Théodore Gnagna Zadi, président de la Plate-forme des organisations professionnelles du secteur public avait annoncé une grève des fonctionnaires ivoiriens de trois jours à compter du mardi 8 novembre 2016. Il a exigé le retrait des dispositions « antisociales » de l’ordonnance 2012-2013 du 4 avril 2012 portant organisation des régimes des pensions par la Caisse générale de retraite des agents de l’Etat (Cgrae), le paiement effectif et intégral du stock des aérés dus aux effets financiers des mesures de revalorisations depuis 2009, l’intégration des agents journaliers du secteur public à la Fonction publique, l’arrêt des violations des libertés syndicales en Côte d’Ivoire. Le premier jour de cette grève, l’IA a visité plusieurs services publics pour faire l’état des lieux.
CHU de Cocody : le minimum des soins offert aux patients
Le secteur de la santé n’est pas resté en marge de la grève de trois jours annoncée par la Plate-forme des organisations professionnelles du secteur public. Les départements de la maternité, de la pharmacie, de la radiologie etc… du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody ont connu , le mardi 8 novembre 2016, moins d’affluence que d’habitude . Selon une source au sein du centre, la plupart des médecins n’étaient pas à leur poste. Néanmoins , un minimum de soins était donné aux différents patients déjà au sein de l’hôpital. En ce qui concerne la prise en compte des nouveaux malades, notre source n’a pas voulu se prononcer : « Tous les services qui sont présents donnent le minimum de soin. Cela veut dire que les médecins de garde sont présents mais ceux de service ne sont pas venus au travail. Ils ont suivi le mot d’ordre de grève. À part cela je ne peux vous donner d’autres informations. Je vous prie de vous référer au service communication de la boite. Nous sommes interdits de converser avec les journalistes ». Si le Bâtiment A du CHU de Cocody donnait un minimum de soin aux patients c’est pas le cas de celui de consultations Externes. Aux environs de 13 heures, il n’y avait ni médecins ni agents de santé. Des patients assis dans le hall, sortaient au fur et à mesure en affirmant : « depuis ce matin, nous n’avons pas eu gain de cause. Nous sommes obligés de partir ». Là aussi, notre tentative de rentrer en contact avec les responsables est restée vaine. Les deux demoiselles vigiles ont interdit l’accès sous prétexte qu’elles également n’avaient pas le droit d’échanger avec les journalistes sur un quelconque sujet. Nous nous sommes rendus au service de communication du CHU de Cocody pour entendre ceci : « Le responsable du service communication n’est pas présent. Il n’y a que lui seul qui est habilité à vous donner des informations (…) Nous ne pouvons pas vous remettre son contact parce que le téléphone portable est personnel, donc, nous ne pouvons pas vous le remettre ».
Enseignement technique : les professeurs boycottent les cours
Avant le CHU de Cocody, nous nous sommes rendus au Lycée technique de Cocody et au Centre bureautique de communication et de gestion (Cbcg). Dans ces deux établissements professionnels, la direction et les services décentralisés étaient à leurs postes de travail . En revanche, des encadreurs ont respecté le mot d’ordre de leur syndicat. « Depuis 8 heures du matin, tous le personnel des services de la direction est à son poste. Vous pouvez le constater, les éducateurs de tous les niveaux sont présents(…) Au niveau des enseignants nous remarquons des perturbations. Ce matin, ils étaient présents mais n’ont pas fait cour. Actuellement, la plupart d’entre eux sont en salle de professeurs. Aucun heurt, ni animosité n’a été observé», a affirmé Tia Diomandé, proviseur du Lycée technique de Cocody, soulignant n’avoir reçu aucun préavis de grève d’un syndicat. Constat identique, au Cbcg. L’administration était à son poste mais les professeurs ont accordé leur soutien au syndicat. M Koné Abdoulaye, de la direction du centre, a indiqué, à la mi-journée, que 8 sur une vingtaine de professeurs attendus ont donné cours. Il a affirmé avoir eu un préavis de grève de la Coordination nationale des enseignants de la formation de l’enseignement technique et de la formation professionnelle de Côte d’Ivoire.
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Le mot d’ordre de grève suivi mais indifférence dans les régies financières à Daloa
À Daloa , le mot d’ordre de grève de la plate-forme nationale des organisations professionnelles du secteur public de Côte d’Ivoire a été suivi dans une dizaine de directions régionales visitées.
À la direction régionale du Budget comme à la direction régionale de la solde, seuls les Directeurs régionaux étaient présents à leur poste. Ce qui n’était pas le cas à la direction régionale du Trésor et des Impôts. Les agents de ces régies ont déclaré ne pas être informés de ce mot d’ordre de grève. D’où la justification de leur présence à leur poste de travail. C’est le cas de Madame Agni, secrétaire de direction dans une administration financière. Dans les établissements de la santé, le mot d’ordre de grève a été partiellement suivi. Un service minimum était assuré. Les lycées et collèges de la ville de Daloa sont restés fermés. Au lycée Antoine Gauze, comme au lycée moderne Khalil de Daloa, les enseignants ne sont pas venus selon des élèves rencontrés dans la matinée. Au niveau de l’administration générale, le préfet de Région Brou Kouamé a présidé la conférence des Chefs de service et de directeurs. Si à la préfecture de région, les agents étaient à leurs postes, par la sous-préfecture est restée fermée.
Le point de la grève à Yopougon, Adjamé , Abengourou
À Yopougon , les écoles publiques de l’enseignement secondaire et technique ont fermé leurs portes . Les établissements secondaires privés également. Au collège Saint-Sinvère situé au quartier toits rouges, des blessés ont été enregistrés au niveau des élèves suite à un affrontement. Selon des témoignages, la bagarre est intervenue suite à un refus des élèves de se plier à la volonté de leurs camarades venus les déloger. Au niveau du collège Offoumou Yapo, il y a eu également des rixes entre élèves. Selon certains d’entre eux interrogés, c’est un « règlement de compte entre les éléments de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) ».
À Adjamé , les élèves du collège Djedjé Amondji Pierre ont été enjoints par les enseignants de rentrer à la maison pour trois jours, ont confié certains d’entre eux élèves approchés.
À Abengourou, l’ensemble des parties prenantes au mouvement de grève a suivi le mot d’ordre. Les établissements secondaires aussi bien du public que du privé sont restés fermés. Selon un enseignant joint au téléphone, l’école a été paralysée, à l’exception du Cafop. Les pensionnaires de cet établissement public ont répondu présent à leur poste de travail. Ils ne sont pas signataires, selon notre interlocuteur, du mot d’ordre de grève. Les établissements privés ont été fermés par les élèves des établissements publics. Au niveau des structures de santé (CHR, PMI), le mot d’ordre n’a pas été boycotté, sauf que le service minimum a été assuré, selon une source médicale. À l’instar des établissements d’enseignement publics, les administrations publiques sont restées aussi fermées.
MB , BP , EF