La CEI n’est pas d’accord avec les inquiétudes faisant état de manque de formulaires et de racket au Plateau dans le cadre de l’opération en cours de révision de la liste électorale.
L’opération de révision de la liste électorale 2022 a démarré en Côte d’Ivoire le 19 novembre 2022 sur l’ensemble du territoire. À 13 jours du démarrage de l’opération, des informations font état au niveau la commune du Plateau à Abidjan, d’un manque de formulaires et de racket de la part des agents.
En effet, selon nos informations au Plateau, les formulaires servant à l’enrôlement arrivent au compte-goutte. Une telle situation inquiète des requérants, selon le témoignage ci-dessous recueilli par Afrikipresse.
«Dans la commune du Plateau, il ne suffit pas d’avoir la volonté de se faire enrôler sur la liste électorale. Il faut encore faire face à de nombreuses incertitudes comme le retard des agents morphos, la lenteur des machines, les petites combines d’agents “enrôleurs” qui se donnent le droit d’inscrire en priorité des requérants de la veille pour les récompenser de leur vaine attente du jour d’avant et, surtout, le manque de formulaires. Alors que la première semaine s’était plutôt bien passée et que les heures d’enrôlement étaient respectées, depuis le début de la deuxième semaine, s’enrôler au Plateau est devenu un véritable parcours du combattant. Les centres d’enrôlement qui devaient logiquement fermer à 17 heures 30, le font en effet à 15 heures, parfois à 11 heures… Bref, au gré de la rupture des formulaires. Pis, la CEI se montre impuissante face à cette situation puisqu’elle a fini, à l’en croire, par imposer, pour toute réponse, un quota de 50 formulaires par centre d’enrôlement. Pourquoi ? Difficile de trouver une logique à cette décision, vu que l’Etat espère officiellement inscrire sur ses listes 5 millions de nouveaux majeurs à travers cette opération. D’ailleurs, ce n’est pas la seule contradiction.
Des formulaires vendus
La CEI aurait livré plusieurs milliers de formulaires au Plateau pour les trois semaines d’enrôlement. Et qu’au vu de son pointage, très peu auraient été utilisés. Ce qui justifierait, de l’avis d’une source interne, la réticence de la CEI à attribuer de nouveaux lots à la commune du Plateau. Sauf que, nul ne sait où sont passés, pour l’heure, les milliers de formulaires qui manquent. Mieux, nul ne comprend pourquoi la CEI ne s’interroge pas sur le suivi des formulaires portés disparus et se contente, en revanche, de limiter la dotation de chaque centre d’enrôlement.
Une pénurie de formulaires ?
Or, à force d’alimenter la pénurie de formulaires à travers ce système des quotas, la commission électorale encourage le commerce de ceux-ci. Selon en effet des informations démenties par des responsables de centre d’enrôlement mais suffisamment graves pour faire l’objet d’une enquête sérieuse, lesdits formulaires viendraient à être vendus à 500F à chaque requérant. Le chef de centre les renseignerait alors en avance la veille avant d’enrôler celui qui l’a acheté le jour d’après. Les différentes parties intéressées par ce processus d’enrôlement au Plateau nous ont, à leur tour, poliment éconduits. Comme si tous les états-majors avaient peur de dénoncer ces nombreux dysfonctionnements à un an des élections municipales qui seront, comme aujourd’hui, arbitrées par la même Commission électorale indépendante. Bref, les années passent et la commune du Plateau ne cesse pas d’être l’un des principaux foyers de violences électorales dans notre pays», a témoigné notre source, un citoyen affirmant avoir été sur le terrain à plusieurs endroits.
Le démenti de la CEI centrale
Joint le samedi 3 décembre 2022 sur le manque de formulaires au Plateau et les rackets dont font l’objet des requérants de la part des agents, Sourou Koné, vice président de la Commission électorale indépendante et superviseur de la révision de la liste électorale au niveau du Plateau a dit : «Je ne sais pas qui vous a donné cette information relative au racket , mais elle n’est pas du tout juste. Je viens d’arriver du Plateau et j’étais d’ailleurs avec le président de la Commission Électorale Indépendante qui a tenu à visiter quelques centres d’enrôlement. Nous avions eu déjà l’information sur les lieux déjà par notre responsable de la communication. Et j’ai demandé au président de poser la question aux jeunes gens qui étaient dans les rangs et qui sont nombreux. Ils ont tous répondu, “on ne paie pas 5 francs” . Et c’est juste. Parce qu’au Plateau, nous avons, depuis le début de l’opération, envoyé 15 500 formulaires. Et à la date du 1er décembre 2022, le nombre d’inscrits au Plateau était 9 467. Vous voyez que l’écart est grand. Entre 15 000 et 9 000, l’écart est grand pour permettre de parler de rupture de formulaires. Et nous avons pris les dispositions pour que demain, il soit livré 6000 formulaires au Plateau. Donc cette information, n’est pas juste»
Un quota de 50 formulaires imposé dans les centres ?
Sur la question de 50 formulaires imposés dans les centres, Sourou Koné a fait cette précision : «Le quota des 50 formulaires imposé dans les centres est un nombre qu’on donne en fonction du nombre de personnes qu’ils enrôlent. Mais dès l’instant qu’ils disent que c’est fini, on leur en donne. Il y a des centres où nous donnons 70 ou 100. Cela dépend de l’affluence qu’il y a dans le centre. Mais on ne peut pas décider de livrer 50 dans tous les centres».
Plus d’affluence à Yopougon et au Plateau …
Sourou Koné a fait remarquer que Yopougon et Plateau sont des communes qui connaissent plus d’affluence et que c’est la raison pour laquelle ils ont décidé de les visiter ce samedi. «Des gens trouvent que c’est un peu lent. Ils demandent que les gens travaillent jusqu’à 22 h. On dit que ce n’est pas possible parce qu’il y a une question de sécurité», a-t-il révélé.