Nommée le 14 janvier 2021 à la présidence du Comité de Normalisation de la Fédération Ivoirienne de Football (CN-FIF) par la FIFA pour un an, Jacqueline Mariam Dao Gabala bouclera son mandat le 31 décembre 2021. À 16 jours de la fin de ce mandat, les indicateurs sont au rouge à la Maison de Verre de Treichville. Une gouvernance approximative qui fâche les autres membres du comité de normalisation, et qui fait que les langues se délient.
Après s’être présentée comme un parangon de vertu et de la meilleure des gouvernances, les premiers signes du bilan de gestion de Mme Dao Gabala ne sont pas reluisants, ni flatteurs. L’on apprend par exemple que le comité de nomination doit déjà des dizaines millions Fcfa avec une gouvernance qui fâche Bleou, Aka Bilé et même Abé Simon. Les faits !
[De la gestion ” apartheid ” des hommes]
Dès sa prise de fonction, Jacqueline Mariam Dao Gabala s’est choisie ses hommes pour gérer le quotidien de la FIF. En plus d’elle-même, il y’a Prisca Sahiri, toujours Chef du Département Communication et Marketing de l’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications (ANSUT). Sous Contrat à Durée Indéterminée (CDI) à l’ANSUT, Prisca Sahiri est sans contrat avec la FIF, où elle émarge à hauteur 1.250.000 F CFA par mois au sein de l’institution sportive.
Pendant ce temps Mme Gabala a écarté et mis au garage, ou sous l’éteignoir des employés qu’elle soupçonne d’être des pro-ex Comité Exécutif ou proches du président Sory Diabaté. Une situation qui a fait dire à certains que dans cette maison, ” tout le monde a peur de tout le monde ” ou que ” les agents travaillent sous Ponce Pilate”.
[Les tentatives d’audits qui n’en finissent pas et qui assèchent les caisses de l’institution]
À la demande de Jacqueline Mariam Dao Gabala, un premier audit a été réalisé par le cabinet international KPMG en mars 2021. Cette structure n’a rien trouvé d’anormal. Elle a ainsi confirmé le satisfecit de la Fifa après les audits réalisés auparavant par son biais (voir fac-similé) et par l’Inspection Générale d’État (IGE).
Malgré la tentative de faire en sorte que KPMG trouve absolument des anomalies dans ses recherches sur la gestion du Comité Exécutif sortant, le cabinet a refusé, et a même ce rendu le tablier après deux semaines de collaboration.
Le deuxième audit a été réalisé par le Cabinet Deloitte. Ce cabinet non plus, n’a trouvé aucune anomalie grave dans la gestion de l’ex-équipe dirigeante. Il a répété tout ce qu’avait dit KPMG. Là également la collaboration a été de courte durée. Dans la volonté de trouver des failles de gestion sous Augustin Sidy Diallo, la normalisation s’est tournée vers le cabinet Ernst et Young pour un coût de 72.000.000 F CFA.
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L’équipe transitoire refuse entre temps de mettre à la disposition du cabinet, les documents probants à partir desquels les deux premiers cabinets ont travaillé. Une manière d’accuser des agents d’avoir retenu des documents et d’accabler l’équipe précédente. Malgré tout, Ernst et Young n’a trouvé, dans un premier temps, aucune faille. Les auditeurs l’ont mentionné dans le premier rapport. Non satisfait de la réponse de Ernst et Young, la normalisation a fait appel à du renfort dans l’optique de faire manipuler les résultats.
Le premier renfort fut Mme Vasconserve, experte- comptable. Proche de Jacqueline Mariam Dao Gabala, elle a eu une prestation d’un montant de 9.000.000 F CFA. Sa mission était d’aider le cabinet Ernst et Young à trouver des anomalies. Après des recherches, elle n’en trouvera pas. Malgré l’insistance, elle restera inflexible faisant savoir qu’elle ne peut tordre le cou à l’orthodoxie de la comptabilité pour le plaisir d’une tierce personne. Là aussi, la collaboration a été de courte durée. L’on se souvient que l’audit était un point essentiel de sa gestion. Plusieurs mois après, le mystère et le silence entretenus sur la divulgation de cet audit, ne manquent pas de susciter des commentaires. Car tout le monde se souvient qu’avant même les audits, Mme Gabala n’avait pas pris de gants, pour décréter que la gestion était mauvaise. Alors, il fallait qu’elle s’accroche à n’importe quoi, à cet effet.
[Une gestion approximative des ressources financières et des hommes]
Arrive enfin Mme Écaré, nommée à la présidence de la Commission des Finances de la FIF. Cette dernière est également engagée pour ” faire le sale boulot” demandé à Mme Vasconserve en plus de l’inventaire des biens de la FIF à hauteur de 19.000.000 F CFA. Le paradoxe est que Mme Écaré se donne des marchés sans consultation de la liste des fournisseurs de la maison.
Pourtant, les procédures d’achats de la FIF stipulent clairement qu’à partir de 5 millions de F CFA, il doit y avoir nécessairement un appel d’offres.
Il y’a aussi le cas de Mme N’Dah membre de la Commission Éthique. Courtière en assurance, c’est son entreprise, Oreole qui a le marché d’assurance-maladie, du personnel de la FIF (45 millions F CFA), l’assurance-incendie des bâtiments (13 millions Fcfa) l’assurance des voyages, l’assurance des véhicules (9 millions Fcfa).
Monsieur Koné, un cousin à la famille est le propriétaire de l’entreprise KS Services et l’homme à tout faire de la FIF. C’est lui qui est chargé des achats. Il achète, installe, fait l’entretien et répare au besoin les climatiseurs. Il ne rend compte qu’à la présidente seule. Il facture a 75 mille l’installation et l’entretien d’un climatiseur.
[Une formation en Côte d’Ivoire qui coûte 25 millions de FCFA]
Alors qu’elle refuse d’acheter une nouvelle ambulance à hauteur de 22 millions CFA pour les compétitions, la patronne de la FIF s’est engagée à assurer une formation en management à deux personnes. Les bénéficiaires sont Sahiri Prisca sans contrat à la FIF et venue accompagner la présidente, et Zito Blake, le Directeur Exécutif Adjoint. Cette formation d’un coût de 25.000.000 F CFA a eu lieu au cabinet MDE, dont Jacqueline Mariam Dao Gabala est la représentante de cette école à Abidjan.
À la FIF, le gaspillage des ressources financières se fait à ciel ouvert. L’animation de la page Facebook, initialement traitée par des professionnels du Département Communication de la Fif , a été désormais confiée à une agence extérieure, Origin 7 à hauteur de 1.200.000 F CFA par mois. Alors que chacun des 9 gendarmes désormais commis pour la sécurité du siège émarge à 150.000 F CFA par mois, les vigiles sont sans salaire et cumulent des mois d’arriérés. La FIF n’arrive pas à solder les comptes vis-à-vis de la société Warning Force, l’employeur des vigiles.
[Les aménagements en catimini en sélection nationale qui fâchent les employés]
Un aménagement fait en catimini dans l’après-midi du mardi 14 décembre 2021, a-t-on appris, nomme désormais Dié Foneyé Philibert comme le nouveau Manager Général des équipes nationales. Jacqueline Mariam Dao Gabala laisse Keita Mamadou sur le carreau à 25 jours du début de la CAN 2022 au Cameroun. Dié a pour adjoint Franck Bougouyou qui lui, remplace Hermann Kassé à ce poste.
Tiené Siaka dit Chico, ancien international était bien parti pour occuper le poste de Manager Général, mais il a été préféré à Dié Foneyé au dernier moment. L’information ébruitée, a fait changer la donne. Chico est désormais Assistant Technique du sélectionneur. Un rôle flou puisque l’homme n’a suivi aucune formation d’entraîneur. Chico, présumé proche du président de la CAF
Patrice Motsepe, pour avoir joué au Mamelodie Sundowns, avait-il pesé de tout son poids auprès du boss du football africain pour la nomination de Jacqueline Mariam Dao dans la Commission des Finances de la CAF ?
Les échanges houleux qui ont eu lieu entre les joueurs et Mme Gabala peu avant le premier match des éliminatoires du Mondial 2022 continuent de faire leurs effets. Il y a eu l’élimination des Éléphants, parce que les deux parties se parlent à peine. Avant et après le match du Cameroun, les deux groupes (joueurs et fédération) n’ont pas eu de contact. La volonté d’augmenter les primes dans le projet de budget, peut-elle suffire à amadouer les joueurs ? En tout cas, selon nos informations, les joueurs souhaitent une rencontre avec le président de la République, ou le Premier ministre avant le regroupement pour la CAN 2022 au Cameroun.
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La gestion solitaire des ressources financières, humaines et matérielles de Jacqueline Mariam Dao Gabala n’est pas appréciée par d’autres membres du Comité de Normalisation que sont le professeur Martin Bléou, Aka Bilé et Me Abé Adou Simon. On apprend que Aka Bilé s’apprête à arrêter sa collaboration.
”Mariam Dao Gabala gère la FIF sans nous consulter ”, a fait savoir le professeur émérite de Droit, Bleou Martin à un proche. L’éminent professionnel est l’ombre de lui-même, avec les railleries le présentant comme un homme soucieux de corriger les virgules, et les détails et de ce fait responsable du retard, dans l’adoption des textes.
À la FIF actuellement, les jours passent et les caisses s’assèchent, malgré la vuvuzela sur une gouvernance exemplaire d’une personne disant voulant mettre de l’ordre, mais empêtrée dans une gestion solitaire et wouya wouya sans associer les autres membres au processus e décision.
[Silence radio du côté de la normalisation]
En vue d’avoir la réaction du comité de normalisation, nous avons joint Monsieur Frédéric Konan, et lui avons transmis les questions ci-dessous.
” Quelles ont été les conclusions des audits des cabinets KPMG et Deloitte et pourquoi un troisième cabinet pour faire un audit ? On parle de surfacturations dans des achats, et des travaux d’entretien. Exemple, un climatiseur acheté à 150.000 F est installé à 75.000 F. Que répondez-vous aux tenants de ces déclarations ? D’aucuns soutiennent que les formations en management de dame Sahiri Prisca et du DEXA Zito ont coûté 25 millions de F dans un cabinet dont Mariam Dao Gabala est actionnaire, ou représentante de à Abidjan. Est-ce vrai ? Il est reproché à la présidente une sorte de chasse aux sorcières à travers des nominations de ses proches venues de l’extérieur. Que répondez-vous à ces propos ?“.
Comme réponse, notre interlocuteur a dit n’avoir aucune connaissance des faits évoqués. “Si vous avez des éléments factuels, merci de me les présenter “, a-t-il ajouté. D’autres responsables du comité, et des personnes citées dans notre article, n’ont pu être joints malgré nos tentatives.
Adou Mel