoire ».
Afrikipresse : Bonjour Monsieur Adama Diomandé. Selon vous, quelles sont encore les marges de manœuvre de monsieur Guillaume Soro que vous avez connu en 2002 à Paris et même tout récemment en 2010 lors de la crise post électorale ?
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Adama Diomande : Soro Guillaume n’a plus de marge de manœuvre. Puisque dans sa précipitation, il a tout chamboulé sur son chemin politique. Aujourd’hui, comment on peut comprendre quelqu’un qui a été soutenu par le président de la République Alassane Ouattara, qui a été défendu sur tous les plans en Afrique ici voire pour son transfèrement à la Cour pénale internationale, se retourne aujourd’hui contre son bienfaiteur. Et ce n’est pas seulement contre le président Ouattara, il se retourne contre la Côte d’Ivoire, contre l’image de la Côte d’Ivoire. Donc, je pense qu’il a bouché son chemin politique dans la nouvelle génération. Aujourd’hui, des personnalités comme Blé qui a montré sa fidélité totale à Laurent Gbagbo, sera plus crédible à l’avenir que Soro Guillaume. Soro Guillaume n’a pas de supporters ailleurs. Et aujourd’hui, même ses propres lieutenants le quittent. Parce qu’il a poussé le bouchon très loin.
On note aussi qu’à Paris, il a quelques amis au sein du parti socialiste que vous connaissez très bien. Tout à l’heure en off, vous parliez de son livre « pourquoi je suis devenu rebelle”. Racontez nous cette partie là.
Exactement. Je vous disais que j’ai encore les manuscrits de Guillaume Houzel dans ma cave. Il est de la jeunesse du parti socialiste. Il travaillait à la mairie de Paris lorsque Soro Guillaume l’a rencontré lui et certains camarades socialistes. Ce sont ces jeunes qui ont rédigé toutes les déclarations de Soro lors des négociations, de Lomé à Pretoria en passant par Marcoussis. C’est encore Guillaume Houzel et ses amis qui ont écrit le livre de Soro , « pourquoi je suis devenu rebelle » . C’est moi et mon frère Diarrassouba qui les accompagnions sur les plateaux de télévision à Paris.
Je ne peux pas comprendre comment, lui, Guillaume Soro peut salir la Côte d’Ivoire avec des images montées de décapitation pour créer un génocide en Côte d’Ivoire ? Lui, il a oublié son passé. Sans Alassane Ouattara, Guillaume Soro serait à la Cour pénale internationale aujourd’hui. Le fait qu’il ait été accueilli en France, c’est aussi la protection de la Côte d’Ivoire et toujours d’Alassane Ouattara. En France, on ne peut pas accepter que celui qui a été ministre de la défense d’abord, premier ministre, président de l’assemblée nationale, rien que pour ces postes occupés, n’ait pas un peu de respect pour son pays.
Vous qui connaissez bien la France, est-ce qu’il vous arrive souvent d’échanger avec les autorités françaises sur la situation en Côte d’Ivoire ? Qu’est-ce que vous leur dites, vous qui avez vécu en France ?
Vous savez, ça fait trois ans que je suis régulièrement en Côte d’Ivoire. J’ai gardé intact mes relations dans le réseau associatif et même politique. Vous voyez, même en France, les hommes politiques me suivent. Heureusement que les réseaux sociaux sont là. Ça facilite les choses contrairement aux temps des emails. Je suis donc en relation permanente avec mes amis qui me demandent toujours la situation réelle aujourd’hui en Côte d’ivoire. Les sorties de Guillaume Soro en France notamment dans un palace, n’a pas du tout été apprécié. Et aujourd’hui, il paie cash les conséquences. La France ne veut pas qu’il y ait des troubles en Côte d’Ivoire. Surtout en ce moment difficile où le terrorisme est en train de gangrener l’Afrique de l’ouest, la France souhaite que la Côte d’Ivoire reste stable. Aujourd’hui, il y a des problèmes politiques et ces problèmes politiques sont en voie de résolution avec avant-hier ( mercredi 11 novembre, ndlr) la rencontre entre le président de la République Alassane Ouattara et son aîné, l’ex président, Bédié.
Votre mot de fin
En tant que citoyen, je souhaite aujourd’hui que Laurent Gbagbo ait son passeport et qu’il revienne en Côte d’Ivoire. Que l’avion qui a emmené Laurent Gbagbo à la Haye, aille le chercher et que les trois présidents, Laurent Gbagbo et Bédié, et l’actuel président qui a été réélu, vraiment, consolident leur réconciliation qui sera la réconciliation nationale.
Propos recueillis par Philippe Kouhon
