Au bercail depuis quelques jours , Assamoi Rose Lièvre , député de la Chaux-de-Fonds , en Suisse a traduit sa gratitude vis-à-vis des Ivoiriens. Par ailleurs , elle a fait un bref commentaire sur le sujet brûlant relatif au référendum en Côte d’Ivoire annoncé pour le dimanche 30 octobre 2016
Ivoirienne d’origine, vous avez été élue, depuis le 5 juin 2016, député dans la Chaux-de-Fonds, en Suisse. Cette information relayée par nos soins avait fait la Une des médias. Aujourd’hui à Abidjan, quel sentiment avez-vous ?
Vous me donnez là, l’occasion de saluer les uns et les autres. Tous ces Ivoiriens qui ont été formidables et qui, dans leur majorité ont exprimé un élan de sympathie et de solidarité à mon égard. Je leur suis infiniment reconnaissante. Et je leur traduis ici, ma profonde gratitude. Car, Dieu sait, combien elles sont nombreuses, ces personnes qui m’ont exprimé leur sympathie. En tout cas, ils ont été heureux, ces Ivoiriens de savoir que l’un des leurs occupe un poste électif en Suisse. Vraiment un grand merci aux auteurs de tous ces messages de félicitations. Et avec leurs prières, j’espère que cette législature se passera bien dans la ville de Chaux-De-fond où j’ai été élue. Je voudrais par ailleurs vous informer que je suis à Abidjan pour prendre part à la cérémonie de levée de deuil de ma défunte mère. Je suis donc en Côte d’Ivoire pour des raisons purement familiales.
Une femme qui quitte la Côte d’Ivoire et qui se retrouve en Europe, notamment en Suisse où elle est, quelques années après élue député, c’est tout de même un parcours atypique. Pouvez-vous nous l’expliquer?
Concernant mon parcours, lorsque j’ai quitté Abidjan, je suis arrivée dans le canton Neuchâtel, et précisément, dans la ville de Chaux-De-Fonds. Dans cette localité, j’ai fait de nombreuses formations au niveau du social et je me suis rapidement intéressée au milieu associatif. Surtout en ce qui concerne l’intégration des étrangers et leur adaptation. En fait, je pense que c’est ce qui a fait que les projecteurs étaient braqués sur moi. C’est également cela qui a permis aux nombreux habitants de la ville de savoir ce que je faisais et cela a crée une vague de sympathie vis-à-vis de ma modeste personne. Ce d’autant plus que mon objectif à moi était de créer des projets d’intégration car, lorsque je parle d’intégration, ce n’est pas à sens unique mais une intégration bilatérale. Puisque je ne me dis pas que comme je suis Ivoirienne, voire africaine, je ne vais présenter que la culture de mon pays ou de mon continent, aux Suisses, non ! Je ne faisais pas que cela parce que je présentais également la diversité culturelle suisse aux Ivoiriens et aux Africains. Cette diversité culturelle, je la présentais dans les deux sens. Je m’évertuais à présenter la diversité culturelle suisse aux immigrés qui habitent la ville. Je crois, comme je l’ai dit, que c’est ce qui provoqué le déclic et j’ai été élue. Je voudrais aussi clarifier les termes d’appellation. Parce qu’au niveau du canton Neuchâtel, et même fédéral,-ou national, comme vous voulez-, le député s’appelle le Conseiller général. Donc là-bas, on m’appelle la conseillère générale. Ce qui est l’équivalent de député en Côte d’Ivoire, mais au plan local. Les dispositions politiques en Suisses diffèrent des autres pays. En Suisse, comme je l’ai dit plus haut, on retrouve des députés au niveau des communes, des cantons et au niveau fédéral. Moi, je suis une élue au niveau communal. En clair, je suis élue pour légiférer sur la législature de la ville de Chaux-De-Fonds.
Vous avez, semble-t-il, été coptée par le parti socialiste locale alors qu’à l’origine, vous n’étiez pas prédestinée à faire de la politique. Comment cela s’est donc-t-il passé ?
Vous avez raison. Je me suis toujours intéressée aux actions associatives et justement, c’est ce qui a fait que j’avais des amis dans pratiquement au sein de tous les partis politiques. Toutefois, dans le cadre de mes différentes activités associatives, j’avais une petite idée du fonctionnement des appareils politiques dans la ville, même si je ne m’y intéressais pas réellement. Et un jour, des membres du parti socialistes m’ont approchée pour me demander si je ne serais pas intéressée à être sur leur liste lors des élections locales. Je leur ai demandé un temps de réflexion et après, j’ai donné mon accord.
Parlez-nous de ces élections en tant que telles. Comment se sont-elles déroulées ?
Au niveau de mon parti, nous étions 28 candidats dont quatre africains : un congolais, un Bissau-guinéen et deux Ivoiriens dont moi. On aurait souhaité que tous les Africains soient élus parce que nous représentons une forte communauté là-bas mais j’ai été la seule à être élue parmi les quatre.
Décrivez-nous un peu l’ambiance lorsque vous avez siégé pour la première fois à l’hémicycle ?
C’était formidable ! Nous avons été convoqués pour nous imprégner de la composition de la structure et pour savoir qui sera le président du parlement et ses proches collaborateurs. J’ai aussi constaté que dans l’hémicycle, l’on est assis par rangée, selon les colorations politiques. C’est vraiment impressionnant, le travail. Je suis d’ailleurs la seule Noire à cette assemblée.
Avez-vous une fois été confrontée à un problème de racisme au sein de cette Assemblée?
Non, jamais ! Parce qu’ils savent que tout comme eux, j’ai été élue par le peuple, donc j’ai ma place là.
Vous arrivez à Abidjan au moment où la classe politique ivoirienne est en en plein débat sur le projet de constitution qui va être soumis, selon les désires de la majorité présidentielle, par voie référendaire. Ce que rejette l’opposition qui parle de vice de procédure. Qu’en pensez-vous ?
Le référendum, en tant que tel, n’est pas une mauvaise chose mais comme je ne sais pas les tenants et les aboutissants de ce débat, je ne saurais quoi vous répondre. Je ne peux donc pas me prononcer.
Claude Dassé