Un forum « genre et développement » s’est ouvert mardi 13 décembre 2016 au palais de la culture de Bamako. Une occasion pour les organisateurs, de faire un point sur les concertations faites dans les différentes régions.
Modibo Kéita, Premier ministre, représentant SEM Ibrahim Boubacar Kéita, Président de la république du Mali a dit sa joie de faire partir de cette initiative, en précisant : « La femme, est la clé du développement, elle est en amont et en aval de toute activité dans le monde ». Selon lui, la femme ne doit pas être réduite à la simple ménagère car c’est une véritable actrice de développement. « C’est vrai que pour le gouvernement malien, beaucoup reste à faire, mais il y a eu des avancée notables sur la promotion du genre », a-t-il noté.
Modibo Keïta a demandé aux institutions d’associer la femme, à toutes les intenses de décisions. À l’en croire, lorsque les décisions sont prises par les femmes, elles sont plus justes et il n’y a pas de discriminations. Il a demandé aux femmes de continuer à se battre car c’est à force de travail qu’on reconnaîtra leur vrai talent et leur compétence. « Les femmes ont été longtemps maintenues à la périphérie, alors que leur place est au centre des activités économiques de nos pays. Les femmes sont plus près de ceux qui souffrent, elles constituent un facteur essentiel de cohésion sociale », a conclu le Premier ministre du gouvernement malien.
Abdoulah Coulibaly, président du comité national d’organisation du sommet Afrique-France, adressant ses remerciements au comité d’organisation de ce forum pour les concertations organisées dans toutes les régions d’Afrique, a signifié qu’il vise à déceler les failles et les insuffisances à corriger dans le dispositif organisationnel et sécuritaire du sommet de janvier 2017.
Il a ajouté que les fora organisés à l’intention des jeunes, des femmes entrepreneurs et aux opérateurs économiques, constituent le levain intellectuel et scientifique des stratégies de mobilisation sociale pour le sommet : « Nous allons les écouter sur leurs préoccupations et leurs besoins et surtout pour recenser leur suggestions à soumettre aux chefs d’État et de Gouvernement ».
Les femmes opérateurs économiques, les femmes leaders du monde rural, les femmes de la société civile, femmes de la diaspora, chefs d’entreprise (secteur formel ou informel), les dirigeantes des coopératives, organisations, réseaux, et les femmes responsables de syndicats et chercheurs scientifiques sont les principales participantes du forum.
Ouattara Roxane, envoyée spéciale à Bamako
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Koné Yaya Touré , chargée de programme dans une Ong : « Les femmes africaines veulent du concret »
« Pour moi, c’est déjà une belle initiative que de prendre en considération le devenir de la femme africaine. La femme est le socle du développement d’un pays, c’est le maillon fort de la famille. Le thème sur l’agro-business vient à point nommé car elles sont de véritables entrepreneurs. Je souhaite qu’après le forum ou le sommet en 2017, les recommandations ne restent pas dans les tiroirs comme on en a vu pour les autres fora. Il faut qu’on aboutisse à des résultats concrets et réalisables sur le terrain, que nos femmes puissent bénéficier des retombées de ce forum. Il ne faut pas que ce soit un forum de trop. 51%, c’est-à-dire, plus de la moitié de la population mondiale, est féminine. Cela veut dire qu’on ne peut rien faire sans les femmes. Donc je souhaite qu’on arrive à des solutions plausibles capables de mettre en avant la femme dans son entièreté, c’est-à-dire comme moteur de développement ».
Kéita Marie Jeanne, présidente de la fédération genre et développement monde :« Une réelle autonomisation de la femme s’impose »
« Nous attendons de ce forum qu’il nous aide à faire de l’autonomisation de femme une réalité. Nous espérons que tout ce qui va se dire dans ces foras, trouvera accomplissement sur le terrain. Il ne faut pas faire des promesses pour juste le forum ; il faut que nos femmes- agriculteurs ou commerçantes, puissent trouver un cadre où elles vont pouvoir s’exprimer et exposer leurs problèmes en vue d’une éventuelle prise en compte. Même si un seul problème est résolu, cela pourra permettre aux femmes d’espérer en un lendemain meilleur. Nous sommes tout de mêmes optimistes parce que nous voyons de la volonté, celle de faire avec les femmes ; cependant nous voulons voir cette volonté dans des actes concrets ».
Fatoumata Diallo, vice-présidente de la fédération nationale des femmes rurales du Mali : « Nous avons besoins de moyens pour étendre nos activités »
« Nous avons de nombreux problèmes pour le développement de nos activités. Ce sont notamment les conditions d’accès à la terre, le manque d’infrastructures routières pour l’évacuation de nos produits. Quand il n’y a pas de routes, il n’y a pas de développement. Nos produits pourrissent parce que l’accès à nos lieux de travail est difficile. Il y a aussi le problème d’équipement : nous travaillons presque tout à la main, donc la production n’est pas conséquente et nous n’avons pas la possibilité d’employer d’autres personnes pour travailler pour nous, parce que nous avons un manque criard de moyens financiers. Nous voulons demander aux autorités de nous accompagner dans nos activités agricoles, car notre secteur si on le veut, pourra permettre de résorber le chômage dans les pays africain et au Mali en particulier. Nous pensons réellement que ce n’est qu’une question de volonté politique ».
L’ambassadeur Ibrahim Boubacar Bâ , consultant du forum : « Les concertations nous permettront de prendre de bonnes recommandations »
« Le comité d’organisation, a sillonné tout le territoire du Mali, en même temps que ses représentants des autres pays le faisaient dans d’autres pays, pour identifier les problèmes que les femmes ont dans l’exercice de leurs activités. Je pense que tous ces problèmes identifiés, nous permettrons d’orienter avec exactitudes les recommandations que nous allons prendre dans ce forum. Chaque pays a ses spécificités, c’est pourquoi le comité d’organisation a pris des mesures pour que chaque pays vienne expliquer ces réalités-là afin de trouver également des solutions adaptées ».
Propos recueillis par O.R à Bamako