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    Déstabilisation au Burkina et en Côte d’Ivoire : des choses graves reprochées à Compaoré, Soro et Chafi

    Déstabilisation au Burkina et en Côte d’Ivoire : des choses graves reprochées à Compaoré, Soro et Chafi
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Les jours à venir pourraient-ils être sombres pour Guillaume Soro et Moustapha Chafi sur le plan judiciaire aussi bien au Burkina Faso, qu’en Côte d’Ivoire, suite à des accusations contenues dans une note confidentielle et anonyme parvenue à plusieurs rédactions. 

    Dans cette note, il est reproché à Guillaume Soro, d’être le cerveau et le commanditaire d’une opération avortée de déstabilisation contre le régime d’Abidjan. L’opération devait avoir lieu le 7 août 2019, lors du défilé militaire de la fête d’indépendance de la Côte d’Ivoire. Outre cette affaire, le dossier de collusion avec des groupes terroristes au Burkina Faso, avec l’appui de Moustapha Chafi, déjà évoqué par des médias, est à nouveau mis en avant dans les faits reprochés. 

    La persistance des accusations montre que l’affaire est prise au sérieux aussi bien par les autorités du Burkina Faso, que par celles de Côte d’Ivoire, même si l’implication directe présumée de Blaise Compaoré continue d’intriguer Abidjan, tandis que pour Ouagadougou, cela ne fait même plus l’ombre d’un doute. 

    Ainsi lit-on ceci dans le document : « L’autre pièce du puzzle est la posture de l’ancien Président du Burkina Faso face aux agissement de ses proches. Blaise Compaoré, dont Chafi fut le conseiller spécial très influent, pendant de longues années, semble de plus en plus actif sur la scène politique burkinabè . Son activisme aussi soudain que suspect fait la Une des tabloïds burkinabè ces dernières semaines. Astreint au devoir de réserve, pour ne pas gêner les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, il reçoit du monde, dirige son parti et ne s’en cache plus. Il a même adressé le 11 octobre 2019 , en sa qualité de « fondateur et Président d’honneur », une lettre à Léonce Koné, un responsable de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans laquelle il appelle à l’union des membres, mais surtout dans laquelle il s’engage à « mener de larges concertations dans les prochains jours ».

    Cet activisme, naturellement, a le don d’irriter l’opinion des deux bords de la Leraba et conforte les uns et les autres dans leurs soupçons que Blaise Compaoré manœuvre depuis Abidjan contre eux ». 

    La description de l’activisme politique de Blaise Compaoré est intervenue après des allégations très fortes sur les agissements et connexions de Guillaume Soro, en lien avec Moustapha Chafi. L’ex dirigeant de la rébellion ivoirienne, est  même accusé d’être impliqué dans l’attaque perpétrée récemment à Guiglo, ouest de la Côte d’Ivoire, contre la gendarmerie ivoirienne. 

    « Depuis sa rupture de ban avec les autorités de son pays, Guillaume Soro nourrit le secret espoir de leur faire mordre la poussière. Derrière ses sorties médiatiques et sa tournée politique en Europe, il travaille, dans l’ombre, à une stratégie militaire du harcèlement permanent pour prendre le contrôle du Burkina Faso, en complicité avec son ami Mustapha Limam Chafi, connu pour ses accointances avec les mouvements djihadistes et salafistes du Sahel.

    La stratégie de Guillaume Soro est de faire de ce pays, une base arrière pour, dans un premier temps y installer et faire prospérer une économie criminelle et d’autre part, organiser et planifier son coup pour freiner le processus de normalisation en cours dans son pays, la Côte d’Ivoire. C’est dans la mise en œuvre de ce plan funeste que le système Soro a perpétré des attaques sporadiques à l’ouest de la Côte d’Ivoire, récemment. Pour cela, des contacts ont été noués avec des ex-miliciens et soldats déserteurs de l’armée régulière ivoirienne, pro-Gbagbo. 

    Il s’agissait pour les hommes que Soro organise, de tester le dispositif de sécurité et la capacité de riposte des forces armées de Côte d’Ivoire, par le harcèlement à l’ouest, zone considérée comme poreuse du fait des frontières avec le Liberia et la Guinée. C’est la première facette de ce plan.  

    La seconde étape, c’est de semer le chaos au Burkina Faso, afin de s’y incruster et d’en faire sa base arrière. Etant donné qu’il n’est pas en odeur de sainteté avec les hommes forts du Burkina, Guillaume Soro a décidé d’affaiblir le Pays des Hommes intègres afin d’y favoriser un soulèvement populaire ou, à défaut, de retourner l’armée contre le Gouvernement. De plus en plus les forces armées antiterroristes burkinabè sont mises à rude épreuve. Les attaques commises au nord du Burkina Faso, par ces groupes armés, sont différentes des actes terroristes posés au Mali. Le mode opératoire n’est pas le même. Ce qui se passe au Burkina Faso est plutôt un harcèlement politique sur le régime en place. 

    L’idée, pour Guillaume Soro et Moustapha Limam Chafi, qui sont à la manœuvre, c’est de créer la chienlit », dévoile le document. 

    Ce qui est nouveau par rapport à ce qui avait été déjà dit la question, c’est que des noms précis sont cités, et que le profil et l’identité de soldats présumés sont dévoilés : « Leurs chiens de guerre sont les combattants du mouvement salafiste créé par le prédicateur radical Ibrahim Malam Dicko, aujourd’hui décédé, et dénommé « Ansarul Islam ». Ce sont ces hommes qui tuent impunément au Burkina Faso, au grand dam des populations qui fuient les villages.

    Par ailleurs, Moustapha Limam Chafi recrute, actuellement, d’anciens membres du RSP (Régiment de sécurité présidentielle), la garde prétorienne du président Blaise Compaoré, dont le chef était le général Gilbert Diendéré, condamné récemment dans l’affaire du coup d’Etat manqué des 14 et 15 septembre 2015. Mais, leurs mouvements sont suivis. Et les services de sécurité sont en mesure d’établir que des contacts sont établis entre les hommes de Soro et les soldats qui sont recrutés. 

    Parmi eux, figurent des noms bien connus. Il y a d’abord, Cissé Sadou Alaye. Ce soldat est un proche de Chafi. Il a été chauffeur au service de ce dernier. Ensuite, il y a le soldat Souleymane Sawadogo (classe 2005) et un nommé Tambour, tous anciens de la Minusma. Ce sont ces hommes, à la solde désormais de Chafi et Soro, qui donnent les positions des forces de défense et de sécurité burkinabè,comme si le système était pourri de l’intérieur » . 

    Le document poursuit : « Ainsi, avec ce réseau criminel, Soro et Chafi travaillent à affaiblir le président Roch Marc Christian Kaboré, comme cela a été le cas pour le capitaine Haya Sanogo au Mali ou encore le capitaine Dadis Camara en Guinée.

    Pour Soro et Chafi, la fin justifiant les moyens, c’est un soutien de poids dans leurs manœuvres contre le Président Kaboré, qui ne dit pas son nom. Ainsi, après avoir provoqué la chute de Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé, qui croupissent en prison, Soro veut, à cause de sa soif inextinguible du pouvoir, semer le chaos au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire ». 

    Malgré ces menaces, manœuvres et agissements,  le document se réjouit de la capacité de réaction d’Abidjan, contrairement au Burkina Faso qui a été plus atteint pour l’instant   : (« Mais, faut-il le rappeler, à chaque tentative, les assaillants ont été mis en déroute par les forces de défense et de sécurité ivoiriennes » ), et annonce pour bientôt d’autres révélations sur la question. 

    Alors que Guillaume Soro avait déjà démenti des accusations similaires, et avait déploré le sort fait ainsi fait à Blaise Compaoré à travers son implication et celle de Moustapha Chafi , la persistance des accusations, et les précisions sur des noms de militaires  montrent clairement que le Burkina Faso, et la Côte d’Ivoire prennent au sérieux cette affaire, et qu’il ne s’agit pas pour eux, d’une simple rumeur, ou d’une hypothèse de travail, dans les renseignements. 

    Ce qui peut intriguer, c’est de se demander  pourquoi, les grandes oreilles choisissent d’alerter , pour donner éventuellement aux mis en cause l’occasion d’effacer les traces si elles existent, et pour leur permettre de prendre des précautions dans leurs manœuvres ; pourquoi n’avoir pas joué sur l’effet surprise, en gardant les preuves pour engager les poursuites ? En tout état de cause, la troisième partie ou la suite des révélations est attendue.l, ainsi que d’éventuelles nouvelles réactions de Guillaume Soro, qui avait déjà démenti et dénonce les accusations. Il avait annoncé que ses avocats se saisiraient de l’affaire, tandis que l’autre mis en cause, Moustapha Chafi n’avait pas fait de déclaration publique, cherchant plutôt à entrer en contact avec Abidjan pour montrer pattes blanches. Apparement il n’a pas convaincu.

    Nadine Ouédraogo 

     

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