Dans la contribution ci-dessous transmise à Afrikipresse, l’ivoirien Zadi Gnazoa Henri, économiste, consultant et résident aux USA milite en faveur d’un report de l’élection présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire.
Le Coronavirus a connu une expansion fulgurante obligeant les États infectés et affectés à se voir imposer un bouleversement économique, social et politique.
Les infrastructures productrices d’emplois et de revenus sont sommées de fermer. Les populations sont en mode de confinement. Les déplacements sont limités. La paupérisation gagne du terrain, en un mot, le déséquilibre socio- économique s’installe. Un seul combat mérite d’être mené : l’auto protection et la protection des autres par la rupture de la chaine de contamination.
En dépit du plan de riposte à la dimension de l’attaque, le virus continue de circuler à un rythme effréné dans le pays gagnant ainsi le respect des autorités au point où certains actes relevant de leurs compétences sont relégués en arrière-plan. Exemple : La mythique fête de travail s’est déroulée en Côte d’Ivoire dans la plus grande discrétion et n’a eu de valeur que le jour chômé et payé, les opérations d’enrôlement pour l’obtention ou le renouvellement du titre de national, à travers la carte nationale d’identité (CNI), n’ont pas été arrêtées. L’enrôlement des électeurs reporté a été reprogrammé.
Qu’en sera-t- il des prochaines échéances électorales ? Autrement dit, faut-il reporter ou non les présidentielles d’octobre prochain ?
À cette interrogation, l’on est tenté de répondre par l’affirmative en ce qu’à ce jour les opérations portant constitution de la liste électorale, le renouvellement de la carte nationale d’identité et l’obtention de la carte d’électeurs pourraient être gravement impactées si l’état d’urgence imposé par le gouvernement se prolonge. Que dire du financement des élections qui pourrait être un casse- tête chinois du fait de la crise à Coronavirus car le taux de croissance, à en croire les spécialistes, doit présenter une courbe décroissante.
De plus l’article 73 de la constitution de la République de Côte d’Ivoire prévoit les mesures exceptionnelles exigées par ces circonstances. La grave crise sanitaire causée par la pandémie de COVID-19 exige ici ces mesures exceptionnelles qui sont celles du report des élections présidentielles car la menace sur le fonctionnement normal des Institutions est réelle.
L’intégralité du territoire national est menacée par la séparation de Grand Abidjan du reste du pays. L’engagement des traités et accords internationaux sont momentanément suspendus à cause de la fermeture des voies maritimes et aériennes.
Aussi convient-il de rappeler que le COVID-19, maladie à Coronavirus continue sa chevauchée galopante comme un couteau dans du beurre, faisant toujours et tous les jours des dizaines des cas actifs en hospitalisation et malheureusement des décès dans le monde. Jusqu’à quand cette situation sanitaire peut durer ? Un mois, deux, trois mois encore, nul ne peut prévoir avec exactitude la fin de cette pandémie. C’est pourquoi, le mieux serait de se servir de l’argumentation juridique que la Constitution offre en son Article 73 pour prononcer le report des élections présidentielles.
Ce qui serait la meilleure façon de se soustraire un tant soit peu de cette pression politique et renforcer le noble dessein sanitaire qui consiste à faire face au COVID-19 et l’éradiquer de façon totale, pleine et entière.
La Côte d’Ivoire est un État de droit. Dans ce cas d’espèce, la Loi fondamentale de notre pays résout la problématique.
En effet, l’article 73 dont les dispositions envisagent le report des prochaines présidentielles n’impose aucune transition politique en côte d’Ivoire. Car en s’appuyant sur l’article 59 de la constitution qui stipule en substance que le mandat du Président sortant prend fin à la date de la prestation de serment du Président de la République nouvellement élu.
Toutefois, l’alinéa 5 de l’article 62 place le Premier Ministre en fonction à la date de l’expiration du mandat présidentiel (31 Octobre2020) en pole position dans le cas où le président de la république rend le tablier volontairement. Au nom des mesures exceptionnelles décrites par la constitution en son article 73, un Gouvernement d’Union Nationale peut être mis en place que dirigera l’actuel Premier Ministre en qualité de Président de la République, avec un Premier Ministre choisi par consensus, et ce, jusqu’au dernier samedi du mois d’octobre 2021, date de la tenue des élections présidentielles.
Face à l’incertitude du lendemain, voici donc en quelques lignes, l’orientation que nous donne la Constitution de la Côte d’Ivoire.
Philippe Kouhon
Le titre et le chapeau sont de la rédaction