Charles Blé Goudé, leader de l’ex-galaxie patriotique, donne son témoignage à travers un livre qu’il a baptisé “De l’enfer, je reviendrai”. Une invite à l’espérance voire à sa résurrection sociopolitique, vu la traversée du désert qu’il a connue depuis le 11 avril 2011.
“De l’enfer, je reviendrai”, est le dernier livre-témoignage de Charles Blé Goudé détenu à La Haye aux Pays-Bas pour son procès à la Cour pénale internationale (Cpi). Comme déjà indiqué dans nos colonnes , c’est un livre de 174 pages sorti en mars 2016 et édité par les” Editions du Moments”, et qui subdivisé en 14 chapitres.
Charles Blé Goudé explique les conditions de son arrestation au Ghana. Selon lui, au petit matin du 17 janvier 2013, dans sa chambre, des individus rentrent par surprise et se présentent à lui comme des membres de la police ghanéenne. Surexcités, ils procèdent, témoigne -t-il, immédiatement à des fouilles, l’emmènent à la BNI (équivalant de la DST)». Ce jour-là, il dit qu’il venait de comprendre que ses adversaires ont réussi à faire de lui un “wanted international”.
À la BNI, raconte-t-il, un policier lui notifie qu’il est en état d’arrestation et lui passe les menottes. C’est en ce moment que lui, Blé Goudé s’est demandé ce n’a pas bien fonctionné pour que son arrestation soit aussi facile, bien que caché dans un village avec des mesures de sécurité drastiques qu’il s’est imposé. Vers 11heures du même 17 janvier, un policier lui demande de troquer l’habit qu’il porte contre la tenue de prisonnier au dos duquel, il est écrit : « BNI ». À 13 heures, les policiers lui apportent un repas mais il refuse de manger. Aux environs de 17heures, on l’envoie au bureau du directeur qui ne le reçoit pas, mais il donne des instructions pour qu’on l’emmène au bâtiment annexe pour faire des photos. Là-bas, on lui demande d’enlever sa tenue de prisonnier et de porter ses propres habits. Là, il dit nourrir l’illusion d’une remise en liberté provisoire comme ce fut le cas de Koné Katina arrêté puis libéré. Pendant ce temps, le cortège de véhicules 4X4 se met en place. Il est 22h 30. Menotté, les policiers le font monter dans un des véhicules. Le cortège démarre. Pendant 45 minutes, le cortège roule, il demande à un policier : « où va-t-on ? » Celui-ci dit qu’il ne sait pas. C’est quand il a vu le panneau de signalisation avec la mention “Kassoha” qu’il a compris qu’il était en route pour à Abidjan. À la frontière ivoiro-ghanéenne, l’officier qui commandait le cortège lui a dit que l’information de son arrestation a déjà fait le tour du monde. Il était 4h du matin. Blé demande à l’officier d’attendre le lever du jour avant de le remettre aux autorités ivoiriennes, de peur que quelque de mal lui arrive durant la nuit . L’officier se retire et passe beaucoup de coup de fil avant d’accepter d’attendre 7h 30 pour le remettre aux autorités ivoiriennes. Avant cela, Blé a demandé 5 minutes pour faire ses prières.
Extradition de Charles Blé Goudé
Charles Blé Goudé martèle : « les autorités ghanéennes sans m’autoriser à parler à un avocat, et ce en violation de tous ses droits, ont décidé de m’extrader en Côte d’Ivoire. Seul face à la machine de deux Etats, le Ghana me livrait ainsi à la Côte d’Ivoire». Que faut-il faire ? Alors, Charles Blé Goudé décide d’affronter psychologiquement toutes sortes de tortures et d’humiliations que ses adversaires vont lui infliger pendant des jours voire des semaines. Sans oublier le lynchage médiatique. C’est ce qu’il s’est dit : « Me voici victime des intérêts d’Etat. Qu’a promis la Côte d’Ivoire au Ghana pour ma peau ?». Le 30 janvier 2013, menotté et cagoulé, il est conduit devant un juge au palais de Justice d’Abidjan-Plateau. Quel sera mon sort ? À quelle sauce, je serai mangé ? Autant de questions qui se bousculent dans sa tête. Blé Goudé avoue que sa détention pendant les 14 mois en Côte d’Ivoire a été de loin la plus pénible pour l’habitué des arrestations et des emprisonnements politiques qu’il dit être. Charles Blé Goudé qualifie sa détention à Abidjan d’atroce. Cette détention transperce, selon lui, le cœur comme les rayons de soleil ardent qui sèchent les feuilles d’un arbre. Cette détention est une blessure morale. Elle ne verse pas de sang, mais sa plaie est profonde et sa cicatrice indélébile. De cette blessure, on reste infirme à vie, décrit-il. Blé raconte qu’il était détenu à la DST au bâtiment blindé dans des cellules hermétiquement fermées 24/24H avec le commandant Jean-Noël Abéhi et Jean-Yves Dibopieu. Selon lui, le repas servi par leurs geôliers est toujours dans un sachet noir. Il décrit une sorte d’enfer sur terre, un univers infernal, dont il est pourtant ressorti vivant, mais pas encore libre; un maintien en vie, en attendant la liberté qui rend crédible son titre ” De l’enfer, je reviendrai “, mais qui signifie tout aussi que la DST n’était pas tout à fait cet enfer dont il parle, qu’il décrit : De l’enfer, du vrai enfer on ne revient jamais vivant. Car l’enfer on y va, quand on est mort, quand il n’y a plus de vie.
M. Ouattara