Le procès des militaires accusés de « désertion et non respect de consignes », arrêtés depuis 2011, s’est poursuivi jeudi 24 décembre à la cour d’Appel de Conakry. Adjudant Mohamed Kaba, chauffeur d’un commandant (Alias De Gaulle), et Lieutnant Kémo Condé, officier du bataillon autonome des troupes aéroportés (BATA), se sont succédé à la barre.
Il leur est reproché le non respect de consignes, mais ils nient les accusations portées contre eux. Ils se demandent même jusqu’à présent, les raisons de leur arrestation. À la question du président du tribunal, monsieur Sékou Kéita : « Adjudant Mohamed Kaba, reconnaissez-vous avoir enfreint aux consignes données par votre hiérarchie ? » ”Non”, a -t-il répliqué affirmant : « Moi adjudant Kaba, je n’ai pas reçu de consignes particulières par conséquent, je ne reconnais pas les faits.» La même chose pour le Lt Kémo Condé, qui récuse les accusations. Il pense qu’il a été arrêté pour problèmes d’argent. « Quand on m’a arrêté le 12 juillet 2011 vers 13h, ils m’ont attaché et conduit au domicile du Président de la République à Kipé. Ils m’ont dit ”vous pensez que vous allez manger l’argent de la transition et l’argent de maintenant encore” », a dit à la barre, le prévenu, qui relate les circonstances de son arrestation. Après une série de questions venant de toutes les parties (parquet, civil et défense), le Président du tribunal a renvoyé l’audience au jeudi 31 décembre 2015. L’un des avocats de la défense, à l’occurrence Me Mory Doumboya, a souhaité que force reste à la loi et que les débats se poursuivent dans les règles de l’art : « Nous souhaitons que les débats se fassent de la sorte. Que tout le monde s’exprime librement. Que les droits de la défense soient respectés et que les principes régissant le fonctionnement du tribunal soient respectés. En ce qui concernera la décision à prendre, puisqu’à la fin des débats, le procureur du tribunal prendre des réquisitions, les avocats de la partie présenteront leur plaidoiries tout comme nos confrères de la défense. Ce qui est important, c’est de faire en sorte que force reste à la loi ». Me Salifou Béavogui, un autre avocat du collectif qui défend les prévenus, s’est réjoui du démarrage du procès au fond : « Nous deux clients qui ont été entendus devant la barre, sont accusés de violation de consignes militaires au motif qu’ils auraient quitté le camp le 19 juillet sans aucune permission. La défense a démontré tout à fait le contraire. Ils étaient au camp, dans leur rang et ils sont restés dans les dispositions de l’armée guinéenne et de la hiérarchie militaire. Il a fallu aux environs de 12 heures que les deux reçoivent une mission spéciale de leur hiérarchie (le Commandant Sidiki Camara, ex-aide de camp du président de la transition) pour aller déposer son véhicule à Kipé. En termes d’infraction, il n’y en a aucune ». Les quatre autres prévenus seront entendus lors des prochaines audiences.
Aliou BM Diallo