Les acteurs politiques guinéens se sont retrouvés jeudi 18 juin à Conakry , sur le chronogramme controversé des élections. Après quatre heures de tractations , le président du cadre du dialogue politique, Me Cheik Sako et les participants issus des différentes sensibilités politiques sont sortis de la salle des Actes du palais du peuple.
Le représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, modérateur du dialogue, se dit encouragé par le début des discussions de la première journée.
Nations unies encouragées !
« Le dialogue a bien démarré, et nous avons eu une séance encourageante. Tout d’abord, j’aimerais féliciter le gouvernement et l’opposition d’être venus pour s’asseoir, discuter et trouver un moyen d’arriver à un consensus qui peut nous permettre d’aller à des élections inclusives et apaisées en Guinée. Nous sommes vraiment encouragés de ce que nous avons vu. Nous Nations-unies et communauté internationale, nous sommes des observateurs mais nous sentons qu’un bon esprit peut-être animé par l’esprit de Ramadan. Ce mois de pardon, de consensus, de compréhension. Donc, nous sommes vraiment encouragés. Ce que nous avons vu aujourd’hui nous encourage. On veut avoir des résultats vraiment bien pour pousser les choses vers des élections apaisées et inclusives ici en Guinée. Le dialogue reprendre demain à 10 heures, tout le monde est animé par un bon esprit de compréhension et d’entente », a fait observer le Ghanéen Ibn Chambas.
Côté opposition guinéenne, le statu quo reste de mise. Aboubacar Sylla, porte-parole a déclaré que les débats ont porté sur l’annulation du chronogramme électoral.
« Débats houleux, pas de consensus »
« Pour cette première journée, les discussions ont porté sur la levée de notre préalable, qui est en effet devenu une question préjudicielle liée à l’annulation du chronogramme électoral concernant les communales. Nous avons dit qu’il faut que cette question soit résolue avant qu’on ne passe à l’examen des questions de fond. Donc, nous avons eu de longs débats houleux mais aucun consensus ne s’est dégagé au terme de quatre heures de discussions. Nous avons préféré lever la séance aujourd’hui pour reprendre demain à 10 heures. Il faut dire qu’il y avait beaucoup de passion et de rigidité. Nous espérons que les choses vont évoluer avec la communauté internationale et la société civile. J’espère que les uns et les autres vont comprendre. Il faut mettre en avant l’intérêt national et savoir que l’arrogance ne sert à rien. Toutes nos revendications sont adossées à la loi et la constitution. Nous n’avons jamais appelé à la violation de la loi. Ce sont plutôt le gouvernement et la CENI qui violent la loi. C’est pour cette raison que ce dialogue est rendu nécessaire », a expliqué l’opposant Sylla.
Mouvance présidentielle : points d’achoppements
« Aujourd’hui, c’était l’ouverture. Comme il fallait s’y attendre, il y a des points d’achoppement. On a planché sur l’établissement d’un ordre du jour pour les jours à venir. Malheureusement, il y a un point qui est parti de préalable pour participer au dialogue, pour devenir le point préjudiciel pour rester au dialogue, qui est l’annulation du chronogramme en sa partie élections communales et communautaires. Nous avons tout simplement dit qu’il est impossible de demander à une institution républicaine d’annuler dans la salle un chronogramme qu’elle a déjà établi. Donc, il ne revient pas à nous de l’annuler. Il ne revient même pas à nous de demander à la CENI de l’annuler. Alors, on sait aujourd’hui que ce n’est pas possible. Et nous avons recommandé que dans ce pays, il faut que l’on apprenne à respecter la loi. On ne peut pas avoir une Assemblée nationale qu’on quitte délibérément et chaque fois, on veut modifier, amender, créer des lois par des hommes politiques autour d’une table, alors qu’il y a des élus de la nation. Ce qui était possible pendant la transition ne l’est plus et ne devrait plus l’être. J’espère qu’à partir de demain, la nuit portant conseil, que les positions vont mieux se renseigner », réagit Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle.
Mercredi, le président du cadre de dialogue politique avait décliné la composition des délégations officielles, dont sept membres de la mouvance présidentielle et sept membres de l’opposition républicaine.
Malgré cette invitation, l’opposition a envoyé une délégation restreinte de quatre personnes. Les émissaires de l’aile dure de l’opposition sont Aboubacar Sylla, porte-parole, Ghandi Faraguet Tounkara de l’UGDD, Mohamed Tall de l’UFR et Mamadou Bah Badiko de l’UFD.
Les autres délégations sont plus ou moins complètes. La CENI est représentée par son Président Bakary Fofana, Ethienne Soropogui et Ansoumane Condé.
Du côté du gouvernement, il y’a le ministre de la Justice, Cheik Sako, le ministre délégué à la défense, Me Abdoul Kabelé Camara, le ministre de l’élevage, Thierno Ousmane Diallo et le ministre secrétaire général à la Présidence, Naby Youssouf Kiridi Bangoura. La société civile était représentée à cette première journée.
Aliou BM Diallo, à Conakry