Le collectif des syndicats des personnels pénitentiaires de Côte d’Ivoire était face à la presse le dimanche 7 juin 2020 à la cité pénitentiaire d’Abidjan pour décrier les conditions de vie et travail des agents du secteur et poser des revendications, notamment le paiement de prime, la question de leur statut ou encore celle des baux administratifs.
« Nous estimons être en première ligne du combat contre cette pandémie. Dans la continuité du travail de la force publique, nous sommes en première ligne, car tous les contrevenants au couvre-feu et à l’état d’urgence, une fois arrêtés, sont déférés dans les maisons d’arrêts. Nous sommes en contact direct avec les détenus car dans les diligences d’accueil, on a obligation de faire des fouilles intégrales. », a dit Michaël Dago Oko, secrétaire général du Synapci (Le Syndicat national des agents pénitentiaires de Côte d’Ivoire) pour exiger le paiement de la prime covid-19 payée aux forces de sécurité.
Les syndicats réclament aussi la prime de judicature qui selon eux est versée au personnel du ministère de justice pour la « participation à l’action judiciaire » excepté les gardes pénitentiaires alors qu’ils font partie de l’appareil judiciaire comme les magistrats ou les greffiers qui en sont bénéficiaires. Pour eux, leur participation à l’action judiciaire ne fait aucun doute avec leur participation aux audiences, au maintien de l’ordre et de la sécurité.
La revalorisation des baux administratifs et leur arrimage à la régie de l’armée
S’agissant des baux administratifs, les syndicats réclament l’apurement des arriérés de baux de 2016 à 2020. Ils demandent aussi, la mise du bail pénitentiaire au même niveau que celui des autres forces militaires et paramilitaires tels que la police ou la douane. À ce jour, le bail pour sous-officier pénitentiaire serait de 70.000 Fcfa (106,80 euros) contre 90.000 Fcfa (137,32 euros) pour la police. « Dans notre corporation, nous avons des baux administratifs, et ça fait un bon moment que ces baux-là ne sont pas payés. Imaginez-vous la délicatesse dans laquelle se trouvent les agents. Par moment, certains sont expulsés, d’autres se retrouvent à des audiences pour le leur signifier le non-paiement », a révélé Michaël Oko qui souhaite que leur intendance soit gérée par la régie de l’armée afin de bénéficier de la célérité des militaires dans le paiement de leurs baux.
[ Un statut particulier pour le personnel pénitentiaire comme les autres corps paramilitaires ]
« Le directeur de l’administration pénitentiaire s’est rendu ce vendredi (5 juin 2020, ndlr) à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) et lors d’un rassemblement qu’il a convoqué d’urgence, il a dit des choses qu’il ne devrait pas dire. Lorsqu’il vient à un rassemblement pour dire que vous n’avez aucun texte, vous n’êtes reconnu par aucun texte, nous disons que c’est une façon de nous narguer parce qu’il y a longtemps que nous demandons des textes pour pouvoir travailler légalement et être quand même reconnu par un statut », a dénoncé Irié Bi Tra, secrétaire national du Syndicat national des Personnels de l’Administration Pénitentiaire de Côte d’Ivoire (Synapapci).
Pour le syndicaliste, seule l’adoption d’un statut pour le personnel pénitentiaire pourrait permettre l’amélioration durable de leurs conditions de vie et de travail dans les 34 prisons que compte le pays.
Yaya K.
