L’affaire fait en ce moment grand bruit à Fresco et dans les environs. Elle est même le principal sujet de conversation. Surtout qu’elle est reprise, depuis lors, en boucle par Radio Pôpaix, la radio locale : Damanan Pickass cité dans l’attaque de Fresco. De passage dans ma ville, nous nous sommes rendus à Bohico, le village natal de Damana Pickass situé à 3 kilomètres de Fresco. Nous y avons rencontré le sous-chef du village Dodoguehi Lobognon Daniel. Au nom donc de la chefferie, il a réagi à travers un entretien accordé à Afrikipresse.
Comment avez-vous appris la nouvelle selon laquelle Damana Pickass serait mêlé aux attaques de Fresco ?
Moi, c’est ce matin (vendredi 8 septembre 2017 : Ndlr) que j’ai appris la nouvelle. Ce sont des machinations. Je sais que mon fils ne peut pas faire cela. Jamais, il ne peut le faire. Ce sont des coups montés. C’est ce qu’il faut dire : ce sont des coups montés. Il ne peut pas le faire; et chez nous ici, à Bohico, nous ne sommes pas dans une telle illogique. Nous n’avons pas la culture des attaques et des coups d’États . Sinon, Pickass où il est là-bas, est bien tranquille et loin de ces choses là. Il ne peut même pas penser à faire de telles choses. Ça, c’est impossible ! C’est notre avis, ici, à Bohico. Nous ne pouvons pas aller contre les autorités, contre la nation. Ce n’est pas notre culture. Nous sommes un peuple non violent. C’est impossible. Nous sommes des gens paisibles. Nous voulons la paix en Côte d’Ivoire. Nous ne voulons pas que cette paix soit bafouée, et qu’on dise c’est un fils de la région qui bafoue cette paix qu’on attend tous. Non ! Non ! Nous ne voulons pas de cela.
Mais dès que vous avez appris cette information quel a été votre état d’esprit ?
J’étais trop dépassé. Franchement ! C’est trop gros pour être vrai. Même un ressortissant de ce village ne peut pas le faire. C’est trop gros pour que quelqu’un se lève comme cela pour dire que c’est lui qui nous a envoyé. Il vous a envoyé comment ? Qu’ils aillent interroger celui qui les a réellement envoyés, mais pas Pickass. Dans cette histoire montée de toutes pièces, je ne vois pas ce qui va mettre notre fils devant les fais accomplis. Je ne vois vraiment pas. Nous ne sommes pas pour ce qui se passé.
Vous n’êtes pas pour se qui se passe mais, l’un des vôtres est aujourd’hui indexé comme l’un des déstabilisateurs de la République. N’est-ce pas parce que c’est votre fils que vous le protégez, malgré tout ?
Non, nous ne le protégeons pas. Ce n’est nullement une protection. Nous disons ce qui est. En réalité, ce que nous savons de notre fils, c’est un homme de paix. Il ne peut tout même pas troubler la nation.Nous sommes en contact avec lui. Et ce que nous savons de lui, c’est qu’il est en contact avec nous dans le sens de la paix. Mais dire qu’il va troubler la nation, ce n’est vraiment pas ça ! Il est hors de toute cette machination. Ce ne sont pas ses pensées. Je vous dis bien que ce sont des choses que des gens ont machinées , fabriquées pour les lui coller parce qu’on sait ce qui se passe dans notre pays. C’est donc dans cette optique que des gens veulent lui mettre des bâtons dans les roues alors qu’il est innocent. Il n’est concerné ni de près, ni de loin à cette machination cousue de file blanc.
Vous avez tout à l’heure dit que vous êtes en contact avec lui. Quelles sont donc des nouvelles de lui ?
Ces temps-ci, nous avons organisé un tournoi de football doté du trophée Michel Gbagbo, le fils de Laurent Gbagbo. Michel Gbagbo devait même venir ici, à Bohico, pour la finale, comme parrain également. Toutefois, avant de rentrer en contact avec Michel Gbagbo, nous sommes passés par Pickass. C’est donc grâce à ses conseils que nous avons initié ce tournoi. La finale du tournoi devait avoir lieu le mois dernier, et Michel Gbagbo ne s’est pas présenté. Il y’a eu des raisons politiques. Ce qui fait que notre tournoi est bloqué. Nous avions même acheté et tué un bœuf. Et comme il ne vient toujours pas, nous louons cinq mille par jour, un espace frigorifique où nous avons gardé l’animal que nous avons dépecé. C’est donc dans le cadre de l’organisation de ce tournoi que nous avions des contacts directs avec lui. Mais présentement, notre tournoi est bloqué. Nous sommes donc en train de négocier pour que Michel Gbagbo arrive ici. Et s’il ne vient pas, qu’il nous envoie un représentant.
Au-delà des attaques qui sont récurrentes en Côte d’Ivoire, quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique de façon générale ?
(… ) De la façon dont je vois le pays, je dirai que la situation est très critique,. Le pays n’est pas stable. Je dis bien le pays n’est pas stable. Moi, je suis en brousse ici mais j’entends et le lis, ce qui se passe dans le pays. Le pays n’est pas stable. Il faut que les autorités voient cela. C’est ce que je veux dire au sujet de la situation sociopolitique actuelle.
Claude Dassé envoyé spécial à Bohico, Fresco