Le mercredi 5 octobre 2016, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara est devant les députés à l’Assemblée Nationale pour présenter le projet de loi de la nouvelle constitution ivoirienne. Quatre journalistes sportifs portent leurs regards sur ce projet qu’ils ne manquent pas de dénoncer , du fait d’une absence de mention spécifique du sport , contrairement à la culture, à l’éducation, à la santé.
-Patrick Guitey (sport-ivoire.ci)
Le débat autour de la constitution ivoirienne ne devrait pas tourner qu’autour des conditions d’éligibilité du Président de la République. Il faut aller au-delà pour toucher d’autres points essentiels pour le développement social et sociétal du pays. De ce point de vue, je crois, qu’en tant que journaliste sportif, c’est le lieu de dénoncer le fait que , là où la culture et la jeunesse sont évoquées, il ne soit aucunement question de sport dans notre constitution. Et pourtant, l’on a pu expérimenter l’importance de ce volet dans le développement socio-économique dans notre pays. Aujourd’hui, le sport n’est pas qu’un jeu. C’est aussi un facteur éducatif, un pourvoyeur d’emplois et un sérieux moyen de cohésion sociale qui fut un élément clé de la réconciliation nationale. Inscrire le sport dans la constitution saurait donner un sens à toutes ces reconnaissances de l’État aux lendemains de succès retentissants de nos sportifs. Il faut arc-bouter ces actions à la constitution à l’instar des autres secteurs d’activités du pays, pour ne pas livrer sa pratique aux bons désirs d’une loi sur le sport qui peine à entrer dans sa phase active.
-Kader Kilavogui (Le Nouveau Courrier)
La question qu’on est en droit de se poser est celle-ci : quelle idée nos dirigeants se font-ils du sport ? Sinon, comment comprendre qu’à chaque fois que la Côte d’Ivoire entre dans une nouvelle république, ils ne fassent aucune ligne sur le sport et son développement ? Là où la culture a trouvé bonne place, le sport continue de demeurer un simple divertissement. Ce qui est une aberration quand on connaît la valeur de l’industrie du Sport et surtout le taux important de jeunes ivoiriens sportifs.
-Adam Khalil (Fraternité Matin)
Il faut qu’un pays comme la Côte d’Ivoire qui aspire à être totalement démocratique et moderne aille dans le sens des premières notions de la modernité d’une nation c’est-à-dire prendre en compte le développement effectif dans tous les secteurs d’activités. Donc le sport qui n’est plus une entité partielle dans les nations développés tels que le Canada, la France les États-Unis , est pourvoyeur de professions et de métiers. Le sport en tant qu’activité professionnelle peut englober une bonne frange de la population notamment les jeunes de sorte à leur offrir du travail au même titre que des structures administratives privées ou publiques. On peut permettre au sport d’être un moyen d’insertion sociale et professionnelle pour les jeunes. La Chine, le Singapour et bien d’autres pays réussissent à intégrer les jeunes dans le tissu social grâce au sport. Il est donc important que dans cette nouvelle Côte d’Ivoire et moderne les autorités cherchent à mettre en place dans la constitution, des textes qui feront du sport une vraie industrie parce qu’au-delà des résultats sportifs, les équipementiers ou les fabricants de matériel sportif fonctionnent comme des entreprises. Il est malheureux qu’on ne réfléchisse pas à cela. On parle beaucoup plus de politique, de succession…Le sport doit être professionnalisé il faut donc insérer des lois constitutives.
-Olivier Asseman (Supersport)
La nouvelle constitution a été taillée sur mesure pour les politiciens. Le Sport n’a jamais été une priorité dans ce pays. Et pourtant la Côte d’Ivoire dispose d’un bon vivier de sportifs qui ont toujours su hisser ses couleurs à l’extérieur. Les Footballeurs ont remporté deux CAN des seniors et une chez les cadets. A cela, on ajoute les trois participations au Mondial de football. Les disciplines dites mineurs ne sont pas en reste avec l’athlétisme et le taekwondo qui ont permis à notre pays de remporter des médailles olympiques. Ignorer le sport dans la nouvelle constitution est la preuve que nos dirigeants n’ont jamais voulu le professionnalisme de notre sport. Et c’est dommage pour un pays comme le notre qui aspire à l’émergence à l’horizon 2020. Cette émergence passe aussi par le sport qui est le meilleur canal de sortir la jeunesse de la précarité.
Propos recueillis par
Adou Mel