Le Sommet Africa Facts, organisé à l’île Maurice les 5 et 6 octobre derniers marque l’occasion de réunir la communauté des fact-checkers africains, en quête d’une information fiable, pour tous.
Au Sommet de l’Africa Facts, le fact-checking était sur toutes les lèvres. L’évènement est organisé par l’ONG Africa Check, dédiée à la vérification des informations diffusées en Afrique dans les débats publics et les médias. L’Africa Facts a renforcé une coalition de spécialistes.
A l’heure de l’expansion d’Internet et des réseaux sociaux, la transcription ultra connectée de la réalité a ses avantages et ses inconvénients : la diffusion d’informations est rapide, mais les contenus sont souvent erronés, voire incontrôlables. Le fact-checking, destiné à évaluer l’objectivité et la crédibilité d’une information, n’est désormais plus réservé qu’aux journalistes. De plus en plus de plateformes sociales et d’organismes s’en emparent pour rétablir la vérité auprès des auditoires.
Traquer l’infox, un vrai défi
Dans cet esprit, Port-Louis, la capitale mauricienne, a reçu plus de 200 organisations et experts africains du monde anglophone, arabophone et francophone. Les fact-checkeurs africains se sont rassemblés « pour discuter non seulement des défis, mais aussi des opportunités dans le cadre de l’effort plus large de lutte contre la désinformation sur le continent », a expliqué à l’ouverture Noko Magkoto, le directeur exécutif d’Africa Check.
Le continent est à l’image du reste du monde. L’opinion publique est très souvent victime de manipulation, particulièrement en période électorale. Les infox, servant des intérêts cachés, sont de réels facteurs d’instabilité et de désordre social. Un buzz (une rumeur propagée à une vitesse exponentielle sur les réseaux sociaux) est souvent perçu comme vrai ! Ce qui est rarement le cas…
Déconstruire en innovant
L’art devient un outil efficace de désinformation. Cette année, la démarche innovante s’est portée sur la déconstruction des fake-news par la réalisation de dessins satiriques de presse, comme ceux de l’Ivoirien Lassane Zohoré. Ces réalisations ont par ailleurs prouvé leur utilité, donnant lieu à de nouvelles collaborations avec des fact-checkers. D’autres pistes d’amélioration ont aussi été abordées, telles que les opportunités de l’intelligence artificielle pour débusquer les fausses informations, les initiatives d’éducation aux médias et à l’information, ou encore la fragile véracité des informations en période de crises et de conflits.
Le sommet Africa Facts « n’est pas seulement l’occasion d’apprendre, mais aussi de célébrer le travail remarquable accompli par les fact-checkers sur tout le continent », a insisté Dudu Mkhize, l’un des responsables d’Africa Check. Aussi, des lauréats ont été récompensés dans les catégories « Fact-check de l’année par un journaliste en activité », « Fact check de l’année par un spécialiste de la vérification des faits » et « Fact check par un étudiant en journalisme ».
Prochain challenge en novembre : le projet « Désinfox Jeunesse » conduit par CFI (une filiale du groupe France Médias Monde) en République Démocratique du Congo, en République Centrafricaine, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Objectif : former à l’éducation aux médias et à l’information 200 citoyens engagés, pour contribuer à la lutte contre la désinformation et les discours haineux sur les réseaux sociaux.
Constantine Ndoko