C’est un témoin perdu dans sa propre déposition qu’il a été donné de voir le mardi 27 juin 2017, dans le box des témoins de la CPI face à Laurent Gbagbo et à Charles Blé Goudé. Le Sergent Sékongo Zié du Bataillon d’Artillerie Sol-Aire (BASA), dont-il s’agit, a été constamment recadré par Me Garcia (le substitut de Fatou Bensouda), pour éviter que son témoignage s’éloigne de sa déposition.
Interrogé sur le fait que Laurent Gbagbo donnait ou non des instructions aux chefs militaires pendant la crise postélectorale, le Sergent des forces terrestres a d’abord dit ne pas en avoir souvenance. Ensuite, il s’est souvenu d’une rencontre entre le Président Gbagbo et «un groupe de militaires» au Palais Présidentielle. Une rencontre à laquelle il a assisté, mais dont il dira ne pas se souvenir de l’ordre du jour. Sur le coup, le substitut du procureur a lu sa déposition : « Vous avez dit aux enquêteurs, et je cite : “un jour, quelques mois avant la campagne, le Président Laurent Gbagbo a convoqué toutes les forces armées à la Présidence. J’étais aussi présent. Et pendant cette réunion officielle, il a lâché l’expression suivante : Vous les chefs, si je tombe, vous tombez aussi. Tous les généraux étaient présents. Il y avait le Chef d’état-major Philippe Mangou, le Commandant de la Gendarmerie, Kassaraté, le Général Brédou, DG de la Police, le Général Dogbo Blé, commandant de la garde républicaine, le Général Déto Létho, Commandant des forces terrestres, l’Amirale Vagba Fossigno de la Marine et le Commandant des forces aérienne dont je ne me souviens plus le nom. Ils étaient tous là avec ses collaborateurs. Chacun avait aussi désigné des représentants pour participer à la réunion. Et j’étais au nombre des représentants au niveau du BASA“. Vous vous souvenez de ces mots que vous avez confiés à nos enquêteurs ? ». Le témoin a répondu par l’affirmatif.
Sur une autre question du procureur, le témoin a recouru à des petites prises de notes, avant de répondre. L’accusation voulait savoir le nombre de soldats qu’il fallait pour utiliser une Bitube 23 mm ZU (arme d’artillerie lourde. Ndlr). Une scène qui a énervé le juge-président qui lui a demandé s’il avait pris connaissance de sa déposition, avant de venir à la barre. Une question à laquelle le témoin a répondu par l’affirmatif.
Jean-Hubert Koffo