Retenu récemment à l’issue d’un appel d’offre international pour l’assistance à la mise en place de la Centrale d’Achats de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), le cabinet de droit ivoirien IvoirusBuyer Consulting, se positionne aujourd’hui comme le porte-flambeau de la professionnalisation Achats, logistique/Supply Chain, gestion de projets mais aussi de facility management sur le continent africain. Dans cet entretien, son directeur général, Ousmane Morély Touré-DERUOTH explique le contenu de cet appel d’offres et les perspectives envisagées.
Pouvez-vous nous présenter le cabinet Ivoirus Buyer ?
Ivoirus Buyer Consulting est un cabinet d’expertise, de conseil et de formation dans le domaine des achats et de la passation des marchés publics, dans le domaine de la logistique/ supplychain, dans le domaine du facility management et la gestion des projets.
Nous accompagnons les entreprises que ce soit en terme de conseils, que ce soit en terme de formation aussi en système d’information métier pour les aider à atteindre les objectifs de rentabilité mais aussi de profitabilité en optimisant les coups mais aussi en renforçant les capacités des acteurs du cycle de l’achat et de la logistique qui aujourd’hui sont des sujets qui lorsqu’ils sont assez maitrisés par les acteurs, permettent aux entreprises d’atteindre leurs objectifs.
Toute entreprise est crée pour faire du profit et dans tout profit qui se créé, on a un chiffre d’affaires duquel il faut défalquer les charges, et quand ces charges sont maîtrisées , l’entreprise arrive à faire du profit. Ce profit peut-être investi d’une manière ou d’une autre. Et c’est tout ça aussi qui pourrait créer de l’emploi pour les jeunes ivoiriens.
Votre actualité , c’est aussi l’appel d’offre international auquel vous avez été retenu récemment pour l’assistance à la mise en œuvre de la Centrale d’Achats de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale(BEAC). Votre mot là-dessus.
Effectivement, c’est une actualité relative aussi bien au cabinet mais à la Côte d’Ivoire. La banque des États de l’Afrique Centrale, est l’institution d’émission et de contrôle de la politique monétaire de la zone CEMAC (Communauté des États de l’Afrique Centrale). Et donc, à l’issue de la mise en œuvre de leurs différentes politiques, les chefs d’États ont décidé de mettre en place une centrale d’achats pour mieux gérer les achats de la banque centrale qui a des représentations aussi bien dans les cinq pays de la zone CEMAC et qu’au Cameroun où on a le siège.
Nous avons soumissionné, il y a de cela deux ans en appel d’offres , un appel d’offre international où il y a eu de gros bonnets entre autres de grands cabinets français, marocains, béninois. Et à l’issue de trois phases c’est-à-dire une phase administrative, une phase technique et une phase financière , le cabinet de droit ivoirien a été retenu. C’est une fierté pour bien évidemment nous même qui dirigeons ce cabinet mais aussi pour la Côte d’Ivoire. C’est un plaisir de voir un cabinet ivoirien apporter son expertise à tous les pays de la CEMAC, le Cameroun, le Gabon, la Centrafrique, la Guinée Équatoriale , le Congo, le Tchad. C’est aussi le fruit de beaucoup d’année d’acharnement au travail.
Qu’est ce qui a joué en votre faveur selon vous ?
On est un cabinet qui est assez jeune. Mais, nous nous sommes spécialisés dans un domaine précis d’activités. À savoir le pilotage et la fonction achats qui est une problématique contemporaine des entreprises et des organisations, la logistique/ supply chain et la passation des marchés. C’est des sujets contemporains qui ne sont pas assez maitrisés par les acteurs même du métier. Nous avons eu la chance de faire des études supérieures, d’avoir aussi des expériences un peu à l’international, et après on a décidé de se mettre en cabinet pour apporter l’expertise aux différentes entreprises mais aussi aux institutions.
Il y a eu beaucoup de travail et nous continuons de travailler. Nous avons IvoirusBuyer consulting en Côte d’Ivoire, Faso Buyer consulting au Burkina, bientôt Sen Buyer consulting au Sénégal et les autres pays où nous intervenons, dans le cadre aussi de partenariat que ce soit au Benin, au Togo, au Niger et autres. C’est une fierté pour nous. Nous sommes convaincus que nous allons réaliser le travail, l’appel d’offres auquel nous avons été retenus. Et nous allons le réaliser avec professionnalisme.
Dites-nous en quoi consistera très précisément le travail pour lequel vous avez été sollicité ?
Je voudrais d’abord définir la fonction achats. Toute entreprise qui fonctionne, achète des biens et des services pour son fonctionnement. Et dans le cadre des achats de ces biens et de ces services, elle est appelée à avoir des hommes ou des femmes qui vont piloter ce métier. C’est cette fonction qui est au cœur de l’achat des biens et des services qui rentre dans le fonctionnement de l’entreprise. Dans le cadre de la BEAC, que ce soit le siège, les représentations ou les directions nationales, de gros achats de biens et de services se font.
Et l’objectif de cet appel d’offre, c’est de les assister à pouvoir globaliser certains achats. Tous les achats ne seront pas globalisés. Il y a des achats qui vont rester en local. La valeur ajoutée d’un tel projet, c’est de pouvoir faire des économies d’échelle. Vous comprenez qu’aujourd’hui, les institutions même qui émettent la monnaie cherchent à optimiser les coups. Donc imaginez-vous déjà pour des entreprises commerciales ou industrielles qui elles sont plutôt appelées à la rentabilité et à la profitabilité. Donc cette mission va consister dans un premier temps à faire un diagnostic complet du système des achats et des approvisionnements. Il y aura un contrôle interne de la façon dont les achats et les marchés sont gérés.
En second temps, nous allons analyser la maturité achat actuel même de la banque centrale, pour aboutir dans un troisième temps à une analyse des dépenses d’immobilisation et de fonctionnement. Donc il y aura un rapport de diagnostic qui sera assorti à l’issue de cette première phase et la seconde phase va consister à une revue des différentes procédures actuelles sur la base de la première phase qui va nous faire ressortir les différents problèmes, quelles sont les causes et qu’est ce qu’on peut mettre en œuvre pour améliorer la gestion des achats et des marchés de la BEAC. Nous allons mettre en place les modes opératoires qui vont décrire de façon pratique comment ces procédures doivent se faire. Notre rôle c’est de mettre en place les modes opératoires et après les modes opératoires nous allons former les acteurs sur le fonctionnement de la centrale, un plan d’action et un plan de formation triennale pour les accompagner dans le déploiement opérationnel de la centrale d’achats.
Combien de temps avez-vous pour faire tout ça ?
Cette phase, c’est soixante jours. Donc trois mois. Nous avons l’expertise sur ce genre de mission. Nous savons déjà par quoi démarrer, où nous allons. Nous savons les données que nous devons analyser donc nous allons collecter les données. Le reste, ça sera la mise en application de l’expertise de plusieurs missions que nous avons réalisées aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au plan international. Peut-être même qu’on va finir un peu plutôt.
Vous parlez d’expertise, quel projet important avez-vous réalisé jusque là ?
Nous sommes une entreprise jeune. Mais on va un peu plus vite que notre âge. Nous avons réalisé par exemple une étude de cadrage pour la mise en place de GMAO (Logiciel de Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur) qui est un logiciel de gestion assistée pour les ordinateurs au port autonome d’Abidjan qui est le premier port dans la sous-région. Le port d’Abidjan a toujours voulu une GMAO, ça n’a pas été facile. Nous sommes le cabinet qui aura eu la chance d’avoir déployé la GMAO après plusieurs tentatives. C’est un de nos projets majeurs. Nous avons plusieurs autres projets. Mais pour l’heure, nous mettons l’accent sur la centrale d’achats de la BEAC. Notre objectif après, c’est d’attaquer des institutions telles que la BAD, la BECEAO pour les aider à mieux organiser leurs achats et leurs marchés et les entreprises qui désireront solliciter notre expertise.
Est-ce que vous êtes déjà intervenu dans la zone UEMOA ?
Nous intervenons tout le temps dans la zone UEMOA. Au Burkina, au Mali etc. Nous avons même dispensé l’année dernière une formation interbancaire à Lomé qui a réuni les banques du Sénégal, du Gabon, du Bénin, du Mali. Nous connaissons le milieu. Au delà des projets, nous dispensons beaucoup de formations que ce soit aux entreprises, au monde bancaire, aux ONG, aux institutions. Nous serons disposés à accompagner la direction des marchés publics en Côte d’Ivoire à pouvoir améliorer plusieurs choses après notre mission en Afrique centrale. La formation achats ou moyens généraux, n’est pas une formation qui court la rue. Au delà de l’expertise que nous apportons aux entreprises, nous allons bientôt lancer trois cycles certifiant. Un certificat achats en ligne, un certificat en gestion des moyens généraux, et un autre en logistique appliquée. C’est une première sur le continent. Les gens pourront rester partout en Afrique pour se former.
Y a t-il des zones particulières que vous visez ?
Nous visons maintenant les pays de l’Afrique australe. Le Rwanda qui est un pays remarquable, le Kenya, le Botswana etc. Ce sont des pays qui démontrent une réelle performance. Les entreprises dans ces pays ont besoin de notre expertise.
Vous qui travaillez avec les organisations monétaires comme la CEMAC, l’UEMOA, dites-nous est-il bénéfique d’être en communauté avec la même monnaie ou bien privilégiez- vous le repli national, une sortie du FCFA ?
C’est une question qui est d’actualité. Donc elle m’intéresse aussi. Nous sommes dans deux zones. Nous sommes dans l’UEMOA et nous avons la zone CEMAC. Nous avons le FCFA que nous partageons. Mais quand tu quittes la Côte d’Ivoire avec des CFA, que tu arrives à Yaoundé, le taux de convertibilité est le même. Je dois juste changer le billet. Je ne trouve pas cela intéressant. Et je ne trouve pas intéressant que chaque pays se replie . Au contraire, nous avons déjà constitué des blocs. C’est de pouvoir consolider ces deux blocs, c’est ma vision. L’UEMOA et la CEMAC peuvent constituer un seul bloc monétaire. Je ne veux pas attiser certains débats politiques. Aujourd’hui, on parle de se détacher du FCFA. Mais avant, il serait souhaitable pour ces deux blocs d’essayer de créer un bloc unique. Parce que nous avons la même monnaie. C’est le billet qui change. Si nous le sommes, nous serons plus forts pour affronter les objectifs pour le développement. Alors que seul, on ne sera pas en mesure d’aborder certains sujets. La preuve, nous avons des pays en exemple qui sont restés seuls. Aujourd’hui quand tu visites ces pays là, c’est pénible. Pourtant ils ont des ressources mais ils trainent dans la pauvreté. Cela est dû à l’Isolement. Avant de penser à sortir du FCFA, il faut déjà que nous soyons structurés ; il faut que nous consolidions nos acquis avant peut-être d’envisager une telle initiative qui reviendra aux politiques. Seul, ça sera difficile.
Des perspectives à venir ?
Au-delà des missions d’accompagnement que nous réalisons pour les entreprises, l’un des projets majeurs, c’est la formation en ligne dont j’ai parlé tout à l’heure. Le certificat achats en ligne, le certificat en gestion de moyens généraux , facility management en ligne, une certification sur la logistique appliquée, ça donne la possibilité que ce soit aux travailleurs, ou aux personnes qui veulent changer de métiers de se former à partir du monde entier. Nous allons aussi organiser un certificat en gestion des marchés publics. Les profils sont souvent disparates dans ce secteur. La passation des marchés publics nécessite une certaine connaissance de la technicité même du lancement d’un appel d’offres pour arriver à la contractualisation. Et les acteurs ne sont pas assez formés.
Korona Sékongo