L’ex président ivoirien Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé ont vu leur acquittement du 15 janvier 2019 puis interjeté appel, confirmé ce mercredi 31 mars 2021 par la chambre d’appel de la cour pénale internationale à la Haye.
Les juges de chambre d’appel, en rejetant la quasi-totalité des arguments du bureau du procureur en appel, concernant les moyens d’acquittement avancés par la chambre de première instance, le 15 janvier 2019, blanchissent ainsi de tout soupçon Laurent Gbagbo et Blé Goudé Charles.
Les deux hommes étaient poursuivis par la cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité perpétrés dans la période de la crise postélectorale de 2010-2011 sur le territoire ivoirien.
Bye Bye CPI. Allô Abidjan ?
Ils sont effectivement libres de tous leurs mouvements. Mieux, il a été demandé au greffe de la CPI de leur faciliter tout déplacement où ils le souhaitent. Le hic, est que depuis la décision d’acquittement le 15 janvier 2019 et la modification des mesures de restriction de leur déplacement par la chambre d’Appel, Laurent Gbagbo et Blé Goudé Charles savent qu’ils pourraient aller dans tous les pays du monde sauf la Côte d’ivoire.
Lire aussi >> Retour de Gbagbo : la CPI dribble les GORS, les dernières nouvelles (Côte d’Ivoire)
Rien ne devrait changer cette posture. En Côte d’ivoire, les deux hommes sont toujours poursuivis par la justice pour « braquage de la BCEAO » au cours de la crise postélectorale en 2011.
Condamnés à 20 ans de prison ferme, Gbagbo et Blé Goudé doivent, après la CPI répondre de ces actes une fois à Abidjan.
L’opposition et le pouvoir dans un jeu d’échecs
Après avoir boycotté les élections présidentielles du 31 octobre 2020, l’opposition ivoirienne conduite par le duo, Pdci-RDA/FPI réunie au sein de la plateforme EDS-Pdci, a décidé dans un premier temps de reprendre le dialogue national avec le pouvoir d’Abidjan sous la primature de feu Hamed Bakayoko. Elle participe ensuite aux législatives du 6 mars 2021 et est même aujourd’hui représentée à l’assemblée nationale.
« Ils sont venus nous dire que Gbagbo serait libéré le 15 mars dernier. C’était leur fonds de commerce pour appâter les électeurs pendant les législatives. Nous avions espoir. Malheureusement nos héros n’ont pas été libérés à cette date. Cela a coïncidé avec l’annonce de leur procès en appel pour le 31 mars. Mais c’était déjà trop tard. Toutefois nous ne regrettons pas d’avoir voté massivement le FPI » nous confie, Bamba Senaho, militant du Fpi à Duekoue.
C’est le début d’un autre challenge. Désormais le sort de Gbagbo et Blé Goudé est entre les mains des autorités ivoiriennes. Le président Ouattara ira-t-il jusqu’au bout de sa magnanimité ? Lui qui a déjà accordé plusieurs grâces présidentielles aux détenus de droit commun.
L’opposition continuera-t-elle de jouer le jeu de la démocratie et du pouvoir d’Abidjan en acceptant la main tendue du président Alassane Ouattara ou adoubée de la totale libération de son chef de file elle se trouvera bien d’autres moyens de pression sur Abidjan ?
Philippe Kouhon