Le Bénin a éliminé le Maroc à la surprise générale et s’est qualifié pour les 1 /4 de finale de la CAN 2019 de football.
Afrikipresse.fr a
rencontré Michel Dussuyer, sélectionneur des Écureuils du Bénin.
Question : Vous attendiez-vous à cette qualification sur le Maroc ?
Michel Dussuyer : Avant un match on a toujours pour objectif de battre
l’adversaire quel qu’il soit, même si on est conscient de nos limites et de nos possibilités. Mais on est aussi conscient qu’avec un gros
mental et une bonne organisation on peut rivaliser avec les grands du continent. Dans ce match, on est parti dans l’esprit qu’on avait tout
à gagner, sans pression négative, juste l’envie de faire un grand match et essayer de voir jusqu’où on pouvait repousser nos limites.
À quel moment avez-vous cru en la victoire finale ?
Quand on a ouvert le score, ça nous a motivé davantage. Je pense que j’ai toujours cru. Même ce penalty à la dernière seconde de la fin du match qui aurait pu tout gâcher, a été positif. C’est comme si on a été tellement généreux, on a tellement lutté contre des événements contraires, que c’est une part du mérite qui nous est revenue.
Sur le penalty c’est votre défenseur qui commet la faute de débutant. N’étiez-vous pas moralement abattu ?
Cela fait mal sur le coup, mais on s’est vite relevé parce qu’on était encore en course, c’était une égalisation donc on avait encore des chances dans ce match et l’équipe s’est vite remise au travail, elle ne s’est pas dispersée, elle ne s’est pas laissé abattre, elle a continué à jouer même après l’expulsion d’un de nos joueur où on s’est retrouvé à 10 contre 11, il fallait continuer à tenir jusqu’à aller
aux tirs au but.
Parlant des tirs au but, quel discours avez-vous tenu à vous joueurs et que s’est-il passé dans votre tête ?
On était tout simplement à un moment où le destin allait basculer. Dans tous les cas, la pression était sur les joueurs marocains et non
pas sur nous. J’ai dit à mes joueurs d’être libres dans la tête, d’être libérés et d’aborder la séance dans l’optique de bien faire. Il fallait la concentration.
Après la qualification avez-vous eu un message de félicitation des
autorités béninoises ?
Le président de la République a appelé juste après la qualification pour féliciter tout le monde et dire qu’il est très heureux et qu’au
pays, il y a une liesse populaire. Tout le groupe est fier de tout ce qu’on a réalisé et de la joie qu’on a pu procurer à tout le pays.
Avez-vous eu le sentiment d’avoir été agressé par l’arbitrage ?
C’est le moindre qu’on puisse dire. Je pense que l’arbitre n’a pas été tendre envers nous, il a sifflé de nombreux coups-francs contre
nous; il nous a pénalisé avec ce carton jaune qui est immérité parce que le joueur ne l’a pas insulté, rien ne s’est passé et il n’y a rien
eu de particulier. Il y a eu tellement de décisions de sa part qu’on a trouvée injustes, mais on a su rester dans le match, et ne pas se laisser distraire par le match.
Pour le prochain match vous aurez pour adversaire le Sénégal…
C’est également un gros morceau. De toutes les façons il n’ y a que les grosses équipes qui sont là. On va avec le cœur léger, juste
essayer de prolonger cette aventure. On sait qu’on a un gros challenge devant nous mais on a une grande énergie dans ce groupe, une grosse force mentale et c’est cela qui nous fait avancer.
Vos joueurs doivent être physiquement épuisés n’est-ce pas ?
Oui, on a enchaîné les match assez rapidement, on est l’équipe qui a
eu le moins de temps de récupération entre le dernier match de groupe
et les 8èmes de finale. Maintenant, on a quatre jours de récupération plus le jour du match cela va nous permettre de souffler un peu et de régénérer nos organismes.
Un commentaire sur le parcours des Éléphants votre ancienne sélection ?
Bien sûr j’ai toujours suivi le parcours des équipes que j’ai entraînées. Aujourd’hui cette CAN est très ouverte et il y a de
nombreuses équipes qui peuvent postuler à la victoire finale, et la Côte d’Ivoire en fait partie.
Sûrement que vous auriez préféré faire l’aventure avec la Côte
d’Ivoire et être surtout à ce niveau. Eprouvez-vous des regrets après
votre départ de la tête de la s sélection ivoirienne ?
Non, je n’ai pas de regrets, j’ai pris cette décision en mon âme et conscience. J’ai assumé l’échec de la CAN 2017, je pense qu’il était temps pour moi de céder la place puisque malheureusement mon objectif ne s’est pas concrétisé et je regrette que l’équipe ne soit pas qualifiée pour le Mondial 2018 qui était un rêve pour moi comme pour tout sélectionneur d’ailleurs. Je le répète après cet échec au Gabon, j’ai estimé qu’il fallait partir.
Beaucoup d’Ivoiriens ont soutenu le Bénin Maroc. Avez-vous un mot à leur adresser ?
Je les remercie pour le soutien, je suis très heureux qu’ils aient été derrière nous, qu’ils pensent à nous. Il est vrai qu’il y a une grande
solidarité avec les pays de l’Afrique de l’Ouest. Je souhaite bon vent à l’équipe de Côte d’Ivoire et j’espère qu’elle ira loin dans cette
compétition.
Entretien réalisé au Caire par Adou Mel, envoyé spécial au Caire.